Ayant pris acte de l’engouement du public pour le western parodique et humoristique, au détriment de sa propre approche respectueuse du genre estimait-il, Sergio Leone produisit - et réalisa en grande partie à ce qu’il paraît - ‘Mon nom est Personne’ qui ne fut d’abord qu’une bouderie de sale gosse du légendaire réalisateur avant de devenir un des Classiques les plus indéboulonnable du genre. A dessein, Leone y confrontait Terence Hill, le cabotin des productions alimentaires à la ‘On l’appelle Trinita’ et Henry Fonda, légende du vieil Hollywood et des western de l’âge d’or du genre. Pour une bouffonnerie de plus ? Tout à fait...et en même temps, un Grand film crépusculaire, qui parle justement de cette transmission de flambeau à une génération qui prend peu de choses au sérieux et de l’agonie de l’Ouest légendaire, métaphore de la dégénérescence du genre western lui-même, kidnappé par des Italiens qui avaient bien compris l’intérêt de vendre du sang, de la fesse et des gags. Et pourtant, alors que le débat sur le western authentique n’est aucunement d’actualité, ‘Mon nom est personne’ n’est plus perçu aujourd’hui comme le dérapage contrôlé qu’il devait être mais comme une simple variation ludique et potache des références les plus célébrées. Le film souffle le chaud et le froid, mais ce jeu des contraires aboutit à un équilibre imprévu, même si, évolution des moeurs oblige, ‘Mon nom est Personne’ est sûrement perçu avec encore plus de bienveillance aujourd’hui qu’il y a vingt ou trente ans. Ainsi, la charge de la horde sauvage est à la fois magnifique par son ampleur et grotesque avec le détournement wagnérien opéré par Morricone, et les séquences comme la fameuse machine à baffes, pensées par Leone comme une manière sardonique de torpiller artistiquement son propre film, sont entrées dans la légende. J’ai toujours estimé que loin d’avoir tué le western, sa variante italienne l’avait régénéré, en lui permettant de se défaire du poids de ses poncifs poussiéreux et de ses règles auto-imposées et ce spécimen involontairement mythique, en assumant totalement sa nature hybride, y a beaucoup contribué.