Vu et avis le 20180222 - 1ère fois que je le vois en entier je pense.
Intéressant, bien fait, prenant. Parfois, il faut faire attention à ne pas se laisser distraire par certaines choses datées : le jeu des acteurs, les pattes d'eph, les maquettes, etc et s attacher à l'histoire.
On voit à quel point les meilleurs effets sont souvent les plus simples: première image du film : un brouillard, mise au point de l image et deux phares de voitures apparaissent dans le brouillard puis la voiture sort du brouillard : dès la première image du film on voit à quel point l'image est soignée et ambitieuse.
Autre effet très simple, très réussi : le regard de Barry. Le film nous tiens de nombreuses minutes sans un mot, simplement avec un gros plan sur Barry qui regarde. Ou encore la trappe du chat qui bat à toute vitesse suggérant que quelque chose bien tout juste de passer vivement par la. Ces scènes remplacent avantageusement de nombreux effets spéciaux. J'imagine que maintenant, pour faire le même film, on utiliserait des effets spéciaux et on montrerait quelque chose de flou, indistinct et/ou fugace et je parierais que le résultat serait bien moins réussi.
J'ai ressentit fortement un effet mais il est possible qu'il soit moins partagé. On attend longtemps de voir des extrahumains. Lorsqu'on en voit enfin un spécifique, Lacombe lui joue avec la main la partition, et il répond de même. Juste ensuite on voit son visage en gros plan, puis des visages humains assez similaires (un peu allongés vers l'arrière, vus de 3/4 face). Il se passe alors une inversion de l'étrangeté : vu que c'est le non-humain qui commence la série d'images similaires, il devient la référence/la norme et ce sont les visages humains qui semblent étranges, anormaux, qui ont des ressemblances avec le visage de l'extraterrestre. Cet effet est amplifié par l'attente que l'on a de pouvoir enfin faire une vraie comparaison.
Autre réussite la montagne : c'était la première fois que je voyais le film en entier.(probablement dîner et après le dîner j'ai du voir la fin à la télé il y a des années). Je n'ai donc pas remarqué bien entendu les premiers éléments qui entrent dans cette intrigue. Pour ce que je peux retracer, cela commence avec la mousse à raser dans la main. Je trouve fascinant comme elle est amenée : la mousse à raser qui n'y ressemble pas du tout, la purée, la glaise du train électrique miniature, le jardin (c est tellement énorme qu on ne l'imagine même pas alors que c est déjà montré sous nos yeux), je pense les peintures de jillian puis enfin le séjour, la télé. J'ai oublié à quel moment est la réunion d'information publique sur les ovnis avec son crayon à papier cassé. Une obsession qui prend forme, de l'indistinct qui devient réalité, j'ai trouvé cela superbement amené.
Le film a de nombreuses longueurs,, mais c'est le problème d'avoir le défaut de ses qualités. Il prend le temps de montrer un homme qui sombre progressivement, insidieusement dans la folie. Cette scène du départ de la femme de roy, du jardin et de la cuisine qui se rempli n'aurait aucun effet si elle ne durait pas, la simple idée d'une telle chose dans un film serait ridicule. Mais cela s'inscrit dans le temps, cela se passe dans le regard de la femme de roy, de la voisine qui sèche ses cheveux, des passants qui s arrêtent : c'est tout cela qui montre que roy doute aussi de lui même, qu'il n'est pas dans la folie furieuse car il est conscient de faire quelque chose d'étrange. C'est sa longueur qui donne sa force et sa complexité à la scène. Courte, on penserait c est nul, qu'elle idée pitoyable, passons à la suite.
Oui un film tourné dans les années 70 à peu près contemporain à son tournage semble souvent désuet : patte d éph, Bakélite, vaisseau spacial avec des antennes dans tous les sens, présence de Truffaut, ... c'est aussi un film d'une époque. S'arrêter à cela, pour moi, ce serait comme refuser de voir des films en noir et blanc parce que les couleurs existent en réalité.