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didinho
2 abonnés
21 critiques
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4,5
Publiée le 2 avril 2018
Cela fait 3 jours que j'ai vu ce film et j'ai régulièrement des flashs de différentes scènes : c'est généralement le signe d'un film mémorable et je ressens le besoin de le partager. Il a fallu attendre plus de 25 ans pour que je voies la palme d'or de Cannes 1992 et ce fut un bon moment de cinéma pour un film à l'épreuve du temps. Non seulement parce qu'il s'agit d'un film d'époque (début XXème) mais aussi parce que les acteurs et leurs personnages sont très attachants. Bille August filme des paysages enneigés, des forêts magnifiques, des trains à vapeur, des costumes austères mais stylés, la société suédoise protestante, la lumière blanche et froide de Scandinavie. Mais ce que j'ai le plus aimé au-delà d'une simple histoire d'un couple qui se construit avec difficulté, ce sont les scènes de dialogues (Bergman qui a écrit le scénario n'a pas d'équivalent dans le traitement des relations hommes-femmes). Quand un film dure 3 heures et comporte de nombreux dialogues, autant dire que les scènes doivent être réussies. August y parvient parfaitement en donnant beaucoup de rythme avec des changements de plans fréquents dans des angles variés. Et ces dialogues sont d'une telle justesse ! Chaque scène donne lieu à une tension très forte où on trouve systématiquement une inversion du rapport de force en faveur de l'un ou de l'autre personnage : un vrai duel de mousquetaires ! C'est pour moi la plus grande réussite du film. J'ajouterai qu'on n'entend pas une seule fois prononcé le mot "Je t'aime" et pourtant ça ne parle que d'amour. Que les scénaristes en prennent de la graine.
Même si la mise en scène de Bille August n'atteint pas la finesse de celle de Bergman, elle permet, par sa pertinente sobriété, non seulement de magnifier les paysages suédois, mais surtout de mettre en valeur la justesse des rapports amoureux et familiaux dessinés par les dialogues ciselés du biographe filial ainsi que l'interprétation intensément intérieure du casting. Sans scène superflue ni mot inutile, le biopic nous familiarise avec la société bourgeoise du début du XIXe siècle à travers l'histoire d'amour contrariée entre deux êtres a priori fort dissemblables. Bien que le film ne conserve pas la même force émotionnelle au long de ses trois heures, certaines séquences touchent avec une grâce infinie. Délicatement émouvant.
Bille August est un des très rares réalisateurs a avoir réussi à remporter deux Palmes d'or dans sa carrière, et on peut se demander pourquoi puisque "Pelle le conquérant" est certes un film qui se regarde sans ennui mais est d'une facture très classique et vaut surtout pour l'interprétation émouvante de Max von Sydow, quand au "Meilleures intentions" il vaut surtout pour l'interprétation de l'actrice Pernilla August et pour son sujet qui s'inspire très fortement de la vie des parents du futur géant du cinéma suédois, du futur géant du cinéma tout court, Ingmar Bergman... Là aussi la réalisation est d'une facture classique, trop classique pour qu'on puisse s'ébahir d'admiration devant celle-ci et comprendre la Palme d'or remportée... En fait pour se charger de raconter tout ce qui tourne autour d'Ingmar Bergman personne n'a été meilleur qu'Ingmar Bergman. Il suffit de regarder "Fanny et Alexandre", contenant de nombreuses références autobiographiques, merveille absolue qui mélange à la perfection émotion, réalisme, dureté, enchantement, fantastique, poésie, pour se le confirmer... "Fanny et Alexandre" est l'oeuvre d'un génie au sommet, "Les Meilleures Intentions" est celle d'un bon artisan impersonnel sans plus. On ne peut que regretter que ça n'a pas été Ingmar Bergman qui se charge lui-même du boulot... Le film se regarde sans ennui, les acteurs, en particulier Pernilla August, sont très bons, les personnages sont loin de manquer de force, mais c'est trop classique, ça manque du génie de Bergman pour véritablement marquer... Bille August a certainement fait de son mieux mais "Les Meilleures Intentions" ne donnent pas forcément le meilleur résultat.
J'escomptais voir ce film depuis déjà plus de deux ans. Encore fallait-il le trouver. Et trouver le temps (j'ai regardé la version longue de 5h30). C'est chose faite. On dit que les films sont parfois des rencontres. Cela fut le cas entre Les meilleures intentions et moi. Cette histoire m'a complètement emporté et touché, j'étais avec les personnages, je vivais avec eux, j'ai traversé leur émotion. C'est sûr que Bille August fait pas des miracles derrière sa caméra, c'est sûr que c'est le scénario de Bergman qui porte tout, mais voir qu'August respecte ça complètement au point de s'effacer derrière le script et juste filmer la puissance d'une histoire aussi belle, moi ça m'a plu. Et les acteurs sont excellents, surtout Pernilla August. C'est un film somptueux et magnifique, c'est un témoignage étourdissament beau de la part de Bergman à ses parents, c'est un film personnel et à la fois universel.
Sur un scénario de Bergman qui s’inspire de l’histoire de ses parents, un mélodrame au classicisme rigoureux mais prenant (hormis une dernière partie moins emballante) sur les amours contrariés entre un pasteur et une fille de bonne famille dans la Suède puritaine du début du XXe siècle, porté par l’interprétation émouvante de Pernilla August. Palme d’or pour Bille August, sa 2nde après Pelle le conquérant.
Les meilleures intentions sont le titre dont fait usage le réalisateur de Pelle le conquérant pour faire écho au snobisme bourgeois en Suède au début du XXème siècle. Et ce décor n’est pas choisi au hasard puisqu’Ingmar Bergman s’y glisse en tant que scénariste : l’histoire n’est nulle autre que celle de ses parents, qu’il a voulu conter longtemps après son retrait volontaire du septième art.
Ce drame épico-romantique se pique un tantinet du snobisme dont il prétend faire retentir l’inadmissibilité comme justification de l’art par la révolte. Ce n’est pas dans le thème, mais c’est de cela qu’il s’agit : un film de trois heures, avec des acteurs d’un autre temps qui sont à la hauteur de chacune de leurs scènes (on a d’ailleurs l’impression d’avoir affaire à un casting dont la force est celle des Soviétiques quand ils touchent à l’époque tsariste)… Bref, ce n’est jamais autre chose qu’un grand coup qu’on veut porter… pas seulement au cinéma.
Alors – possible conséquence de ce que Bergman a dû faire un peu de généalogie et de reconstruction – les circonstances sont un peu bâclées. On ne comprend pas aisément le lyrisme mutique des grands sentiments réfrigérés par le pasteur et sa femme dans le Nord de la Suède ; si le froid conserve, il rend plutôt cassantes les transitions.
Toutefois, le couple est trop magnifique, fruit nordique d’un Roméo et Juliette naturaliste – Rouslan et Ludmilla sans le faste – qui emporte tout sur son passage, ses houles et ses réconciliations à la fois tellement fortes et placées avec si peu d’attrait proprement scénaristique qu’on ne peut que louer la boîte à outils émotionnelle dont Bergman semble faire usage nonchalamment. Mais n’est-ce pas comme ça qu’il a toujours réalisé ?
Palme d'or assez méconnu. Pourtant le film est une belle histoire d'amour lyrique et très bien interprétée. L'histoire : la rencontre et la vie tumultueuse des parents d'Igmar Bergman.