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Henrico
168 abonnés
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5,0
Publiée le 5 septembre 2020
Si on est prêt à fermer les yeux sur les quelques effets ostentatoires de pathos, l'ambiguïté du message concernant l'esclavage, et les clichés plutôt racistes, on peut prendre un vrai plaisir à voir ce film de John Ford, dont la mise en scène est solide et l'intrigue absolument palpitante. De plus, il a le mérite de nous rappeler un épisode peu reluisant et complètement oublié de l'histoire américaine.
Quelle claque ! Ce film de John Ford est quasiment parfait à tout point de vu, et j'ai du mal à lui trouver des défauts. Déjà le scénario, il est vrai que John Ford ne respecte pas totalement la réalité historique de cet épisode peu connu (du moins pour ma part) de l'histoire Américaine. Il est vrai que ce docteur a aidé l’assassin de Lincoln, sans savoir qui il était et qu'il a traversé les périples racontés dans le film, mais autour tout ne serait pas respecté, mais c'est sans importance le label "Histoire vraie" m'importe peu et c’est très souvent romancé et surtout au vu de la qualité du film. L'écriture est parfaite, que ce soit le scénario qui nous propose des rebondissements bien pensées et arrive à être génial, alors qu'à la base il raconte une histoire simple, celle du calvaire d'un innocent qu'on accuse de comploteur vis à vis de l’assassinat de Lincoln. Le suspense tient de bout en bout et la tension est palpable et monte peu à peu. Cet innocent sudiste mais non esclavagiste dont John Ford l'opposera dans la prison au sergent-chef sadique. John Ford a su rythmé son film, pour qu'on reste captivé de bout en bout et sa mise en scène est géniale, il utilise le noir et blanc de la meilleur des manières, notamment au niveau des ombres et des éclairages. Certaines scènes sont superbe (toute celle en prison, l'évasion... enfin tout le film !). La photographie en noir et blanc est nette et superbe, notamment sur les visages. Les interprétations sont parfaite, Warner Baxter est plus que convaincant et même super dans son rôle de médecin innocent, tout en sobriété. Les seconds rôles ne sont pas en reste, que ce soit le beau-père ex sudiste ou la femme du docteur. Une grosse claque, je mets rarement 5 étoiles, celui-là les mérite, c'est un chef d'œuvre. Du vrai et du grand Cinéma.
Je n'ai pas tué Lincoln retrace le destin du Dr Mudd. Accusé et condamné (à tord ?) d'avoir aidé John Wilkes Booth, assassin d'Abraham Lincoln qui sera spoiler: gracié pour avoir combattu la malaria qui sévissait dans sa prison et sauver les militaires qui la commandait . La photographie est magnifique avec un énorme travail sur les jeux de lumière notamment dans la prison. Le personnage du Dr Mudd est bien écrit, toujours balançant entre son passé d'homme du Sud et son côté progressiste et humaniste, mais le jeu d'acteur n'est pas exceptionnel surtout pour les 2ds rôles (femme, beau-père) qui se rapproche d'un jeu trop théâtral. La tension dramatique est bien entretenue mais en survolant trop, à mon goût, les différents aspects de cette histoire. La parodie de procès menée par des hommes qui se veulent défenseurs de la démocratie est très intéressante, la haine de ses geôliers et les conditions de vie dans cette prison aussi, ou encore l'évolution du regard des autres de "Judas" à héro mais tout ces sujets sont effleurés. Bref, je suis une petit peu déçu de voir tant de potentiel inexploré même si la succession des évènements est très bien faite et nous garde en permanence sous tension.
Ce film de commande pour John Ford aurait pu être une série B de plus, mais c’était sans compter sur le talent de son réalisateur, on est sous le charme dès les premières scènes, efficaces, sans fioritures. Cette histoire réelle n’a pas été enjolivée, certes son héros est libre, mais il n’a jamais été réhabilité. Sudiste dans ces convictions les plus profondes, Ford a adouci cette face de son personnage, si bien que l’on prend facilement fait et cause pour lui. Construit avec plusieurs actes, on retrouve avec plaisir et délectation tout les principes du cinéma Fordien.
J'ai regardé ce film pour la présence de Gloria Stuart (l'actrice qui interprète Rose quand elle est âgée dans le fameux 'Titanic' de James Cameron), et ce fut une très bonne surprise ! 'Je n'ai pas tué Lincoln' est un bon long-métrage sur le destin, avec un excellent casting, et une superbe réalisation... dommage qu'il soit aussi court, j'aurais bien apprécié qu'il dure une bonne demie-heure de plus pour encore mieux développés certains aspects de l'histoire, et certains personnages. Un film qu'il est préférable de voir, je ne dirais pas qu'il est indispensable, mais c'est tout même à conseiller !
Malgré un manque de maîtrise (le film est inégal et vaut surtout pour sa dernière demi-heure tout simplement exceptionnelle), Je n'ai pas tué Lincoln demeure une des meilleures réalisations de Ford qui filme ici un de ses thèmes favoris : l'homme placé seul face à son destin. Un très bon film.
Un médecin, qui a soigné John Wilkes-Booth avant qu'il assassine le président Lincoln, est condamné au bagne... Réalisé en 1936 par John Ford, " Je n'ai pas tué Lincoln " est un long métrage d'exception sur le thème du courage et de l'honnêteté d'un homme injustement condamné. Cette bien triste histoire s'avère particulièrement émouvante grâce à une mise en scène somptueuse, d'une très grande maîtrise et qui accumule les séquences d'anthologie - notamment la tentative d'évasion du docteur quand il est au bagne, qui est vraiment filmée de manière remarquable. Au niveau du casting, on retrouve un exceptionnel Warner Baxter, que je découvre pour l'occasion, qui s'avère d'une grande justesse dans le rôle du docteur, ainsi que la très convaincante Gloria Stuart ( qui avait joué dans l' Homme Invisible de James Whale en 1933 ) dans le rôle de sa femme, Harry Carey dans celui du commandant de la prison ou encore l'excellent John Carradine qui nous offre une prestation que l'on n'ait pas près d'oublier dans celui d'un sergent bien sadique. Il s'agit d'un drame que l'on suit comme une véritable injustice tout au long du film, jusqu'à une fin tout simplement magnifique. A noter que le tout est emmener par une sublime photographie en noir et blanc de Bert Glennon qui donne l'impression, sur certaines séquences, que l'on se trouve devant un film allemand à l'époque du cinéma expressionniste. En clair, il s'agit d'un des joyaux de la filmographie de John Ford et il serait d'ailleurs bien dommage de passer à côté tant il s'avère riche et rempli d'émotions.
La vérité historique n'est pas respectée et alors j'en ai rien à branler les mirettes parce que tout simplement ce film est un véritable petit joyau. Certains pourront reprocher l'utilisation de poncifs raciaux mais a bien y regarder ils sont utilisés de façon très ambigüe, à la faveur des noirs. Quand au personnage principal, il est sudiste mais ce n'est pas un esclavagiste pur et dur. Pas du tout le genre à prendre une carte de membre au Ku Klux Klan. On allait quand même pas suivre un film de plus d'une heure et demie sur un enfoiré. Et niveau reconstitution des années qui suivent la guerre civile, John Ford est vraiment fortiche. Il n'y a pas un détail qui cloche, c'est grandiose. Et on le sent vraiment inspiré derrière la caméra. Il suffit de voir la scène de l'évasion, hyper impressionnante, qui au niveau de l'éclairage et des ombres s'inspire de l'expressionnisme. Quand au niveau tension et suspense, elle suffirait à faire redresser les poils sur le caillou d'Hitchcock s'il en avait eu. Et certains plans de visage font même penser à du Eisenstein. Une merveille sur le plan filmique mais aussi sur celui de l'histoire et du rythme qui captive complétement. On ne décroche à aucun moment. L'interprétation de Walter Baxter d'une sobriété exemplaire est absolument remarquable. Il n'aurait pas volé une statuette. John Ford disait souvent de cette oeuvre aussi grave que prenante (je le répète car cela faisait depuis longtemps que je n'ai pas été aussi captivé) qu'elle était une des préférées de sa filmo, et il est impossible de lui donner tort un seul instant. Moi-même je la placerais dans une des trois premières places de ses meilleurs films. Merci Monsieur Ford, ce sont des oeuvres comme cela qui font comprendre pourquoi vous êtes considéré comme un grand.
Excellent film de John Ford tiré d'une histoire vraie (enfin je crois?!?). On est presque déçu par la durée trop courte de cette histoire, certains aspects auraient mérités d'être plus approfondis, notamment les conditions de vie dans la prison. Enfin du très très bon, et cela même 75 ans après!
Ce sont de tels films qui font honneur au septième art.C'est du pur cinéma artistique à l'opposé du cinéma réaliste plus facile à ressentir mais beaucoup moins romantique.Ford se sert d'une trame authentique, fait d'emblée le choix de l'innocence et invente tous les détails pour nous emporter dans son flamboyant imaginaire. Merci, c'est exactement ce que j'aime. Ford c'est notre Chateaubriand, loin de Hugo qui invente des personnages exceptionnels, il crée des situations où les hommes et les femmes ordinaires révèlent le bon coté d'eux mêmes.Il y a de nombreux médecins dans l'oeuvre de Ford et ce n'est surement pas un hasard qu'il termine sa carrière sur "Seven Women". Nul en ce monde ne pouvant mieux qu'un médecin transcender sa vie sur une longue période. Ford est unique, il suffit de regarder 10 minutes de n'importe lequel de ses films pour reconnaître son style. Il a le sens exact du tempo des sentiments et comme il n'y a pratiquement que cela qui l'intéresse, il y est passé maître. Tout est visuellement admirable dans ce film, le noir et blanc se prêtant à merveille à l'emprisonnement. L’inspiration germanique étant également présente. Les choix des angles des prises de vues et les plans rapprochés nous mettent tant à contribution sentimentale qu'il est impossible d'en perdre une miette.Les détails prennent une grande importance tout en étant discrètement filmés comme la botte servant de traîneau pour la poupée. Les évènements majeurs comme la pendaison collective ou l'assassinat de Lincoln sont traités de façon plus dramatique mais rien n'est jamais négligé.Ford est comme un grand peintre qui n'oublie pas un seul centimètre carré de sa toile. Sans lui le cinéma ne serait pas tout à fait ce qu'il est.
L’un des plus beau film de John Ford. Basé sur l’histoire vraie du docteur Mudd, accusé injustement de complicité et jugé expéditivement par un tribunal militaire pour avoir soigné John Wilk Booth, l’assassin de Lincoln. Ford oppose la vocation le courage et l’honnêteté du médecin, à la vengeance aveugle et la cruauté du peuple, symbolisé par le personnage sadique de sergent chef joué par John Carradine. Le médecin répondant aux multiples vexations et injustices dont il est l’objet par un dévouement sans faille à la médecine et aux malades, allant même jusqu’à venir au secours de ses bourreaux. La mise en scène fait la part belle aux clairs-obscurs, surtout dans cette immense prison gothique, personnage à part en tiers, lieux inquiétant mis en valeur par de subtil touche de lumière, emmenant le récit à la lisière du fantastique.
Première des nombreuses collaborations à la fois amicales et orageuses entre John Ford et Darryl F. Zanuck (question ego aucun n’avaient passé son tour à la distribution! Mais chacun éprouvera une vraie estime pour l’autre) The prisoner of Shark Island développe plusieurs des thèmes chers à John Ford à partir de l’histoire authentique du combat solitaire d’un docteur sudiste condamné au bagne à perpétuité pour avoir soigné l'assassin de Lincoln et sa grâce obtenue pour avoir sauvé les pensionnaires du bagne (gardiens et prisonniers) de la fièvre jaune. En premier le récit s'appuie sur une trame biblique : l'injustice, la souffrance et la rédemption. Puis l'histoire des Etats-unis avec ce regard particulier, aussi réaliste qu’ambigu, que l'auteur portera systématiquement sur elle. Les esclavagistes avec leur côté à la fois maître et paternaliste vis-à-vis des noirs, mais aussi leur sens de l'honneur et du devoir comme l'illustre le discours du Dr Mudd (Warner Baxter) aux gardes noirs qui se sont barricadés pour ne pas porter secours aux malades (là où les analphabètes dogmatiques ne voient que du racisme au lieu d’une réalité sociale et historique). La victoire du Nord avec le triomphe de la politique sur la morale (le discours du secrétaire à la défense aux généraux de la future cour martiale) et l'irruption d'un progrès économique brutal (la scène du carpetbagger est exemplaire). Enfin la dignité des protagonistes du bagne, du héros comme des gardes, de la volte face sincère et reconnaissante de l'encadrement, de leur commandant (Harry Carey) au sergent (John Carradine excellent dans le rôle du sadique stupide, mais dont la conversion est peu crédible) lors de la scène de la lettre. Enfin la nécessité de l'action qui prime sur la loi (la scène du bateau). S'appuyant sur une direction d'acteur qui remet chacun à sa juste place (tous les dialogues sonnent vrais) et une simplicité de la mise en scène (tout en plan fixe avec champs et contre champs dont le sommet technique est le plan de la liste placardée – champ- accompagné de celui du regard de Mrs Peggy Mudd - contre champ) héritée du cinéma muet, qui porte en elle une puissance considérable. De l'iconisation de Lincoln en un sublime tableau voilé qui s’estompe dans l’éternité, à la fin dont le dernier plan est aussi ambigu que fort, en passant par la théâtralisation géométrique des pendaisons, Ford nous expose un point de vue à la fois réaliste et mythique. Ce film, œuvre de commande de la Fox, prouve si cela était nécessaire, que l'empreinte d'un grand artiste est telle, que la réalisation est éminemment personnelle, avec ou sans cadre imposé.
Ford réalise comme d'habitude une oeuvre grande, forte, qui fait froid dans le dos surtout lorsqu'on sait que l'histoire du docteur Mudd est authentique.Warner baxter est formidable du début à la fin.