"Un monde parfait" rappelle un peu "Witness", en 1985 avec, dans les deux cas, un petit garçon, membre d'une secte, se retrouvant tout d'un coup plongé au coeur de la violence et du crime. Chez Peter Weir, Samuel était mormon ; chez Clint Eastwood, Philip est témoin de Jehovah. Mais la ressemblance s'arrête là, car si l'un, parfaitement abouti et construit, très crédible aussi, distillait l'angoisse et fascinait le spectateur, l'autre est bien tiède en comparaison. Quel dommage que le grand Clint ait à ce point versé dans le pathos et le sentimentalisme. A trop jouer les tire-larmes, il semblerait qu'il en ait un peu oublié le scénario. Du coup, son histoire d'amitié entre un prisonnier évadé et un enfant otage déguisé en Casper, qui par empathie devient son compagnon de cavale, apparait plutôt mièvre et fort peu crédible. A leurs trousses, embarqués dans une espèce de "baleine d'argent" futuriste avec des agents du FBI, un texas ranger macho (Clint Eastwood, toujours du côté de l'ordre), flanqué d'une criminologue au caractère trempé (Laura Dern, "Jurassic Park"). Tout ce petit monde se révèle si maladroit qu'ils se font balader pendant tout le film par Butch et son mini-Kid. On comprend le traumatisme lié à l'enfance et la bascule du héros du côté obscur. On saisit sa part d'humanité et le fait qu'au fond il n'est pas mauvais. On voit bien aussi sa rédemption. Par contre, on a vraiment peine à croire à la tranformation du gamin timoré en petit caïd endurci. Et puis T. J. Lowther surjoue, ses grimaces sont trop appuyées. Quant à Kevin Costner, parfait en bad boy au grand coeur, il trouvait là un rôle taillé sur mesure. Même si l'on se laisse souvent attendrir par ce road-moovie au fort potentiel lacrymogène, on n'est pas dupe quant au fait qu'il a été clairement pensé pour cibler le coeur du spectateur. Avis aux émotifs : dénouement tragique, boîte de kleenex recommandée.