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pierrre s.
444 abonnés
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2,0
Publiée le 26 avril 2018
Pour le coup, tout est dans le titre. Bergman fait du silence le personnage principal de son film. C'est intéressant au début, mais au bout d'un moment ça devient chiant...
Le cinéma d'Ingmar Bergman est réputé austère et parfois hermétique. Ce n'est certainement par une vision du "Silence" qu'il faut aborder l'œuvre du maitre suédois si l'on veut échapper à cette définition. Dans un pays en guerre indéfini, Ester (Ingrid Thulin) et Anna (Gunnel Lindblom) deux sœurs que tout oppose voyagent en compagnie du fils de cette dernière. La maladie d'Ester les oblige à s'arrêter dans un palace d'une ville assiégée. L'opposition entre le corps et l'esprit ainsi que l'incommunicabilité entre les êtres sont deux thèmes majeurs de l'œuvre de Bergman. Ils sont l'essence même du "Silence", le film avec lequel Bergman entre dans une certaine radicalité qui trouvera toute sa force d'expression et sa reconnaissance critique dans "Persona" trois ans plus tard. Avec son directeur de la photographie favori Sven Nykvist, Bergman filme les corps comme personne et oppose de manière brutale la sensualité d'Anna à la sécheresse d'Ester. Au milieu du dilemme insoluble qui semble régir la relation entre les deux sœurs dont Bergman ne nous dira rien de ses racines passées hormis une relation incestueuse faiblement mise en lumière par une allusion d'Ester, le jeune Johann (Jorgen Lindström) explore les couloirs de l'hôtel où il fait de curieuses rencontres aussi drolatiques (le vieux serveur, les nains forains) que peut être tragique le drame qui se joue dans la chambre où il doit naviguer entre les humeurs brutalement changeantes des deux femmes. Brutal et angoissant le film fera scandale et Bergman sera même accusé de pornographie. Il s'agit bien sûr de tout autre chose.
Ingmar Bergman a souvent fait dans l'épure et dans ce domaine "Le Silence" est certainement un de ses sommets. Un scénario qui tiendrait sur trois lignes et demie, surtout peu de dialogues (c'est pas pour rien que ça s'appelle "Le Silence" !!!), peu de personnages importants, un contexte de guerre civile très vague... En ressort un film assez intelligent sur l'incommutabilité, intelligent parce que le réalisateur place l'intrigue en terre étrangère dont les trois protagonistes ne parlent pas du tout la langue, et aussi beaucoup plus optimiste qu'il n'y paraît car il montre qu'on peut malgré certaines barrières, dont celle des langues, réussir à communiquer. D'ailleurs dans cette optique, le personnage du maître d'hôtel exubérant est très touchant... Et pour ceux qui sont amateurs de sensualité à travers des corps suintants, ils seront très bien servis par les séquences avec Gunnel Lindblom.
"Le Silence" apparaît comme un film de rupture pour Ingmar Bergman, décidé à être moins cérébral et plus sensoriel. Ce virage s'opère dès les premières minutes et l'ouverture dans un wagon de train où des corps fatigués se reposent. Deux femmes (on apprendra plus tard qu'elles sont sœurs) et un enfant sont présents; ce dernier sort dans le couloir, chose qu'il ne cessera de faire à l'hôtel dans lequel se déroule la majeure partie du film. Sa première "excursion" est tout à fait mentale; par-delà la vitre, des visions de chars défilent à toute vitesse, à tel point que l'image devient abstraite, pure inspiration expérimentale d'un metteur en scène qui annonce la couleur. S'il est difficile de commenter les passages énigmatiques du petit Johan dans les couloirs de l'hôtel – il rencontre une troupe de nains accueillante, un employé d'hôtel qui l'effraie –, il convient plutôt de jouer la carte de la sécurité critique en affirmant que ces apparitions dévoilent une forme d’innocence offrant un contrepoint à la relation étouffante entre deux adultes qui s'épient et se jalousent. Le caractère tumultueux du rapport existant entre Ester et Anna tient à une question corporelle, incluant le désir et la séduction : Ester étant malade, elle ne peut quitter sa chambre et doit subir des crises qui lui sont physiquement et psychologiquement insupportables; elle ne peut s’empêcher de scruter le corps souvent dénudé d'Anna qui, elle, n'hésite pas à sortir de l'hôtel pour mettre sa sensualité à l'épreuve. Après avoir vu un couple faire l'amour devant elle – on n'a pas souvenir d'un moment aussi charnel chez Bergman –, Anna s'adonne à un barman qui lui avait précédemment fait comprendre ses intentions. Il est donc plus question de corps que de parole, et pas simplement parce que le fait que les personnages se retrouvent dans un pays étranger complique le dialogue mais bien car ces deux sœurs n'ont plus rien à se dire (l'explication finale tourne d'ailleurs court). Même la présence de l'enfant ne suffit plus à amoindrir les humiliations réciproques, lui-même dépassé par une mise en scène qui, par le hors-champ, des cadres serrés et des jeux de regards fuyants, aura progressivement marqué la distance croissante et irrévocable entre les deux femmes. Film brillant et exigeant, "Le Silence" peut être vu comme un travail préparatoire au chef-d'oeuvre qui sortira trois plus tard, le déroutant "Persona".
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4,0
Publiée le 28 juin 2008
C'est l'une des oeuvres essentielles de Bergman! Pour le dernier volet de sa trilogie "films en chambre", après "A travers le miroir" et "Les Communiants", le cinèaste suèdois rèunit Ingrid Thulin et Gunnel Lindblom, ses actrices fètiches du dèbut des annèes 60! Dans ce huis-clos oppressant, il limite les dialogues au minimum et filme l'ètat de crise de deux soeurs, l'une renfermèe, l'autre impudique et sensuelle! Deux femmes face au silence de dieu entre rivalitès et dèchirements ou seuls, la haine et le mépris, règnent désormais dans un silence assourdissant dont les objets tiennent ici une place particulière! Tournè en noir et blanc, où les visages retrouvent leur èclat sous l’ombre et la lumière, ce classique important qui se voudrait muet, traduit parfaitement l'impossibilitè de communiquer cher à un certain Antonioni...
Extraordinaire ! Le Silence, c'est l'ennui dans son pouvoir de fascination le plus total. Une nouvelle fois Bergman nous plonge au coeur de l'âme humaine, accompagné de trois acteurs remarquables et du grand Sven Nykvist. Tout commence par ce terrible prologue dans le train : paysage sonore, efficacité terrassante, enfant délaissé par deux femmes dont on apprendra par la suite le lien de parenté... Et puis il y a l'hôtel, lieu du vide qui réveille l'ennui, l'angoisse et la souffrance de nos trois visages. Boîte de Pandore discrète, évocatrice. Bergman filme les tourments d'Ingrid Thulin sans la moindre complaisance, sans le moindre mépris. Elle souffre non pas au contact de sa soeur mais bel et bien à celui du présent, présent inévitablement lié au passé, présent indissociable du silence. On sent dans ce film admirable les prémices de Persona et de Cris et Chuchotements : car la parole est l'arme indispensable à l'équilibre, l'incarnation parfaite de la bienveillance d'une nourrice à l'égard de sa maîtresse. Le silence, impitoyable, n'est qu'un chaos fantomatique. Un chef d'oeuvre.
Parfois, l'histoire d'un film est aussi passionnante que celle qu'il détaille. Dans le cas de Le Silence, c'est l'histoire de son visionnage qui est amusante ! Je devais le voir comme faisant partie de la thématique von Sydow puisqu'il était dans sa filmographie Wikipédia. Mais c'était une erreur. Une erreur heureuse toutefois, parce que la langue parlée dans le film, dont je n'ai su déterminer la nature (j'avais fini par opter pour le lituanien...) est une langue inventée par Bergman lui-même ! Une magnifique anecdote qui concilie encore mes passions par des voies détournées.
Pour en venir à mon avis sur le film, Bergman est décidément un bon réalisateur. L'œuvre s'appelle Le Silence, mais jamais les petits mots n'ont-ils encore été aussi bruyants chez lui ; pas besoin pourtant d'être attentif, car le film aura clairement indexé la chose importante dans le cerveau du spectateur. De détail en allusion, une image se dessine, une image alimentée par tout ce qu'on sait sans comprendre – les tanks, la langue, la maladie, certaines relations entre les personnages, la raison même de la présence d'autres... Mais fallait-il pour autant qu'il y en ait tellement, de détails et d'allusions ?
Sacrifiant sa lumière chérie à un huis clos où tout n'est pas toujours très clair, Bergman opte pour un rythme lent dont le remplissage, s'il est bien là, manque de densité. Il aurait sans doute été bénéfique de laisser plus de place aux acteurs, car Ingrid Thulin est - comme toujours ? - au sommet de ses capacités dans un rôle maladif, et Jörgen Lindström lui donne une digne réplique de douze ans d'âge.
Le film se passe dans un hôtel avec un couple, un enfant, et une exploration psychologique et évolutive de ses protagonistes. The Shining ? Si on veut... mais sans brillance.
Deux sœurs que tout oppose et le fils de l'une d'elle se retrouvent en transit dans un hôtel. Un huit-clos sombre mais peu captivant sur l'incommunicabilité et les frustrations.
De la question du rôle de la parole dans la communication, Ingmar Bergman réalise «Tystnaden» (Suède, 1963). Deux sœurs, accompagnées du fils de l’une, regagnent leur foyer et font une halte dans un pays étranger dont elles ignorent l’idiome. De l’arrivée en train, Bergman expose la situation en plongeant ses protagonistes dans un noir et blanc charbonneux qui trace les lignes des visages et figurent les saillies de l’âme. A l’accoutumé du cinéma de Bergman, les figures sont les expressions des âmes, le regard en état la voix suprême. Ainsi le film s’articule non plus autour d’une communication parlée, la langue n’étant qu’un frein aux échanges universels, mais autour d’une communication "visagé", ressentis. C’est de ce décalage entre le portrait des actrices et leurs paroles que se nourrit le conflit. Suite à leur voyage en train, les trois protagonistes principaux domicilient dans un hôtel. Là se met en place l’ennui et l’angoisse de leur confidentialité, les crampes de leur rapport et les artifices de leurs paroles. Le peu de texte dont privilégie le film sert à souligner la contingence du discours oral, la parole étant réduite au fardage caduc du silence. Tout n’est que silence dans ce film de Bergman, créant, par surcroît à l’esthétique, un film muet où les gestes sont les mots du discours. «Tystnaden» illustre également les rudesses du couple. Ici couple fraternel, leur déchirement n’en est que plus passionnel, car simultanément que l’une blesse sa soeur, elle se blesse elle-même. Tandis qu’Ester, malade, ivrogne et intellectuelle souffre d’une frustration sexuelle, Anna, mère de l’enfant, use de ses charmes pour assouvir ses désirs. Bergman souligne ainsi l’opposition du désir accomplis au désir inassouvi. Et la morale divine n’est pas là pour sauver les personnages, les délaissant à une conclusion immorale. «Tystnaden» est l’explosion lancinante d’un conflit familial où l’enfant est le témoin innocent, constatant objectivement l’œuvre du Dieu mort.
L'homme souffre et Dieu se tait! Le silence! De la même manière que, selon Luther, le Père a abandonné son Fils sur la Croix (cfr «Les communiants»), Dieu abandonne sa créature à son autonomie et aux affres résultant des limites de sa condition propre. «Le silence» (1963) de Bergman, troisième volet de la fabuleuse trilogie de chambre, évoque ainsi la déréliction de l'être humain en la personne de deux femmes et d'un enfant qui, voyageant, se réfugient dans les chambres d'un hôtel d'un pays en guerre. Et le réalisateur suggère alors les haines, les souffrances physiques, les névroses, les rancoeurs et les désarrois d'Ester (merveilleuse Ingrid Thulin!) et d'Anna (Gunnel Lindblom) qui s'entre-déchirent sous le regard de l'enfant, lequel cherche à se réfugier dans les couloirs de l'hôtel prenant les allures fantastiques d'un cocon onirique. On a rarement été aussi loin dans la suggestion du non-sens, du désespoir et de l'oppression étouffante, dont la chaleur qui accable les personnages du film est la brillante métaphore. On ressort d'un tel spectacle à la fois éreinté, tant Bergman parvient à nous faire ressentir physiquement l'accablement de ses héroïnes, et émerveillé par la splendeur de la réalisation cinématographique. Les images, souvent à la lisière du fantastique, sont à la fois surprenantes et superbes et la seule musique, qui évoque ponctuellement comme une manière de paradis perdu étrangement apaisé, est bien sûr de Bach. Encore un chef-d'oeuvre absolu de maître Ingmar! On ne les compte plus...
Bergman a réalisé beaucoup de films sur l'impossibilité de communiquer entre deux personnes (avec une favorite : l'absence de communication au sein de deux personnes liées par des liens familiaux), avec notamment Sonate d'automne qui reste peut-être le plus célèbre d'entre tous. Cette thématique chez Bergman est apparue avec "Le Silence", où cette fois-ci il s'agit de deux sœurs qui ne parviennent à communiquer. De ce que j'ai vu chez Bergman, je crois que j'ai finalement du mal avec ce pan là de cette filmographie, car si je vois bien ce qu'il veut nous montrer, cette solitude de deux personnes qui ne parviennent pas à parler l'une / l'autre et cette folle montée dramaturgique qu'il en résulte pour, au final mais cette absence de dialogues, ces visages qui se transforment en grimace quelques fois (et oui, il faut bien le reconnaitre) ne font pas qu'agacer les personnages du film mais aussi le spectateur qui, une fois qu'il a compris où voulait en venir Bergman, n'a plus qu'une chose à faire : attendre.
Déception. Beaucoup d'attentes autour de ce film qui me paraissait le plus Bergmanien de sa filmographie au vue du synopsis. La beauté des actrices et de la mise en scène peuvent surprendre et plaire 40-45 minutes mais pas plus. Faut dire que la filmographie du suédois ne peut pas se prendre dans tout les sens, après Persona, Monika ou l'Heure du loup, il m'était difficile de passer à autre choses. Ici, si l'on veut être sévère, on reste un peu sur notre faim. Même si parfois on a parfois l'impression de regarder l'Avventura d'Antonioni ou le Ruban blanc, ce qui n'est pas rien donc. Le Silence est une expérience sensorielle étrange que seul Bergman pouvait mettre en scène. A voir par curiosité pour les fans mais à éviter pour les non-initiés à mon sens. Pour résumer, beau, intelligent mais ennuyant. Dans le même genre si vous avez le choix entre un Godard et un Bergman, prenez tout de même le Bergman, vous irez vous coucher un peu moins bête. J'irai jusqu'à dire qu'il faut avoir le talent de voir ce film et de le regarder jusqu'au bout.
Les relations ambigües et compliquées entre deux sœurs : ascendant de l’aînée dépressive et frigide, à pulsions homo, vs cadette dominée et culpabilisant de vouloir vivre. Difficultés voire impossibilité de communiquer, même à travers un gamin. Comme souvent avec Bergman, c’est original, bien filmé, lent et parfois ennuyeux.
"Le silence", chef-d'oeuvre de Bergman sur la crise et l'incapacité qu'ont deux soeurs à communiquer. L'une est complètement renfermée, l'autre est carrément impudique voire délurée. Très peu de dialogues et une ambiance particulière dans ce film. Les deux actrices sont formidables.
Comme beaucoup de films de Bergman, l'introduction est longue, l'intrigue se dévoile peu à peu et le film monte en intensité. Mais cette fois la première moitié est vraiment sans intérêt et ne nous dévoile rien. Pour tout autre metteur en scène, j'aurais certainement décroché avant la fin. J'ai l'impression que ce film est surcoté car il s'agit d'un film d'Ingmar Bergmar, vu par de grands amateurs du cinéaste.