En me lançant dans le visionnage d’Aragami, j’avais évidemment en tête Versus de Kitamura. Force est de constater que l’on est dans un tout autre style ici. Le réalisateur livre un métrage minimaliste, lent, mais pas complètement inintéressant.
Les acteurs assurent un travail tout un fait convenable, même si clairement ils n’ont pas non plus grand-chose à faire. Ils bavardent beaucoup, se tapent dessus de temps en temps, mais ils ont des personnages assez simples, peu d’émotions à retranscrire, et du coup, il est difficile de juger leurs prestations vraiment solides. Ils ont un certain charisme, une belle présence à l’écran, c’est déjà cela, et pour voir que le film repose tout de même essentiellement sur leurs épaules, ils tiennent la baraque.
Le scénario est audacieux, mais Kitamura n’arrive pas à exploiter pleinement le potentiel de ce huis clos. Son exercice est très difficile, et même s’il parvient à éviter les pires lacunes, malheureusement Aragami donne l’impression de ne pas être pleinement abouti. Il y a énormément de dialogues, et tous ne sont pas aussi intéressants que cela. Ca tire en longueur, Kitamura essayant de tenir la durée minimale pour faire un long métrage (le film dure avec les génériques 1 heure 15). C’est assez ennuyeux par moment, d’autant que les quelques scènes d’action ne sont pas très bien réparties. Elles peuvent s’enchainer en peu de temps, puis pendant une demi-heure laisser un grand vide. Par ailleurs la conclusion n’est pas très réussie, Kitamura n’ayant visiblement pas trop su comment achever son film. Il faut reconnaitre néanmoins un exercice courageux, et de bonnes idées qui nourrissent Aragami d’une réelle personnalité.
Visuellement le résultat est convaincant, mais trop monocorde. La mise en scène de Kitamura est efficace. La caméra bouge très bien, les combats sont fluides, et même lors de simples dialogues, le réalisateur fait des efforts sensibles sur les cadrages et les angles de vue. C’est raffiné. La photographie elle aussi est élégante, avec de très beaux choix de couleurs, notamment le violet et le gris. Malheureusement c’est là, comme pour les décors d’ailleurs, très restreints mais plutôt agréables, qu’Aragami est trop lancinant. Il ne se renouvelle jamais en cour de route, et du coup, ayant déjà un scénario lent et linéaire, le film parait monotone, constant jusqu’à l’excès. Il est important de préciser qu’Aragami n’a rien à voir avec Versus du point de vue du gore. En effet s’il y a des combats et quelques moments un peu violents, néanmoins cela reste très circonscris et le film est du coup bien plus grand public que le susnommé. Musicalement la bande son est assez médiocre. Peu présente, lorsqu’elle est là elle s’intègre mal au film et dessert même certains passages.
Pour conclure sur Aragami, c’est un essai audacieux de Kitamura, mais qui lui passe un peu au-dessus. Il n’est pas mauvais, loin de là, et on sent plus d’une fois qu’il y a de la matière. Le réalisateur ne maitrise toutefois pas pleinement son affaire, même si son efficacité de mise en scène est indéniable, et surtout, il a visiblement hésité entre le film d’art martiaux, et le film métaphysique. Le format long n’était surement pas le mieux adapté à cette histoire, mais je crois qu’il mérite la moyenne. 2.5.