Scarface fait parti de ces œuvres dont je peux (avec beaucoup d'efforts) comprendre le statut culte, mais pas la renommée... Écrivant cette critique à chaud (seulement quelque minutes après le visionnage), je suis surpris de constater que, malgré son statut de chef d'œuvre (mot à prendre avec des pincettes...) Scarface est un film plutôt inégal en fin de comte. Brian de Palma à indéniablement accouché d'un film maîtrisé, prenant à "certains moments", dont le style de réalisation très 70s donne au film un côté kitch de plus original et intéressant. Je ne suis pas un grand défenseur de ce réalisateur, mais je ne peux qu'admirer l'application avec laquelle il a mis en images le scénario d'Oliver Stone. En particulier lors de la séquence finale épique et grandiose, et qui constitue un climax des plus réussi. La construction de l'histoire (très similaire aux codes du film de mafia "Scorsesien"), sera malheureusement le 1er défaut du film à souligner. Scarface est un film construit d'une manière très étrange, en particulier d'un point de vue rythmique. Hormis quelques fulgurances (la séquence de fin, la mort de "BIIIP"...), le film se révèle très long dans son déroulement, laissant tout de même le spectateur se plonger dans près de 40min d'acte 1 (autrement dit, 40min avant l'entrée du personnage dans la mafia). Les ellipses sont très mal utilisées, ne nous laissant rien entrevoir de l'ascension du personnage, se concentrant uniquement sur le commencement et la fin de son aventure, laissant totalement de côté la construction de l'empire de Montana (le sujet principal d'un film sur le trafic de drogue...mais bon). Préférant laissé traîner son scénario en début de film (je vous jure que j'ai faillis arrêter...), Oliver Stone montre qu'il ne sait pas amener les différentes séquences avec intelligence. Dans l'ensemble, celles-ci sont plutôt réussites, mais le fil invisible qui les relient se révèlent plus que casse gueule, en particulier lorsqu'il s'agit d'amener la fin, pourtant si jouissive... De plus, les différentes analyses du film sur le rêve américain, et la mégalomanie humaine sont elles aussi, mal amenées, bien que non dénuée de pertinence. Et je conclurai en vous disant qu'Al Pacino qui fait des grimaces pendant 3h en disant fuck dans toute ses phrases. Bon... Scarface est un film, plutôt bon. Mais c'est également un film long et plutôt mal construit, qui sauve heureusement ses défauts par sa fin, si grandiose. Culte ? On va dire que oui, même si je reste extrêmement dubitatif. Chef d'œuvre ? Non, clairement pas.