La réédition en salles de " police frontière ", film de la période américaine du realisateur de la nouvelle vague Britannique ( fin années 50 et début années 60, contemporaine de la française) Tony Richardson, permet de revisiter un opus de 1982.
On sait que la plupart de ses confrères qui contribuèrent au free cinéma, firent les années passant, une incursion professionnelle sur le sol américain.
John Schlesinger fut oscarisé pour " macadam cowboy" et son " marathon man" est encore dans les mémoires, Karel Reisz révéla Nick Nolte dans " les guerriers de l'enfer " et Tony Ridchardson réalisa ce " the border" moins encensé par la critique au moment de sa sortie que les opus précités.
A le voir aujourd'hui, on peut dire qu'il tient sacrément la route, même si son titre peut laisser entendre au spectateur de cinéma grand public qu'il peut espérer voir un simple polar, ce qu'il n'est pas.
Par-delà la frontière géographique entre le mexique et les usa qui attire comme un aimant ceux qui rêvent d'une vie meilleure, Richardson propose aussi un regard sur une autre frontière, celle entre les valeurs qui animent les personnages.
Plus que la frontière culturelle et celle du Rio Grande, c'est finalement celle qui compte le plus.
" voilà ma limite" dit le personnage interprété par John Nicholson ( formidable) qui trace au moyen d'un bâton une ligne dans le sable pour signifier à son collègue et copain (Harvey Keitel ) qu'il n'ira pas plus loin dans ses accommodements avec le droit.
il y consent pour payer les achats d'une épouse décalée des limites imposées par le budget familial, mais en phase avec ses objectifs de vie, aussi ceux de la plupart : accumulation de biens matériels, même s'ils sont inutiles voires carrément ridicules)
Pour faire "quelque chose de bien dans sa vie", le personnage campé par un Jack Nicholson au meilleur de sa forme, décide d'aider une jeune mexicaine à passer la frontière terrestre.
Pourquoi ? il a perçu chez cette étrangère quelle était porteuse des mêmes valeurs que lui ( elle intervient pour l'aider à récupérer ses enjoliveurs de voiture, volés par ses "paisanos").
Au bout du compte, semble nous dire Richardson, la véritable différence se situe non pas dans l'appartenance à une communauté et pas à une autre, mais entre ceux qui partagent les mêmes valeurs d'humanité et de respect, même envers celui ou celle qui ne fait pas partie de son clan, de sa tribu ou de son pays.
La frontière n'est pas forcément uniquement là ou on croit quelle se trouve !
" police frontière " s'adresse surtout aux amateurs de cinéma d'auteur et le titre original correspond on ne peut mieux au sujet traité ici " the border", soit " la frontière ".
Titre sans doute moins racoleur mais plus juste, surtout plus honnête à l'égard du spectateur de cinéma grand public qui risque de se fourvoyer dans un film pas forcément fait pour lui.