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Pascal
159 abonnés
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3,5
Publiée le 22 mai 2024
Film muet (1935) de YO, le cinéaste est encore dans sa période sociale. Il s'agit ici de la description d'un père de famille sans emploi qui a la charge de deux jeunes fils.
Au cours de son parcours de misère et de souffrance, il veut aider une jeune mère célibataire.
On peut presque voir dans le titre une sorte de vague prologue au futur " récit d'un propriétaire" (1947).
Les fameux plans vides de transition entre les scènes sont encore là ( linge qui sèche, plan du ciel chargé en nuage, grosse bobine vide de câbles, réservoirs. Le train est ici absent).
Un dialogue tiré d'un intertitre fait état de la difficulté d'être pauvre. Contrairement à ce que diront de lui à certains moments, certains auteurs de la nouvelle vague japonaise, les questions sociales ne sont pas étrangères à la pensée du metteur en scène.
On notera que dans la vie réelle, l'actrice qui interprète la jeune femme connaîtra un destin tragique en tentant avec son compagnon de franchir la frontière russe dans les îles Sakhaline.
Il y a un air de De Sica dans ce film. Un beau mélodrame avec cette pauvreté âpre et honteuse. Une miette de bonheur enfantin avec la casquette et la petite fille mais la dure réalité avec le père qui vole pour la bonne cause et les enfants qu’il n’aura plus le courage de voir face. Dur et émouvant car on sent l’amour des enfants pour leur père et le désir de l’homme de retrouver l’amour avec cette femme.
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4,0
Publiée le 6 octobre 2016
L'un des films majeurs de Yasujirō Ozu! L'histoire, très belle car très sobre, se dèroule dans les annèes 30, en pleine crise èconomique mondiale, où deux jeunes enfants errent dans les terrains vagues avec leur père! Dans ce muet sans concession, se retrouvent les thèmes chers au cinèaste japonais! Rien ne semble plus difficile que de faire ressentir au spectateur les rèactions, les pensèes d'un père au chômage, sans tomber dans le mèlodrame ou les bons sentiments! Rien n'est plus dèlicat que de faire comprendre le lien très fort qui unit ce père à ses deux fils! Ozu y a parfaitement rèussi à travers une dètresse et une fragilitè humaine qui donnent son prix à une histoire nèorèaliste avant l'heure! Pourtant rien n'est plus pur, plus simple que ces errances, rien, drames, petites joies ou larmes, tout est naturel dans la banlieue industrielle de Tokyo! Jusqu'à se sacrifier pour sauver une petite fille de la maladie! « Ainsi fut sauvèe une âme » . Tel est le constat de ce drame poignant d'Ozu! Magnifique...
Beaucoup de rebondissements mélodramatiques dans ce petit Ozu muet de 75 minutes, ce qui est étonnant pour un réalisateur avec qui il était déjà très surprenant d'avoir plus d'un rebondissement dramatique dans deux heures de film. Mais beaucoup de sobriété, Ozu oblige, dans ce portrait réaliste de la pauvreté où la faim, le froid et tout simplement la honte d'être pauvre tiennent des rôles essentiels à travers les portraits d'un père SDF et sans travail et de ses deux fils. On pense beaucoup à Chaplin quand on voit les trois silhouettes marcher sur les routes, sur les terrains vagues à l'ombre écrasante des usines qui ironiquement n'ont rien d'autre à proposer que leur ombre écrasante. On pense beaucoup à Chaplin aussi par les thématiques évidemment. Mais on sent surtout l'empreinte du futur réalisateur de "Voyage à Tokyo" sur chaque plan, de ne jamais négliger le moindre détail du quotidien pour rendre le tout plus vrai. Les scènes, entre propos timides et propos blessés, entre le personnage du père et celui de la mère dans la même situation qui élève seule sa fille, sont elles aussi touchantes. Un petit excès de rebondissements mélodramatiques peut-être mais dans sa globalité un Ozu qui vise juste.
"Une Auberge à Tokyo" est une histoire superbe mise en scène de façon simple et émouvante. Concilier l'espoir et la cruauté, c'est la réussite de ce film. Ozu ne juge jamais les choix et les actes de cette famille mais se contente d'aimer ses personnages. Il les filme dans leurs moments d'incompréhension mais aussi de solidarité et de lutte, le tout avec une humanité indéniable. Le cinéaste aurait pu faire là un grand film si ce dernier avait été plus court. En effet, réaliser un moyen-métrage aurait été plus judicieux, en imaginant un ensemble condensé et, par conséquent, un propos autrement plus fort. La lenteur du rythme et l'étirement de certaines séquences finissent par jouer en défaveur du film et ont parfois fait perdre mon attention. En résumé, c'est beau mais c'est long.
Je pense que c'est le film à voir en premier pour tenter de comprendre l'univers de ce cinéaste japonais considéré par les siens à l'égal de Mizoguchi. En effet, l'année suivante trouvant que son chef opérateur est prêt, Ozu affrontera le parlant dont il se serait bien passé. Dans ''une auberge à Tokyo'' les non-dits ne se remarquent pas et pour cause, personne ne les attend. Pourtant lorsque l'on ne connait pas Ozu, on peut se poser la question tant ils sont nombreux. La réponse est simple, Ozu ne montre que ce qui l'intéresse, il ne s'occupe jamais des spectateurs. Ainsi, il continuera ses plans fixes sa vie durant car les dessinant avant de les filmer, il demandera juste à ses acteurs d'y évoluer. Acteurs auxquels d'ailleurs il exige un maximum, enfants ou adultes, tant les prises se multiplient jusqu'à ce que qu'elles correspondent au millimètre prés à ce qu'il désire. L'ambiance au Japon en 1935 s'ajoutant à une mentalité que nous ne partageons pas font que ce film, tout magnifique qu'il soit sur le plan visuel, est extrêmement rude pour nos ressentis sentimentaux. Kihachi qui choisira de sacrifier ses enfants et son amie Otsune pour une inconnue ne nous est pas compréhensible, surtout dans cette ambiance d'extrême pauvreté. Je me demande d'ailleurs si le carton final à la fois banal et bien pensant , traduit la pensée japonaise. Quoi qu'il en soit, tout Ozu se trouve dans ''une auberge à Tokyo'': il suggère plus qu'il ne montre, il fait preuve à la fois d'amour et de compassion, son humilité est constante et son film baigne dans la méditation. C'est dire si tout cela est facile à vivre même au cinéma. Comme d'habitude, j'en sors admiratif mais pas heureux. C'est comme le tableau de Géricault, le radeau de la méduse, il est fascinant à chaque vision mais je n'aurais pas voulu m'y trouver. J'ajouterais que j'aurais préféré un film sans musique tant celle entendue ne correspond pas à ce drame social.
Si en 1935, le génie d'Ozu est encore loin d'avoir atteint sa maturité, rien n'empêche de prendre un plaisir intense devant cette "Auberge à Tokyo" qui décline déjà certains thèmes fondamentaux de son œuvre (la famille à laquelle il faut tout sacrifier... malheureusement ? La brutalité des changements sociaux qui laminent l'individu), et qui permet aussi d'admirer la naissance d'un style à nul autre pareil : la perfection de la majorité des plans, d'une beauté stupéfiante sans jamais devenir de la "belle image", l'attention portée au jeu des acteurs, tout en nuances, et bien sûr l'élégance d'une narration qui suggère plutôt qu'elle ne raconte. C'est d'ailleurs en cela que le "muet" paraît même plus approprié à Ozu que le parlant, lui permettant de concentrer l'attention du spectateur sur l'essentiel : le spectacle de la vie qui résiste envers et contre tout (à l'image de ces jeux d'enfants, légers et charmants, qui élèvent régulièrement le film vers la grâce...).