Film résultant d'une collaboration entre Leone et Valerii, Mon nom est Personne est ce qu'on pourrait qualifier de "western spaghetti", sorti en 1973.
On peut bien évidemment souligner ici la continuité autour du mythe de l"homme sans nom", mythe que Leone a à de nombreuses reprises exploité par le passé par le biais de Clint Eastwood.
La rupture est, pour Leone, au niveau de l'essence même du film ; bien que sa contribution sur le plan de la réalisation soit mince (malgré qu'il ait filmé la très bonne scène finale, il n'a filmé que quelques scènes secondaires), le scénario est de lui ; Leone, qui dressait dans ses films le portrait type d'un anti-héros, y ajoutait parfois un comique très subtil (comique de situation la plupart du temps).
Dans ce film, nous sommes dans un tout autre registre de comique : le comique de geste, le comique "grossier" (la scène de baffes, celle de l'oiseau, celle des toilettes ; des scènes que Leone lui-même a tourné).
Leone a surement voulu contre-balancer les "nouveaux westerns" de ces années-là qui utilisaient l'absurde, avec souvent en tête d'affiche Terence Hill (avec la série des Trinita) ; au-delà de ça, le film, notamment avec la morale de la petite histoire de Personne, souligne l'arrivée d'une nouvelle génération : peut-être Leone faisait-il allusion à l'arrivée des nouveaux westerns cassants avec son genre.
En bref, c'était donc pour lui un pari que de faire un film avec Terence Hill et l'immense Henry Fonda. Mais c'est, somme toute, un pari hautement réussi.
Encore une fois, Leone utilise la musique a bon escient ; Ennio Morricone une nouvelle fois présent réalise une bande son extra, mais qui reflète très bien l'esprit du film : bien que la musique "La Horde Sauvage", qui rappelle les chefs d'oeuvre de Morricone et colle totalement à l'esprit d'une horde détalant à toute vitesse, de par son aspect très travaillé, celle-ci est en rupture avec la bande son originale du film, qui, justement, s'enclenche lorsque l'on voit Terence Hill tout souriant.
Je pense que c'est ici, en soit, une manière pour Leone de nous dire "ce n'est pas sérieux". Il justifie alors les blagues, trop "grossières" pour certains (comme les pets, les rots).
J'estime que ce film est un symbiose entre deux genres, entre deux acteurs talentueux qui excellent chacun dans leur genre.
Si ce film ne peut pas être considéré comme un classique comme "Il était une fois dans l'ouest", La Trilogie du Dollar, il revisite à la fois un genre dans tout son ensemble. Bravo Mr. Leone.