Ce film n'est pas exempt de défauts. On peut même dire qu'il en contient sa petite pelletée. D'abord, il faut attendre un petit moment avant que ça trouve son rythme de croisière. Deuxièmement, le technicolor (alors utilisé pour la première fois, selon les écrits officiels) a pris un méchant coup de vieux dans le nez. Les scènes sur le radeau sont particulièrement édifiantes. Le film a été tourné en décor naturel, mais on a l'impression d'un décor studio. La réalisation n'est pas super super, on a connu Preminger bien plus inspiré. Et pour finir (avec les défauts les plus importants, je ne me concentre que sur les quatre principaux), la fin (j'vous jure que j'ai pas fait exprès les mecs). Avec
les grolles abandonnées
, on voit clairement qu'une dimension symbolique voulait être donnée. Le truc, c'est que ça tombe à plat et ça fait luc-luc la praline. Rien qu'avec ça, j'aurais de quoi cisailler le film comme il faut et le rhabiller pour les dix prochains hivers, mais je ne le fais pas. Parce que, malgré toutes les casseroles, ça fonctionne pas mal. Une fois qu'un rythme convenable est trouvé, on ne s'ennuie pas. Malgré l'aspect vieillot qu'elles se traînent et la mise en scène bancale, les séquences sur le radeau assurent comme il faut. Et puis, il y a ce duo d'enfer... Robert Mitchum et Marilyn Monroe. Le premier ne trouve pas le meilleur rôle de sa carrière, il reste cantonné à un rôle de macho primitif qui ne fait pas honneur à son talent. Mais son charisme bestial lui, est bel et bien intact. Quant à Marilyn, que dire... La beauté, la classe et la grâce en une seule femme, doublée d'une actrice formidable quand elle était dirigée fermement. Ici, Preminger (visiblement peu intéressé par le projet) la laisse en roue libre, mais elle s'en sort sans problèmes. Comme d'habitude, elle vampirise la pellicule comme aucune autre actrice ne savait le faire et, pour ne rien gâcher, elle pousse la chansonnette à quatre reprises, dont "River Of No Return", interprétée par Mitchum lui-même dans le générique du début. "Rivière sans retour", un classique ? Oui, ne serait-ce que pour ce duo d'enfer. Mais un grand film non, simplement un petit moment de sympa de cinoche à passer et c'est déjà bien.