Comédie de mœurs, tout le contraire de comédie romantique. Le talent d’Eric Rhomer est d’éviter la mièvrerie inhérente au genre. Il faut dire qu’il a un style bien à lui, une façon de filmer les situations et les gens, qu’on sent toujours une pensée derrière, un œil acéré et des choix précis, sans aucun flou artistique. Des dialogues avec des mots de tous les jours, des situations simples, qui deviennent on ne sait trop comment complexes. D’ailleurs cette façon de dire les textes, teintée de théâtralité, ce phrasé ce n’est pas la première fois que je vois ça chez Romer. C’est assez étonnant quand on sait qu’il ne demande pas aux acteurs de parler comme ça. Je pense que son dispositif impose une façon de faire quasi mimétique, qui fait que les acteurs doivent se dirent : « On est chez Romer, on dit des choses simples sérieusement ». Mais là je m’avance un peu. L’image est très belle, une lumière chaude et naturelle, l’automne filmé comme ça, on en redemande, le jeu d’ombre te de lumière à travers les feuillages, le vert des vignes, les murs clairs et chauds comme une peau.
Deux femmes, Isabelle et Rosine, une femme mûre et une plus jeune, cherchent à caser leur amie commune, à l’insu l’une de l’autre, je ne suis même pas sûr qu’elles se connaissent. Le résultat cherché n’est évidement pas à la hauteur de leur espérances.
On navigue dans le marivaudage le plus distrayant qui soit, et on apprend comment un homme et une femme peuvent se rencontrer sur la terre de France, ça peut aussi se faire par petite annonces. Déroulement sans conflit majeur, juste des situations possibles et probables, et cette fin ouverte avec ce regard fuyant rempli de non dit, pour le moins problématique. Jusqu’au bout on ne saura pas si Isabelle a craqué sur cet homme trouvé par petites annonces pour sa copine, et s’est donc faite piégé par son propre jeu.
Des fois cela fait du bien de voir un film sans un seul coup de poing, sans un meurtre, pas même une petite gifle, je vous dis. Enjoy!