« The Andromeda Strain » fait clairement partie des films qui ne plaisent pas à tous. En l’occurrence, il s’agit de hard SF avant l’heure ! Nous suivons une équipe de scientifiques, qui tentent de comprendre un micro-organisme extra-terrestre ramené par une sonde. Celui-ci ayant exterminé la population d’une petite ville, l’heure est grave… Soyez prévenus, le rythme est très posé. Il faudra environ 1h du long-métrage pour voir nos héros prélever les échantillons et atteindre leur laboratoire high-tech. S’en suivront des rebondissements essentiellement techniques (rappelons qu’il s’agit d’une adaptation de Michael Crichton). Les plus littéraires pourraient ainsi s’en trouver déroutés, et avoir du mal à accrocher. Mais le film est monstrueusement réussi dans son approche scientifique. Il décrit avec précision, réalisme, et pédagogie les étapes de nos héros (décontamination, démarche à adopter…). On y trouve également beaucoup d’équipements parfaitement plausibles, chose peu étonnante quand on sait que le film a été soutenu par des laboratoires bien réels. Et cette approche n’a rien de gratuit ou de documentaire. Elle permet de poser un univers crédible, de renforcer l’aspect paranoïaque et de charger des fusils de Chekov qui seront exploités dans le dernier acte, plus tendu. Tandis que quiconque a travaillé dans les sciences pourra tout à fait s’identifier aux personnages ou aux situations. Sur la mise en scène, Robert Wise renforce le sentiment d’exactitude et de paranoïa avec des plans très propres, qui proposent quelques split screens et surtout une myriade de doubles focales. Le tout dans des décors quelques peu anxiogènes, avec ces laboratoires épurés et ces couloirs de différentes couleurs vives. Le réalisateur a par ailleurs choisi des acteurs très peu connus. Un choix courageux commercialement parlant, qui permet d’éviter de distraire le spectateur avec des vedettes, et d’exacerber le réalisme. Il faut aussi souligner les excellents effets visuels, signés Douglas « 2001 » Trumbull. A l’image du film, ils n’ont rien de spectaculaire, et paraissent anodins aujourd’hui. Mais ils étaient ambitieux pour l’époque, avec des représentations détaillées de micro-organisme, ou cette fameuse projection 3D du laboratoire sur un écran (inédit en 1971). Entre ceux-ci, les ordinateurs vintages allègrement mis en avant, et la BO basée sur des bruitages électroniques, on baigne dans une SF typique des 70’s qui garde un charme certain. Le touche-à-tout Robert Wise livre donc une réussite de plus, et un film de hard SF qui ravira les amateurs du genre.