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chrischambers86
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5,0
Publiée le 23 août 2013
On ne peut pas voir un chef d'oeuvre tel que "La nuit des forains" sans avoir le dèsir immèdiat de se plonger dans l'intègralitè du cinèma de Ingmar Bergman dont l'existence tout en clair-obscur fait corps avec la lumière contrastèe de ce film magique! La reconnaissance internationale, Bergman l'obtiendra seulement en 1956 grâce au festival de Cannes pour son "Sourires d'une nuit d'ètè". Trois ans auparavant, il signait pourtant dèjà un pur joyau du 7ème art qui traite, en essence, de la tolèrance sous des formes dèroutantes! Dèroutante aussi la partition de Karl-Birger Blomdahl, cèlèbre compositeur de musique contemporaine, qu'on peut difficilement oublier! Ici, ce sont les prèoccupations morales et mètaphysiques qui prèdominent dans "La nuit des forains" où Bergman a brulè les ètapes et parcouru en quelques annèes un cycle crèateur qui laisse pantois! S'il n'y avait qu'une seule scène à retenir dans toute l'Histoire du cinèma suèdois, ce serait peut-être l'histoire relativement brève de la dèconvenue du clown Anders Ek dont l'èpouse, dans le plus simple appareil, est la risèe de la troupe de soldats indisciplinès! Une scène ou plutôt un fracassant moment de cinèma car tout ceci est racontè comme à l'èpoque du cinèma muet! Ambitieux et sublime...
Dans l'univers du cirque au cinéma, il y a bien sûr l’indétrônable "Freaks" ; mais il ne faudrait pas non plus oublier "La Nuit des forains". Réalisé en 1953, celui-ci est souvent vu comme l'un des premiers films importants d'Ingmar Begman ; sans être un chef-d'oeuvre, il est vrai qu'avec "Jeux d'été" sorti deux ans plus tôt, il est de ceux où l'on décèle une réelle maturité. Bergman y prouve en tout cas sa sincère cinéphilie. En début de film, l'épisode sur la plage raconté chemin faisant semble une évocation du cinéma muet ; on peut même y voir une référence à "Dumbo" dans la phase d'édification du cirque. Le coeur même de l'oeuvre reprend un des thèmes fétiches du cinéaste, à savoir une dispute, puis une réconciliation conjugale. C'est dans cette veine qu'il déploie son indiscutable talent de conteur ; il nous raconte une histoire et une belle histoire. Et même si celle-ci observe un certain déclin dans son dernier tiers, il est difficile de résister au charme de l'égérie bergmanienne Harriet Andersson.
J’ai du mal avec le cinéma de Bergman. Pas parce qu’il est sans intérêt, mais justement parce qu’il est TROP intéressant. Photographie somptueuse, sens de la composition jamais pris en défaut (l’influence de l’expressionnisme allemand est incontestable) : formellement, "La nuit des forains" est une leçon. Un contenu intellectuel de haut niveau, avec cette réflexion sur le tragique et le ridicule, l’opposition entre les forains qui passent et les habitants qui restent. Quelques séquences fortes, comme lorsque le clown Frost (immense Anders Ek, un des acteurs fétiches de Bergman) va repêcher sa femme partie se baigner avec des soldats et la porte, pieds nus sur des cailloux, jusqu’au sommet d’une colline qui rappelle furieusement le Golgotha. Et pourtant, je n’adhère pas vraiment. Sans doute ce côté trop évidemment intellectuel, réfléchi, cette absence de spontanéité. Avec Bergman, tout est signifiant, et je passe mon temps à me demander ce qu’il veut montrer. Les acteurs sont parfaits, mais leur jeu est tellement sous le contrôle du réalisateur qu’on a le sentiment d’avoir affaire à des sortes de marionnettes. Tout est brillant, mais où est le simple plaisir de se laisser porter par un film ?
La nuit des forains” est généralement reconnu comme le premier grand chef d’œuvre d’Ingmar Bergman. L’auteur emprunte tel Tod Browinng (« Freaks », 1932) ou Edmund Goulding (“Le charlatan”,1947) avant lui , le chemin de l’univers des petits cirques itinérants pour livrer sa vision du monde du spectacle dans ce qu’il a de plus simple, de plus direct mais aussi de plus sombre. Si Tod Browning s’était intéressé au triste sort réservé aux monstres de foires quand ceux-ci en constituaient encore l’attraction principale et Edmond Goulding au fantastique par le truchement des magiciens et des diseuses de bonne aventure entourant les gens du milieu d’un halo de superstition, Bergman lui, sonde les relations amoureuses douloureuses de ces nomades de pauvre condition. Le film commence par le récit quasi allégorique d’un fait divers qui remue la petite troupe depuis qu’Alma la femme du clown Frost lui a fait subir la pire des humiliations en se baignant nue en compagnie d’un régiment en exercice. Le thème de la honte qui va imprégner tout le film et une grande partie de l’œuvre du cinéaste est ici évoqué de la plus mortifère des manières, le pauvre clown ne trouvant plus sa voix pour laisser échapper ses sanglots et devant être porté pour un long chemin de croix par ses compagnons du cirque venus se nourrir de son ridicule. Ce cauchemar traumatique fait sans doute écho à l’éducation très rigide reçue par Bergman où la punition était monnaie courante. Le récit initial narré à Alberti (Ake Grönberg), le directeur du cirque absent au moment de l’évènement est annonciateur des humiliations que lui-même devra subir dans un avenir proche alors qu’il doit penser à la survie de sa troupe qui crie famine et surtout revoir ses enfants qu’il n’a pas vus depuis trois ans après qu’il ait abandonné sa femme pour la jeune et très sensuelle Anne (Harriet Andersson). Vieillissant, Alberti songe à abandonner la direction du cirque et à retrouver sa femme Agda devenue prospère depuis qu’elle a quitté le monde forain. Ce parcours tortueux va comme pour le clown Frost s’apparenter à un chemin de croix. Au plus près de ses personnages qu’il a voulu très normaux pour favoriser l’identification du spectateur, Bergman filme les tourments de l’âme humaine quand elle est soumise à la frustration, la honte, l’envie, le désir ou le regret. Ayant fait appel pour l’occasion au tout jeune mais talentueux directeur de la photographie Sven Nykvist, Bergman à l’instar des illustres aînés cités plus haut enveloppe cette lente descente dans les tréfonds de l’âme du pauvre Alberti, d’un noir et blanc somptueux rappelant la perfection esthétique atteinte à la fin du muet par Lang, Eisenstein , Borzage ou Murnau. Ce n’est sans doute pas un hasard si le préambule est quasiment muet et si l’ombre tutélaire de Rudolph Valentino en cheik, guide la dernière parade du cirque repartant sur la route. Un grand film, aussi humaniste que parfait dans sa forme.
L'ultra récurrent et éternel thème bergmanien du couple, ici traité dans son aspect le plus cauchemardesque, avec une grosse dose d'Expressionnisme, une bonne pincée de masochisme et une petite réflexion sur le statut d'artiste, et le tout dans le milieu du cirque, d'un cirque minable. Le flashback, dont la photo très ensoleillé donne l'impression d'assister à un mauvais rêve, marque des débuts retentissants de la collaboration d'Ingmar Bergman avec celui qui deviendra son directeur de la photo attitré Sven Nykvist. Difficile d'oublier aussi la silhouette hyper-sensuelle d'Harriet Andersson, qui justifie l'existence de la Suède à elle seule, dont rien que la première scène où elle apparaît est un moment d'érotisme fort. Noir, pessimiste, décadent, cette "Nuit des forains" ne peut pas laisser indifférent.
La Nuit des Forains fait figure de véritable chef d'oeuvre dans la filmographie du regretté Ingmar Bergman. Un peu comme au temps du muet, les images sont d'une lourde puissance évocatrice ( notamment dans la séquence du clown et de sa femme ). Pourtant, la poésie des dialogues et la musicalité de la langue suédoise y sont deux atouts majeurs : Bergman n'avait pas son pareil pour tirer la beauté des mots. La Nuit des Forains traite bien sur de la passion ( nostalgie maladive du personnage d'Alberti pour la femme qu'il a délaissé , possession de sa compagne Anna...) mais aussi d'une certaine cruauté existentielle : c'est une mise à nu de la condition humaine exercée tout en pudeur, sans fioritures. La complexité des rapports qu'entretiennent les personnages entre eux est particulièrement redoutable : l'empathie s'éprouve à chaque plan, sur chaque visage ( visages sublimés par la lumière radieuse de Sven Nykvist ). Ingmar Bergman, cinéaste de l'intimité, pourvoyeur de bons goûts, a réalisé le magnifique portrait d'une troupe de saltimbanques : un film théâtral mais aussi un film de cinéma. Excellent.
La Nuit des forains est l'une des merveilles de première partie de la carrière d'Ingmar Bergman. La photographie très contrastée de Sven Nykvist est un enchantement visuel. L'une des premières séquences, suivant l'esthétique du Cinéma muet, joue avec la lumière du soleil et le son des canons d'une garnison. Tragi-comique, elle est un excellent prologue au film, une sorte de chemin de croix accablant par la chaleur et l'humiliation. L'histoire, pathétique comme jamais chez Bergman, raconte comment le directeur d'un cirque décide de revoir ses trois enfants et sa femme, depuis que cette dernière, lassée d'une existence nomade et nécessiteuse, a abandonnée la vie conjugale pour s'établir en ville. Les retrouvailles sont amères, d'autant plus que la jeune maîtresse du directeur Alberti (Harriet Andersson, toujours décolletée jusqu'au nombril) manifeste elle aussi sa volonté de changer de vie. Cet aspect de l'argument rappelle un autre film sur le thème du cirque sorti la même année, Man on a tightrope d'Elia Kazan. Jaloux du nouvel amant de sa maîtresse, Alberti affronte cette espèce d'Hamlet blafard. La Nuit des forains oppose ici le monde du cirque, familial mais indigent et lamentable, au monde du théâtre, snob mais élégant. Humilié et offensé, Alberti tente vainement de se suicider. De dépit, il décide de quitter la ville au plus vite et sans parvenir à se réconcilier réellement avec Anne. La Nuit des forains, l'un des plus noirs de Bergman, annonce d'autres chefs-d'oeuvres à venir, notamment Le Visage, qui relate lui aussi l'humiliation d'une troupe de saltimbanques.
Et encore un Bergman qui ne deçoit pas et même surprend par son audace formelle, ses quelques ingénieux cadrages sublimant aussi bien paysage que personnage. Harriet Andersson à ses débuts dans l'un se ses meilleurs rôle bien aidé il est vrai par son mari l'autre personnage principal, l'excellent Ake Gronberg que je découvrai à l'occasion hier soir. Le thème des forains semble avoir été traité avec justesse, une vraie empathie se dégage de cette joyeuse troupe sur chaque scène. Un des dix meilleurs films de Bergman assurément.
Bergman n'a jamais prétendu être un cinéaste avant tout mais d'abord et surtout un metteur en scène de théatre utilisant les possibilités du cinéma pour développer de nouvelles formes narratives et expressives. Sa filmographie contient donc une petite dizaine de petits films réalisés tout au début de sa carrière qui, bien qu'intéressants, sont des ébauches à valeur expérimentale en un sens. "Ville Portuaire", "Musique dans les Ténèbres", "Vers la Joie" y figurent. Mais dès 1950, Bergman signe un premier chef d'oeuvre avec "Jeux d'été" qui sera suivi par deux autres bijoux: "Monika" et "L'Attente des Femmes". Et vint ensuite "La Nuit des Forains", souvent oublié, car précédant de peu le génial "Sourires d'une nuit d'été". Pourtant, tout est déjà là de ce qui fera de Bergman le cinéaste que l'on aime et connaît pour des oeuvres comme "Les Fraises Sauvages" ou "Persona". Les plongées dans la psyché de ses personnages, les jeux et drames du désir, les élans de noblesse inséparables des moments de bassesse, et cela fondu en une réalisation où tout les éléments sont maitrisés (photo, cadrage, montage). A voir et à revoir pour ceux qui apprécient le maître.
Scène bouleversante: Sachant la tromperie de sa femme, le directeur d'un cirque décide de déballer un pistolet pour le braquer après l'avoir conseillé de tuer sa femme, sur son compagnon de profession en lui demandant s'il a peur de la mort. Dès lors, la caméra de Bergman se fixe largement sur le visage du compagnon appeuré ( je ne sais quel acteur joue ce rôle mais il est magnifique) et expose tout le dramatisme et la férocité pathétique que l'oeuvre renferme en répondant à son supérieur hiérarchique que oui , il a peur de la mort. "Gycklarnas Afton" considérée comme l'oeuvre majeure de Bergman , montre un univers délaissé , celui du spectacle et tout particulièrement celui du cirque , où chez le réalisateur suédois , les clowns ne riront jamais. En faillite totale, sans un sou, presque tous à la rue, subissant risées et sarcasmes permanents de la part des civils, de la police mais surtout des activistes de l'Art du spectacle au statut supérieur , c'est à dire du Théâtre , les forains sont cruellement victimes d'une société qui ne veut pas d'eux. Chef d'oeuvre atypique, dur jugement d'une société impitoyable , bordé d'acteurs prodigieux et d'une réalisation extraordinaire. Film majeur de Bergman et du septième Art tout court, la nuit des forains qui se finira en un duel tragiquement injuste , est une oeuvre capitale qui me laisse totalement subjugué.
Plongée dans la résignation désespérée d'une troupe de cirque itinérante où se démarquent deux couples las d'eux-mêmes ce drame profondément désabusé illustre une fatalité apparemment inexorable au fur et à mesure que la noirceur augmente. D'une âpre épure, la réalisation se distingue dans deux séquences magistrales, l'une au théâtre où la vérité n'a pas cours, et l'autre au sein d'une troupe gaillarde de soldats cruels. Empruntant aux codes du muet permettant une explication par l'image et la symbolique tant des détails que de la musique, Bergman joue de la mise en abîme dans un microcosme sociétal fort peu enviable. Une fable qui n'a rien de merveilleux...
Le travail sur l'image est simplement énorme et l'ambiance suit. Cependant le scénario reste faible et surtout souvent accompagné d'un jeu d'acteurs très théâtral, pas toujours justifié.
Un film dur au pessimisme ambiant assez écrasant. Beaucoup de thèmes sont abordés ici, notamment en ce qui concerne la vie de couple et ses écarts. Bergman, à la manière d'un film muet, s'appuie énormément sur la puissance des images pour souligner son propos, des images évoquatrices du malaise régnant autour de cette troupe de cirque ratée accumulant les problèmes financiers et les drames. Un film il est vrai peu accessible mais très fort, un très bon Bergman.
Superbe, encore une fois du grand Bergman: la mise en scène est pafaite, les éclairages superbes et le jeu des comédiens excellent. La scène de flash back au début du film inspirée du cinéma muet mais utilisant de manière superbe le son des canons est une perfection de montage... Le film est maintenant restauré en copie numérique 2k ou 4k et l'on a l'impression de voir le film comme il devait être à sa sortie!
La Nuit des Forains fait partie de ces grands films vieillissants qui, sous leur patine, se révèlent intemporels de justesse et de beauté. Couramment désigné par la critique comme le premier chef d’œuvre de Bergman, c'est à juste titre tant ce film condense son cinéma. On peut y voir sans peine un prologue au Septième Sceau, tant dans les thèmes traités que dans l'esthétique, ne serait-ce que la séquence du chemin de croix du clown et de sa femme, qui ne peut que nous rappeler (enfin sauf si vous regardez La Nuit des Forains avant) la danse macabre du septième sceau : deux leçons de cinéma, l'une pour ouvrir, l'autre pour clore un film. En bref, voilà un film brillant de noirceur : l'oxymore est facile mais il est dans le génie de Bergman à utiliser le noir et blanc. Mention spéciale à la bande son terriblement juste, qui pourrait être jouée par les personnages entre trompette soliste, joyeux vacarme, et inquiétantes percussions.