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soulman
86 abonnés
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3,5
Publiée le 17 janvier 2024
Un film noir un peu long mais très bien mis en scène, qui bénéficie de plans d'une grande beauté formelle, déjà très travaillés, et de l'interprétation de la jeune Kinuyo Tanaka, qui deviendra une des stars du cinéma nippon et une des actrices préférées d'Ozu. L’œuvre flirte avec le mélo, l'un des thèmes étant la rédemption du mauvais garçon, que Tokiko, sa maîtresse, réussit à convaincre de rentrer dans le rang et de se rendre à la police.
La ressortie en salle d'un opus muet ( 1932) ( le parlant date de 1927 mais on sait que la période de transition - muet, parlant durera plusieurs années) difficilement visible de Y.Ozu permet d'apprécier les qualités exceptionnelles de mise en scène que manifestent l'un des maîtres de l'âge d'or du cinéma japonais.
Ozu est ici dans un registre qu'il n'exploitera pas beaucoup, celui du film criminel. On ne peut s'empêcher en voyant " femmes et voyous" de trouver quelques correspondances avec la vie personnelle du cinéaste.
La documentation nous rappelle que le cinéaste tomba amoureux au long cours d'une prostituée et entretint un relation bien connue avec la sage actrice Setsuko Hara.
Ici c'est un ancien boxeur tombé dans la délinquance, en ménage avec une jeune femme ( K.Tanaka) intégrée dans une entreprise mais aux contours psychologiques troubles. L'ex-boxeur rencontre la soeur d'un de ses comparses et tombe amoureux d'elle.
Réflexion sur les différentes classes sociales ( le voyou est doté de certaines valeurs morales), tandis que le fils du patron n'hésite pas à tenter d'acheter les faveurs de son employée.
Ozu montre aussi son attachement et sa croyance en l'amour comme sentiment majeur de l'existence.
La fin est déjà remplie d'espoir, malgré son aspect dramatique ( ce sera la marque de fabrique du cinéaste à la différence de celle inverse de son confrère de talent M. Naruse).
Certes, on Ozu n'atteint pas ici le standard des opus de haute volée qu'il signera à la fin de sa carrière, mais " femmes et voyous" n'est surtout pas un film de seconde catégorie du maître.
Le spectateur amateur de films du patrimoine et surtout de la période de l'âge d'or du cinéma japonais, ne le manquera pas, d'autant que la restauration technique est vraiment formidable.