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Un visiteur
3,5
Publiée le 28 juillet 2014
Un film assez lucide sur le monde de la politique, assez fin pour éviter le manichéisme et le tous pourris. le scénario s'appuie beaucoup sur des caractères d' hommes politiques ayant existé pour composer les divers personnages on reconnaît tout de suite celui de McCarthy par exemple. Ca manque tout de même de tension.
Les coulisses d'une primaire américaine où deux candidats diamétralement opposés en tout vont se battre pour l'investiture de leur parti pour la Présidentielle. D'un côté, on a un candidat progressiste qui rechigne fortement à user des coups bas, qui a juste une dépression nerveuse et quelques parties de jambes en l'air non conjugales à se reprocher, d'un autre, un jeune réac aux dents longues qui ne recule devant absolument rien pour parvenir à ses fins, mais qui traîne lui aussi bien évidemment quelques casseroles. L'ensemble est peut-être un peu manichéen mais réserve un très beau duel d'acteurs entre Henry Fonda, dans le rôle du premier, et Cliff Robertson, dans le rôle du second, même s'ils ont pour le coup tendance à se faire voler la vedette par le comédien Lee Tracy, magistral en Président pragmatique donc cynique mais aussi valétudinaire et alcoolique. La réalisation du brillant Franklin J. Schaffner, cinéaste bizarrement méconnu mais qui aura juste par la suite trois chefs d'oeuvre à son actif ("La Planète des singes", "Patton" et "Papillon" pour ne pas les citer !!!), réussit à faire oublier l'origine théâtrale de l'oeuvre en orchestrant le tout d'une main de maître, le rendant aussi intense que le plus anxiogène des thrillers, le tout avec quelques répliques excellentes en supplément. Le final ne manque pas quant à lui d'ironie (on peut quand même le deviner à l'avance, enfin pour moi ça a été le cas !!!). Le film, captivant, parvient à remplir très bien sa mission de nous donner l'impression d'être une petite souris ayant la chance d'assister aux arcanes d'une campagne électorale américaine.
"Que le meilleur l'emporte" n'est que le deuxième long-métrage de Schaffner, après une très longue carrière à la télévision. Pour avoir filmé un grand nombre de débats et de discours politiques, le réalisateur est le parfait homme pour ce film dressant un portrait féroce des coulisses des campagnes électorales américaines. Le système politique américains étant bien plus compliqué que chez nous, il faut être un peu familliarisé avec celui-ci pour comprendre le film. Si le film parut assez anodin à sa sortie, il s'avère qu'avec le recule des années, que celui-ci vieillit particulièrement bien et même de mieux en mieux. Car l'histoire a finalement donné raison à beaucoup de discours et certaines prédictions électorales du film. Adapté d'une pièce de théâtre, le scénario est particulièrement bien ficellé et ne manque pas de coups tordus et de rebondissements.
"Que le meilleur l’emporte » est la deuxième réalisation pour le cinéma de Franklin J. Schaffner. Pour autant à 44 ans, il n’est pas un novice, ayant acquis une solide expérience à la télévision et au théâtre. C’est notamment lui qui mit en scène la pièce (avec 520 représentations, celle-ci sera un véritable succès) dont sera tiré en 1962 « Tempête à Washington » d’Otto Preminger, encore aujourd’hui référence absolue du film politique. Juriste de formation, Schaffner a un rapport de proximité évident avec le monde politique ayant été le conseiller du Président John Kennedy pour toutes ses apparitions télévisées. Ayant réalisé le téléfilm inspiré de la pièce de Reginald Rose, « Douze hommes en colère », il sera très déçu que Sidney Lumet lui ait été préféré pour sa transposition sur grand écran. Autant dire qu’il va mettre toute son énergie et toute son expérience du sujet dans ce film devant lui permettre de surmonter le semi-échec que fut « The Stripper », son premier film avec Joanne Woodward en vedette. Le scénario est écrit par Gore Vidal à partir de sa pièce éponyme. Son intrigue immisce le spectateur au sein de la convention finale d’une primaire démocrate devant désigner le candidat appelé à succéder au Président sortant (Lee Tracy), lui-même démocrate. Parfaitement à son aise dans ce milieu qu’il connaît bien, Schaffner dépeint avec rythme et minutie tous les as99pects d’une campagne américaine. En premier lieu, l’omniprésence des conseillers qui veillent à façonner la meilleure image possible de leur candidat mais aussi à trouver le moindre détail chez l’adversaire qui pourra lui être fatal, y compris les plus sordides ou personnels. L’image du couple formé avec la future première dame si importante aux Etats-Unis peut obliger à des tractations ardues en coulisses pour convaincre une épouse récalcitrante de donner le change. L’adoubement par le Président sortant est aussi une arme de choix dont il faut absolument chercher à se doter. Deux candidats aux tempéraments diamétralement opposés préfigurent d’un moment de transition dans la vie politique américaine. William Russel incarné par Henry Fonda, issu la vieille école répugne à porter des coups bas, pensant que se souiller les mains pour accéder au pouvoir suprême entachera toute son action de President. « La fin ne justifie pas les moyens » est l’adage qui lui tient lieu de boussole. Schaffner ne pouvait rêver mieux qu’Henry Fonda qui fut Abraham Lincoln pour John Ford (« Vers sa destinée » en 1939) et porte en lui tant de héros humanistes pour incarner William Russell. La surprise vient plutôt de Cliff Robertson qui bien qu’ayant débuté sa carrière en 1943, n’est pas une énorme vedette. Il se fond littéralement dans la peau de Joe Cantwell, sorte de John Kennedy dont la juvénilité aurait été trempée dans la nervosité d’un Richard Nixon et pour qui la joute politique s’apparente à un combat de gladiateurs. Un combat dont sortira vainqueur celui qui aura le plus ardemment désirer le pouvoir et sera donc le plus apte à l’incarner dans toute sa dimension. Quant à Lee Tracy, vieux routier du cinéma muet empreint d’une gouaille réjouissante, il incarne ce vieux Président malade qui n’est pas loin de penser que les positions humanistes de Russell pourront faire trembler sa main quand elle devra être ferme. Exhaustif, réaliste, dense, prémonitoire, remarquablement interprété et ne souffrant d’aucun temps mort, « Que le meilleur l’emporte » démontre la capacité incroyable qu’a toujours eu Hollywood de se pencher sur le fonctionnement des institutions américaines. Une vertu qui est loin d’être partagée par le cinéma français toujours un peu frileux qui au détour des années 2010 a laissé cet exercice salutaire aux séries télévisées (« Baron noir », « les hommes de l’ombre », « Marseille »,…).
S'il manque cette petite étincelle qui aurait fait de « Que le meilleur l'emporte » un grand film politique, assurément Franklin Schaffner a réussi son coup. D'autant que si l'on connaît désormais un peu par coeur ces manoeuvres politiciennes, le propos était assez innovant pour l'époque, surtout que l'on ne s'intéresse pas directement ici à la présidentielle, mais aux primaires démocrates la précédant. Au programme donc : coups bas, alliances, chantages et témoignages compromettants... Tout est permis mais le réalisateur évite toutefois souvent la caricature, les personnages ayant suffisamment d'étoffe et de charisme pour se montrer dignes d'intérêt. Le dénouement s'avère d'ailleurs étonnant et loin de la solution de facilité que l'on pouvait craindre... Rarement les coulisses de la politique nous auront été présentés de manière aussi convaincante et intéressante.