En 1991, pour son premier film, Barry Sonnenfeld (à qui l’on doit la trilogie Men in Black et Get Shorty) adaptait avec brio une vieille série (datant des années 60) : La Famille Addams. Résultat des courses : un important succès commercial et quelques nominations (dont une pour l’Oscar des Meilleurs costumes). Il n’est donc pas étonnant de voir que ce film ait une suite (2 ans après le premier), intitulée Les Valeurs de la Famille Addams. Avec la même équipe à sa tête (réalisateur, acteurs…). Est-ce pour autant que le film se montre aussi bien que son prédécesseur ?
Cette suite reprend là où le premier film nous avait laissé. C’est-à-dire au moment où Morticia s’apprête à accoucher (le 1 se terminant sur son annonce d’être enceinte d’un troisième enfant) tandis que ce cher Fétide (frère de Gomez, le mari) a parfaitement repris ses bases, après son amnésie racontée dans le film précédent. Et du coup, l’arrivée de ce nouvel enfant va créer la discorde au sein même de la famille, allant jusqu’à développer la jalousie de ses aînés (Mercredi et Puglsey). Ainsi, de fil en aiguille, divers trames vont se construire : la venue d’une tueuse croqueuse d’hommes qui va se faire passer pour une nounou, les deux enfants envoyés dans un camp de vacances où ils vont semer la discorde, Fétide tombant fou amoureux de la nounou sans se rendre compte de ce qu’elle est, Gomez et Morticia faisant face à l’amour aveugle de Fétide et l’attention auprès de leur dernier enfant…
Vous l’aurez compris, cette Famille Addams 2 reprend en tout point ce qui a fait le succès du premier opus : la fantaisie, l’énergie, l’humour noir. C’est d’ailleurs par ce dernier style comique que cette suite se démarque (le 1 n’étant marqué que par une pièce de théâtre scolaire gore à souhait). Notamment via le duo Mercredi / Puglsey lors de leur séjour forcé au camp de vacances, les frères / sœurs étant bien plus mis à l’honneur (rappelez-vous que ces enfants cherchent toujours à s’entretuer, bien que cela tienne de l’amusement, même pour eux). Sans compter le prénom du troisième jeune Addams : Puberté. Et pour ce qui est de la fantaisie, nous sommes à nouveau servis : une séquence de danse virevoltante, un Fétide d’une naïveté touchante et drôlissime, un camp de vacances qui pue le bonheur (voilà qu’il m’arrive de parler comme un Addams !) au point que l’on comprenne sans mal Mercredi et Pugsley… On ne s’en lasse nullement !
Et surtout, surtout !, ce qui continue de faire le charme de cette suite, ce sont ces personnages atypiques qui pullulent dans le film. Interpréter chacun avec une folie bienvenue ! Si Judith Malina est ici remplacée par Carol Kane (pour le rôle de la grand-mère), nous retrouvons toute cette fabuleuse équipe qui faisait déjà sensation dans l’opus précédent. À commencer par le couple Gomez / Morticia, joués respectivement par Raúl Juliá et Anjelica Huston. Le premier étant en tout point charmeur et pourtant peu recommandable, la seconde se montrant tout simplement morbide et dépressive à souhait malgré un sourire qui va droit à cœur. Christopher Lloyd, ah ! ce cher Doc de Retour vers le Futur, un acteur totalement déjanté qui prouve qu’il est le meilleur Fétide qui puisse exister ! Christina Ricci (qui faisait ses armes avec Mercredi dans le premier film), toujours aussi mature pour une jeune actrice comme elle. Jimmy Workman (Puglsey), naturel. Bref, on retrouve avec joie chaque membre de la famille (même le discret et pourtant charismatique Carel Struycken / le majordome Max). Superbe troupe à laquelle se joint la pétillante et véritable peau de vache qu’est Joan Cusack (dans le film, bien entendu !), ainsi que Peter MacNicol et Christine Baranski (le couple barré qui dirige le camp de vacances).
Ajoutez à ce cocktail divertissant et fun des décors et des costumes tout aussi réussis que dans le premier opus, un humour visuel qui fonctionne et une bande son qui s’accorde à merveille avec l’ambiance du film (dont le mythique thème de la série télévisée), et vous obtenez une comédie fantastique de bonne qualité, quoiqu’un peu limité aux yeux de certains. Il est vrai que niveau burlesque, d’autres films ont déjà proposé du plus lourd (comme Qui veut la peau de Roger Rabbit ?). Mais ça serait chipoter !
En somme, Les Valeurs de la Famille Addams se montre aussi réussi que son prédécesseur. Quoique même bien plus fendard que le 1er par moment (grâce à un humour noir bien plus prononcé). Et si certains effets spéciaux peuvent dévoiler des signes de vieillesse (dont l’incrustation à l’image de la Chose dans quelques cas), on comprend l’engouement des gens envers cette famille totalement déjantée et surtout inoubliable !