Ce "river movie" (déclinaison fluviale du classique "road movie" ; une catégorie disparate allant de "Delivrance" à "La Rivière sauvage" ou encore, dans le même registre de tension affective entre deux protagonistes antagonistes, "The African Queen") ne tient pas toutes ses promesses, cédant hélas aux écueils du cinéma hollywoodien de l'époque (1954). En effet, la taciturne personnage incarné par un Mitchum (toujours excellent) doit apparemment se plier à un scénario caricatural en écoutant des instincts disons, animaliers, lorsqu'il se rue sur Monroe (conforme ici au cliché de la blonde impulsive qu'elle cultivait), alors qu'une autre histoire était évidemment possible, et souhaitable. Par exemple, faire durer ce face-à-face tendu et équivoque depuis la belle et tendre séquence de la grotte (il faut dire aussi que la belle est toujours à son avantage dans les contextes humides, comme en témoigne encore la fameuse scène de la piscine dans "Something's Got To Give") qui promettait tellement plus que ce qui s'ensuit : une succession de scènes prévisibles et déplaisantes (les indiens décimés par un tireur d'élite, meurtrier malgré lui, mais sans trop de scrupules non plus, il semble - "C'est notre terre", dit-il à l'idée que des indiens hostiles puissent avoir le culot de venir le déloger, lui et son fils retrouvé).
Une grosse incohérence vient en outre nous faire décrocher en cours de route : Kay (Monroe) déclarant de bute en blanc à Matt Calder (Mitchum) qu'elle connait tout de son passé criminel, alors qu'il est improbable qu'elle est pu - et même eut la curiosité - se s'enquérir d'une telle information, alors que leurs destins respectifs n'étaient pas appelés à se mêler. Dommage, même si je conçois parfaitement qu'il était nécessaire de trouver une ficelle scénaristique, si aberrante fut-elle, pour permettre ainsi le dénouement, si fortement explicite et, hum, "moral".
Bref, un film intéressant, certes frustrant et maladroit par moments, qui ne mérite probablement pas sa flatteuse réputation, mais que l'on peut toutefois recommander aux amateurs d'aventures et de survie en milieu hostile (même si, là encore, cela reste bon enfant).