L'histoire d'un afro-américain miséreux qui devient un gangster et d'un juif qui n'aime pas l'argent des autres.
Le syndrome « un bon film sur deux » est encore tombé sur Ridley, et ce qui me fait de la peine c'est que Denzel Washington en paye les pots cassés.
Un peu comme « GI Jane », le film est tout entier dans le titre, et c'est un peu court, même si la longueur en minute est exceptionnelle.
On comprend très vite où veut en venir le réalisateur, ça ne vole pas haut. On peut même s'étonner de la portée intellectuelle de comparer les bandits de souche des bandits importés d'Europe.
Il n'y a ni la violence des films de genre, ni le rythme, ni le suspense, ni la tension. Les deux personnages sont montrés de façon trop distante. Peut-être Scott ne voulait pas les montrer comme des héros alors qu'il défend sans arrêt leurs points de vues, et la bêtise de Denzel. C'est cela qui est râté.
L'autre mauvais point, et c'est celui qui a manifestement énervé tout le monde, c'est que des histoires de gangs, il y en a eu d'illustres dans le monde, et que le réalisateur de « Blade Runner » n'a pas fait ce que l'on attendait de lui... un chef d'oeuvre. On se croirait dans un minime Finscher, au mieux un Schumasher.
Pour n'en citer que quelques uns, voici les films qui ont révolutionné le genre et qui ont chacun le truc qui manque à « American Gangster », plein d'amateurisme. « L'année du Dragon » où la violence est du fait des bons comme des gentils, « Il était une fois l'Amérique » où la psychologie du gangster est magnifiquement abordée, « Le Parrain » où le côté famille de la mafia est montré avec brio, « Scarface » où la solitude du gangster était un peu mieux assumée et l'affiche plus réussie, sans oublier « French Connection », « Dark Blue » ou « Serpico » pour le côté flic ripoux. J'en oublie sur le coup, mais les exemples réussis ne manquent pas.
Encore une fois, c'est le scénario, montrant des méthodes de traficants que l'on ne connaissait pas forcément, qui essaye de rattraper le fiasco, mais la reconstitution minutieuse (et pas forcément parfaite sur quelques détails) est pesante et achève de faire couler le paquebot.
N'est pas Cimino et Sergio Leone ou Coppola qui veut, Ridley Scott est beaucoup plus fort pour parler d'hommes isolés que de faits historiques avec trop de figurants, c'est sa limite et il vient d'en faire la démonstration décevante.
L'autre déception, c'est que les deux acteurs méritaient mille fois mieux, surtout Denzel qui aurait au moins pu faire semblant de jouer, mais sans doute étouffé sous le poids du maître, il n'a rien pu faire pour se sauver du naufrage. Vivement le prochain Scott, dans la lignée d'« Une grande année » ?