(avec spoiler) ... Il avait fallu 7 ans à Ridley Scott pour retrouver son légitime statut de réalisateur virtuose. Il était bien l'heure de faire table rase du passé et d'oublier ses dernières erreurs de parcours ( « Une grande année » entre autre). En effet, si certains parlaient déjà de ce biopic au cœur du polar comme du « meilleur film de l'année », dans une analyse plus soutenue, on pourra dès lors dire qu'il s'agissait tout simplement d'un des grands coups cinématographiques de 2007.
C'est dans une démarche très inspirée que Ridley s'accompagne de son fétiche Russel Crowe, mais aussi d'un Denzel Washington, au regard de marbre, prêt à briller à nouveau de 1000 feux, 3 ans après l'avoir fait avec le frère du réalisateur, Tony, dans «Man of Fire».
Et si il ne s'agit pas d'une petite réalisation, notamment niveau durée, Ridley déballe avec aisance l'itinéraire hors du commun de Frank Lucas, le plus grand trafiquant de drogue du Harlem des 70's.
En effet, il y a cette complexité du "monstre" fier et heureux malgré tout, cette confrontation hors la loi-policier, aussi toute l'étude de la spécificité de ce succès fulgurant du caïd, de cette entreprise de drogue dévastatrice ainsi que ces retombées du « crime »...et force est de constater que tout s'enchaîne avec une fluidité qui ne s'explique que par une seule chose : Ridley maitrise parfaitement le sujet et a su défricher ce parcours du combattant avec concision, tout en gardant toute l'exhaustivité requise à la chronique.
Il révèle également un soucis moral par sa réalisation proposant, à plusieurs reprises, des images chocs rappelant les ravages de la drogue et sollicitant la conscience du spectateur, mais aussi analysant l'impact de ce "nègre" triomphant et donc 2 fois plus "dérangant", ayant parvenu à mener à bien, en commité restreint (juste la famille), une entreprise monstre et surtout leader, chose que n'on jamais parvenu à faire la mafia, à l'époque! A noter aussi ce côté "famille" omniprésent dans le récit, digne clein d'oeil au genre .
Et si on reste parfois perplexe face à la fresque de cet ignoble business man auquel tout réussi, ce n'est que pour mieux ressentir la chute résonnante, confrontant un duo culte du cinéma. Denzel dans le guet-apens de Russel, devant descendre les marches de son Eglise du dimanche pour se rendre et symboliquement parlant (interprétation) "quitter sa place de tout-puissant pour ne redevenir qu'un homme, pire un criminel devant purger sa peine". Plutôt renverssante comme fin !