Blackjack est un film peu connu de John Woo, et assez méconnu aussi dans la carrière de Lundgren. Il ne mérite pourtant pas cet oubli, même si avec un budget très restreint, le réalisateur n’a pas pu ici proposer un résultat aussi spectaculaire que dans certaines de ses productions.
Je commence par les acteurs, et donc Dolph Lundgren. Il est vraiment bon dans son rôle. Il impose une présence physique et charismatique excellente, il joue avec conviction, et parvient, c’est presque un miracle, à rendre convaincante sa phobie du blanc, qui est probablement un peu la lacune du film. Je l’ai trouvé enthousiasmant, et c’est vrai que même s’il n’est pas un acteur tonitruant, il a toujours le mérite de s’investir dans ses rôles, dans ses personnages, même si ceux-ci ne cassent pas toujours des briques. A ses cotés Kam Heskin. Actrice assez agréable, elle est plutôt dans la sobriété, consciente probablement qu’elle non plus n’a pas un talent immense. Cette discrétion est plutôt bienvenue, même si attention, cela ne signifie pas qu’elle soit fadasse. Quant au tueur je ne me souviens plus du nom de l’acteur, mais il est lui aussi doté d’une belle présence, et surtout joue un personnage bien méchant, comme on les aime. Il est gratifié de quelques face à face avec Lundgren qui valent le détour.
Pour le reste c’est couci-couça, mais les connaisseurs reconnaitront un petit rôle de Fred Williamson.
Le scénario donc est plutôt sympathique. Il n’est pas très original, mais à le mérite d’être alerte (le film dure quand même 1 heure 50 alors c’est plutôt une réussite que d’être sans temps mort), assez fluide, et divertissant. Néanmoins il a des lacunes. La première c’est son histoire d’amour timoré, et d’une grande banalité. De ce point de vue la conclusion n’a rien de surprenant. La seconde c’est cette fameuse histoire de phobie du blanc. L’idée est bizarre à vrai dire, et il est normal que la série (dont ce film était normalement le pilote) qui aurait du reposer sur cette idée n’ait du coup pas vu le jour. En fait cela n’apporte pas grand-chose au film (si ce n’est du coup un combat sympa dans du lait !) et lui donne même un coté un peu niais. Heureusement, comme je le disais avant, que Lundgren est arrivé à donner une certaine crédibilité de par son jeu.
Formellement le spectacle est plutôt réussi. La mise en scène de John Woo apparait bien ici. On ressent son style très graphique dans les scènes d’action. Le début notamment dans la maison c’est du Woo pur jus qui ravira les amateurs du réalisateur. Les scènes d’action sont d’ailleurs un très bon point du film. Doté d’un petit budget, Blackjack est néanmoins parsemé de fusillades, de combats et de cascades efficaces. Outre donc la scène de la maison, il y a par exemple une attaque à moto très convaincante. La photographie est elle aussi assez plaisante, même si elle ne marque pas durablement. Je retiendrai surtout qu’elle n’est jamais gênante. Les décors sont variés. Pas extraordinaire, certains sont néanmoins originaux, comme lors de ce fameux combat dans le lait. Pour ma part la diversité des lieux du film donne une atmosphère plaisante à celui-ci. Enfin, en terme musical je n’ai rien relevé de particulier.
Pour conclure sur ce film, Blackjack est un divertissement d’action sympathique. Porté par un Lundgren en forme, il bénéficie de l’efficacité de la mise en scène de John Woo, d’un scénario qui accroche suffisamment, et d’un aspect visuel globalement réussi. En tenant compte du budget très restreint de la production (7 millions environ) je mettrai 3.5, et j’invite les amateurs du genre à jeter à œil sur Blackjack.