Jacques Tourneur est un réalisateur appliqué, mais plus je découvre son cinéma et plus je me dis qu’il reste tout de même un habile faiseur de série B, mais qu’il n’est pas un cinéaste déterminant. Ce film ne fait pas exception.
C’est vrai le métrage, comme d’ailleurs pas mal de films d’aventure de l’époque n’est pas ennuyeux, et sait être divertissant. Jouant sur une tonalité douce-amère, avec de l’humour mais aussi une certaine gravité, ce qui est commun à pas mal de films de cape et d’épée du temps, le métrage est alerte, plutôt plaisant, avec quelques cascades originales. On ne peut pas dire que le film soit déplaisant à suivre donc, mais clairement l’histoire est rebattue, et ne surprendra guère, reprenant à mon sens trop d’éléments à Robin des bois dans sa trame narrative. Certes il n’est pas question de voleur volant aux riches pour donner aux pauvres, mais enfin on retrouve quasiment les mêmes personnages, et les mêmes ressorts narratifs, tant par l’histoire d’amour que l’identité du méchant.
Sur cette trame assez usée, le réalisateur parvient à faire un film propre, mais qui, là aussi manque d’une véritable identité visuelle. Les décors rappellent ceux de Robin des bois (et pour cause, certains furent réemployés), on ne croit pas franchement à certains costumes (celui d’écuyère de l’héroïne), et en dépit d’une belle photographie le film ne sort guère des sentiers battus. Tourneur signe une mise en scène de qualité cependant, et parvient à bien mettre en valeur les scènes d’action et les cascades, dont on regrettera du coup qu’elles ne soient pas plus nombreuses.
Le casting reste sûrement le meilleur atout du film. Si le méchant est assez classique et l’acteur dans une composition peu originale, en revanche le duo Lancaster-Mayo séduit, à la fois par le caractère plutôt moderne des personnages, et par les prestations des acteurs. Lancaster compose son personnage avec aisance, et Virginia Mayo se montre d’une belle subtilité, avec un rôle féminin dégrossi appréciable.
La Flèche est le flambeau n’est pas un film d’aventure déterminant des années 50, mais c’est, à ceux qui auront aimé le Robin des bois avec Errol Flynn une extension honorable. Je donne la moyenne, car c’est plutôt enlevé et bien joué, mais on reste sur un produit de base, qui ne parvient pas outre mesure à retenir l’attention. 2.5