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Loïck G.
336 abonnés
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3,5
Publiée le 4 octobre 2020
J’imagine qu’à l’époque ( 1953 ) voir une femme derrière une caméra diriger de main de maîtresse un tel film dont le sujet est alors peu commun ( la bigamie) et son traitement encore moins, a pu heurter.. Ida Lupino ne juge pas, ne condamne pas un homme à qui elle laisse tout loisir de s’expliquer face à deux femmes tout aussi raisonnées dans leur attente et leur espoir. La morale trouvera à redire, peut-être, mais l’humanité de la réalisatrice, sa conduite des acteurs tend vers un cinéma plein d’attention et de respect. Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Un sujet particulièrement original (surtout pour l'époque!), traité avec beaucoup d'intelligence et de subtilité par Ida Lupino, aussi talentueuse derrière que devant la caméra. À découvrir.
Le piège tendu à Ida Lupino était d'aborder cette histoire sur un plan exclusivement moral; or, la cinéaste opte judicieusement pour un axe mélodramatique, lui-même imbriqué dans des codes de films noir (flashback, voix-off). Lupino met donc en scène deux très belles histoires d'amour qui font du personnage principal un bigame, mais ce que montre le film, c'est que cette situation ne tient à rien, si ce n'est à l'indécision d'un homme déchiré entre deux femmes et qui ne peut se résoudre à choisir. Alors qu'on le croyait uniquement marié à Eve (Joan Fontaine superbe), un long retour en arrière qui aurait pu n'avoir qu'une simple fonction explicative vient raconter la naissance d'un autre amour, une rencontre bouleversante par instants entre deux personnes solitaires. Sans jamais juger ses personnages et avec une mise en scène tout en retenue, Ida Lupino signe un film intelligent parce que nuancé, refusant toute facilité scénaristique pour justement se mettre à la hauteur d'un enjeu des plus complexes.
Comme l'ont souligné plusieurs critiques, Ida Lupino exprime ici, non seulement un humanisme attachant mais une contestation de l'hypocrisie du puritanisme qui régnait alors aux Etats unis. Apparait aussi un discret féminisme en avance sur son temps : les deux personnages de femmes sont fortes, alors que l'homme volage, s'il n'est pas antipathique, se montre faible et indécis. Une histoire qui ne pourrait être qu'un mélo de style Harlequin s'avère donc une critique sociale qui fait honneur à son auteure, une des rares femmes qui se soit imposée dans la mise en scène à Hollywood.
C'est un fait suffisamment rare qu'une femme soit réalisatrice de films à Hollywood pour souligner qu'Ida Lupino occupa cette fonction en plus de l'interprétation d'un des personnages centraux de The Bigamist, un film d'amour les plus pessimistes qui soient. Harry Graham s'est marié voici huit ans avec Eve Graham (Joan Fontaine). depuis que le temps a passé, il ne la voit désormais pour ainsi dire jamais, et l'incapacité du couple à avoir un enfant ne lui fait que regretter son mariage. Empreint de solitude, il erre dans Los Angeles et pendant une promenade en bus dans le Hollywood des stars, pendant laquelle il fait la connaissance de Phyllis, jouée par Ida Lupino elle-même. Cette scène, l'une des plus mémorables, raconte comment la solitude de deux êtres, mise en commun, les rapproche et les confond. Dès cette rencontre, Graham est pris au piège d'un jeu machiavélique. Incapable d'assumer une double vie, il en fait la confession à Jordan, inspecteur de l'agence d'adoption. Le récit, trahi en partie par le titre qui lui enlève toute sa surprise, est ainsi une confession d'un homme qui s'est pris lui même dans une situation impossible. Toute l'originalité de ce film est non seulement dans le suspense de l'issue à choisir, mais surtout dans le fatalisme qu'il impose : l'histoire ne peut pas bien finir. Ida Lupino rompt avec le happy-end conventionnel : le personnage de Graham, qui tombe amoureux d'une femme pour ensuite se rendre compte qu'il aime la première, et ne peut quitter ni l'une ni l'autre par culpabilité, s'impose lui-même son châtiment et devient son propre bourreau.
Ida Lupino est sans doute une des rares femmes sinon la seule à avoir poursuivi dans le Hollywood de la grande époque une carrière de réalisatrice parallèlement à celle d’actrice. Ses films sont empreints d’une sincérité qui en fait tout leur charme. Ici un pauvre bougre incapable de se décider et surtout affublé d’une réelle sensibilité se trouve embarqué dans l’enfer de la bigamie. Confondu par un commis de l’Etat chargé d’enquêter sur sa demande d’adoption, il se confesse à lui sur son incroyable histoire. Ida Lupino réussit tellement l'identification du spectateur au héros, que celui-ci est comme O’Brien incapable de choisir entre les deux femmes objet de son amour indécis . Le mode de narration nous plonge en plein suspense dans la première partie, ce qui relève encore notre intérêt. Les acteurs sont très convaincants et plus particulièrement Ida Lupino elle-même, qui campe une femme solitaire et fragile qui ne peut laisser le spectateur indifférent et le place immédiatement en empathie avec le mari bigame malgré les interdits qui frappent son statut. Si le propos sincère de Lupino est naïf, il fait souvent mouche et pose donc les bases du refus d’un manichéisme bien pensant toujours très pesant dans ces années 50.
Laissant volontairement de côté tous les ressorts mélodramatiques habituels, évitant de sortir les lancinants violons, Ida Lupino réalise un authentique drame avec des personnages qui sonnent justes. D'où une totale absence de manichéisme du fait qu'à l'instar du personnage d'Edmund Gwenn et même d'une Justice dépassée par ce cas le spectateur n'arrive jamais à juger de manière positive ou négative les protagonistes. Une mise en scène très intelligente pour ce film qui est remarquable. Joan Fontaine, qui n'a jamais mieux montré qu'ici sa fragilité, et Ida Lupino, en femme qui ne désire surtout pas être une gêne, sont très émouvantes. Au milieu de ces deux actrices admirables, Edmond O'Brien montre à la perfection le côté solitaire et apathique de son personnage. Un beau travail d'orfèvre au niveau des sentiments humains.
Voilà un drame social à découvrir impérativement car son thème qui y est abordé y est traiter de manière intelligente. Comme le titre l'indique " The Bigamist " parle d'une personne - en l'occurence ici d'un homme - étant marié deux fois sans que le premier mariage ait été annulé. Sur ce sujet particulièrement complexe, Ida Lupino nous livre un long métrage vraiment émouvant et où les trois comédiens principaux excelle dans leurs rôles. Edmund O'Brien est parfait dans le rôle de l'homme qui est fou amoureux des deux femmes que sont Joan Fontaine et Ida Lupino. Les deux actrices sont vraiment touchante et interprètes toute en finesse leurs personnages qui sont d'une grande tristesse. Précisons également que cette oeuvre possède une magnifique photographie en noir et blanc de George E. Diskant et une partition musicale de Leith Stevens assez mélancolique et qui est très en phase avec le sujet. Le tout est donc d'une grande sensibilité et fait que l'on passe un très bon moment de cinéma.