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rogerwaters
146 abonnés
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4,0
Publiée le 6 février 2016
Cinéaste iconoclaste qui a souvent traité de sujets classiques, mais en les dynamitant par un style baroque volontiers outrancier, Ken Russell se livre avec Valentino à une illustration du mythe de la star, coincé entre réalité et fiction. Ainsi, de nombreux épisodes de la vie de Valentino sont évoqués ici, sans que l’on sache vraiment si tout ceci est bien arrivé. Cette distance critique est affirmée par un style hystérique qui risque d’éconduire les amateurs de biopic classique. Le réalisateur est toujours capable de signer des séquences hallucinantes (celle de la prison vaut son pesant de cacahuètes tant elle est excessive), tout en parvenant à saisir le drame de cet homme qui se rêvait simple paysan et qui se retrouve adulé par toutes les femmes du monde, alors même que sa sexualité est demeurée ambivalente durant toute son existence. La scène où l’une de ses conquêtes est prise d’orgasme alors que lui ne fait rien pour susciter une telle vague de plaisir en dit long. Dans ce rôle, Rudolf Noureev n’est pas toujours à l’aise, mais il est intéressant de découvrir qu’a posteriori le film parle tout autant de Valentino que de Noureev lui-même. D’ailleurs, le danseur se donne entièrement à son rôle. Le tout est donc inégal, passionnant souvent, irritant parfois, grandiloquent et kitsch toujours. Un vrai plaisir coupable qui érige le mauvais goût au rang d’art. J’aime.
Le truculent Ken Russel était un cinéaste inclassable, sorte de trublion du cinéma anglais. Ses films toujours surprenants n’ont certes pas tous été des chefs d’œuvre, notamment ses biographies de grands compositeurs classiques un peu boursouflées. En 1977 il s’attaque au mythe de Valentino, première star de l’écran mort en pleine gloire à 31 ans en 1926. Valentino le latin lover par excellence a bâti son succès sur son regard de braise qui affola les spectatrices du monde entier au point que plusieurs femmes se suicidèrent à l’annonce de sa mort. Mais le parcours météorique de Rudy (diminutif de Rudolph son prénom) ne sera pas sans embûche, sa sexualité étant souvent mise en cause par la presse de l’époque. Accusé tout à la fois d’homosexualité et d’impuissance depuis que sa nuit de noce non consommée avec sa première femme, Jean Acker était arrivée aux oreilles de la presse à scandale, Valentino dût multiplier les exhibitions viriles pour déjouer la rumeur qui enflait. Il n’en fallait pas plus pour Ken Russel qui trouva dans l’ambivalence de Valentino une nouvelle occasion de se livrer aux outrances visuelles qui auront jalonnées tous ses films. Pour camper Valentino, réputé pour ses qualités de danseur de tango, il fit appel au danseur étoile Rudolph Noureev qui était alors au sommet de sa popularité. Malheureusement un bon danseur ne fait pas d’office un bon acteur et Noureev très scolaire et au port de tête altier n’exhale en rien le charisme vénéneux du bel italien. Jamais Russel ne parvient à lever le voile du mystère de la fascination exercée par l’acteur sur les femmes, livrant finalement une biographie assez sage qui n’oublie rien des épisodes connus de la courte carrière mais reste très loin des fulgurances que constituent ses meilleurs films comme « Love », « Les diables » « Au-delà du réel » ou « Les jours et les nuits China Blue ».