Plutôt que d’une trilogie, on pourrait parler de triptyque Vietnam de la part d’Oliver Stone : Platoon prenait corps dans la guerre, vécue à travers les yeux d’une jeune recrue (Charlie Sheen), expérience largement inspirée par le propre vécu du réalisateur ; Né un 4 juillet, narrant la vie de Ron Kovic, racontait les difficultés d’un vétéran meurtri de remords et paraplégique ; Entre ciel et terre, enfin, nous décrit la guerre du Vietnam vue par les principales victimes et, chose nouvelle, par une femme.
Las. La réalisation ultra-classique, les scènes bucoliques du début, genre « la petite maison dans la rizière », donnent le ton : on va se manger des clichés durant plus de deux heures, scénaristiquement, dans les dialogues et dans la réalisation.
Plus stupide encore, faire parler anglais à des acteurs et actrices qui ne sont pas anglophones et sont censé·es être vietnamien·nes alors que d’autres s’expriment dans leur langue ! On a beau savoir que le public des Etats-Unis est trop intellectuellement fade (ou limité) pour suivre une production en VO, le résultat est d’un ridicule consommé doublé d’une interprétation catastrophique que ne sauve pas le jeu pitoyable de Tommy Lee Jones.
Tout comme dans Platoon et Né un 4 juillet, les scènes se suivent sans transition. Ce qui créait un climat de type documentaire parfait dans le premier, et ralentissait le second jusqu’à l’ennui, retire à ce troisième film tout sens dramatique. Les situations s’enchaînent, narrées par le personnage principal comme on écoute un audiobook : le truc à ne pas faire. Dans les scènes plus trash, on pourrait presque suspecter Oliver Stone d’avoir pris plaisir à exposer un sadisme pervers. Même si son cinéma se veut sans concession, ça n’interdit pas un minimum de finesse.
Ça, c’est le résumé de la première heure. La seconde raconte une autre histoire, comme si on sortait d’un trop long et larmoyant flash-back pour se retrouver au présent. Encore une fois, la transition est absente et le passage de la première à la seconde partie raté. On reste par ailleurs dans une espèce de pathos insensible, ce qui est sans doute la seule prouesse (involontaire du film) auquel s’ajoute une touche d’hystérie grotesque.
Le plus exaspérant, c’est que le sujet valait vraiment la peine d’être défendu, comme une fresque en hommage à un pays riche de culture, d’histoire et de drames, mais pas comme ça, dans une suite de tableaux bâclés, une œuvre plate, convenue, décousue, mal jouée et accumulant les clichés sans la moindre note d’élévation.
Entre le terre et la ciel, il y a la boue où se tortille ce film raté.