Lorsqu'un agent de police ne parvient pas à résoudre un crime atroce commis dans un village allemand, il demande à interroger un dangereux tueur en série arrêté à Berlin...
En voilà un film bien surprenant et une agréable surprise, Christian Alvart livre avec Antibodies un thriller dérangeant et haletant de bout en bout. S'ouvrant sur la traque et la capture d'un tueur en série pédophile, Alvart s'intéresse peu à peu au lien qu'il y aura entre lui et un meurtre similaire où l'enquête n'avance pas. Il s'intéresse aux deux personnages, l'un, un flic légèrement looser, pas vraiment pris au sérieux et obstiné et l'autre, un dangereux assassin et, à l'image de Clarice face à Hannibal dans Le Silence des Agneaux, il met en place un jeu psychologique et dangereux entre les deux, où l'ascendant reviendra régulièrement au tueur.
Antibodies n'est pas non plus exempt de tout reproche, à commencer par quelques symboles et parallèles religieux un peu lourds, une fin guère convaincante et maladroite et surtout une opposition un peu trop exagérée entre le mal suprême et un flic très gentillet et naïf, mais pourtant l'ensemble fonctionne tout de même plutôt bien, reste efficace et sans temps morts. Les personnages sont intéressants malgré cette opposition manichéenne et, excepté le final, l'histoire est bien construite, avec un montage alternant scène avec le tueur et campagne plutôt bien foutu, tout comme l'alternance entre l'enquête et la vie privée du flic. Alvart ouvre plusieurs pistes, parfois totalement inattendus et le suspense reste intact de bout en bout.
Les personnages sont assez ambigus et Alvart laisse planer le doute sur leurs intentions tandis que les frontières entre le bien et le mal vont devenir de plus en plus floues. Mais la réussite de Antibodies tient beaucoup plus de sa mise en scène que de son scénario, Alvart met en place une atmosphère assez malsaine avec les meurtres mêlant pulsion, violence et pédophilie tandis que la tension est souvent présente dans les moments forts. Michael Martens est froid et inquiétant à souhait dans le rôle du tueur et impose sa présence à chacune de ses apparitions.
Merci bien à Lazein pour la découverte de ce film, imparfait mais dans l'ensemble efficace et haletant de bout en bout, notamment grâce à son atmosphère malsaine, dérangeante et prenante, ainsi qu'à l'ambiguïté planant régulièrement sur le récit.