Bon, ben je me suis attaqué à un film fleuve, 37.2 le matin dans sa version longue ! Franchement, bien que perfectible, Beineix s’en sort vraiment bien pour parvenir à faire passer un film aussi long, sans spectacle !
Perfectible en effet, car, malgré ce qu’on peut dire l’histoire est inégale. L’émergence de la relation entre Dalle et Anglade est finalement trop ellipsée, alors qu’à mon sens c’est vraiment le point focal qui peut ensuite justifier leur passion fusionnelle. Et dans un film de 3 heures il aurait peut-être été plus judicieux de prendre un peu plus de temps. Je crois que la première partie du film est trop faible sur le plan de l’histoire. Par la suite malgré quelques baisses de rythme et quelques séquences un peu inutiles (si on peut faire une version courte avec presque une heure de moins c’est qu’il y a quand même un peu de surcharge), le métrage sait surprendre et ne manque pas de saveur. Il y a du relief, de l’émotion, de la sensualité, pour un film fort, qui reste accrocheur. La longueur du film donne plus de relief à la mélancolie de la fin.
Le casting est emmené par le duo Dalle-Anglade épaulé d’une grosse galerie d’acteurs. Dalle est quand même pas mal excessive lors de certaines scènes. Même si son personnage veut cela, les sautes d’humeur paraissent trop artificielles. Malgré tout elle se débrouille bien dans l’ensemble, face à un Jean-Hugues Anglade très solide. Pour ma part c’est plutôt les seconds rôles qui m’ont moins convaincus. Beaucoup de personnages, pas toujours très utiles, et parfois pas très bien campés (je pense par exemple à Dominique Pinon). En fait à quelques moments le film semble s’orienter vers une teinte burlesque, décalée, pas franchement pertinents.
Formellement en revanche peu de choses à dire. Porté par une bande son aussi variée que séduisante, 37.2 le matin bénéficie d’une très belle photographie, de décors nombreux et toujours judicieusement choisis, tandis que Beineix signe une mise en scène de très belle facture. Le métrage saura vraiment séduire, surtout dans sa première partie et dans sa partie lozérienne. Il en ressort une ambiance séduisante, même si étrangement, malgré ses arguments indéniables, le film ne respire pas autant que prévu. Peut-être aurait-il davantage fallu saisir cette perspective atmosphérique, la sueur pour ressentir le poids du soleil, le vent, les sons d’ambiance en fait.
A noter que le film propose pas mal de scènes de nudité, donc c’est à savoir.
Franchement 37.2 le matin est un film très long, sans doute trop, mais qui ne manque pas d’arguments. Il y a des lacunes assez regrettables, et, à vrai dire, il est certain qu’en plus de 3 heures c’est difficile de ne pas mettre des scènes un peu vaines, de ne pas avoir des acteurs en-dessous sur un casting pléthorique… J’hésite entre le 3.5 et le 4, mais, pour la réserve que j’ai émise en plus sur l’ambiance, je pencherai pour la première solution.