Super Woody signait en 1977 avec "Annie Hall" l'un de ses films les plus connus et adulés à juste titre. Le Juif névrosé le plus drôle de New York étale ainsi une heure trente durant ses obsessions et pulsions dans un univers loufoque lui étant propre, délaissant le genre Hollywoodien de la comédie romantique pour une oeuvre cent pour cent côte Est dont il a le secret. Il aime le Jazz, les femmes, le plaisir charnel, le cinéma, le socialisme, la psychologie, est fasciné par la mort et bien qu'il le nie "la masturbation intellectuelle" en est un lecteur assidu. Cela donne un cocktail explosif à l'humour tantôt joyeux, tantôt profondément noir, critique, percutant, un peu méchant aussi mais toujours réjouissant. La satire en impose, variée, insolite, rythmée alignant une série de répliques fantastiques au cours de quelques séquences irresistibles. La mise en scène inventive et novatrice alterne entre Blake Ewards et Ettore Scola, proposant surtout une véritable démonstration de force au niveau de l'apport du cinéma en comparaison avec le théâtre dans un même scénario (dans l'utilisation de la voix-off, la superposition des plans, ce qui engendre parfois une confrontation réjouissante d'époques). Sa paranoïa des antisémites est à hurler de rire, tout comme le regard extrêmement cynique porté sur notre monde. La relation dépasse le cadre de la caricature pour se voir explorée non sans cocasserie. Diane Keaton est superbe, Woody Allen égal et même supérieur à sa propre personne, les seconds rôles tous affutés... Le cocon Allenien est unique et l'on passe un excellent moment à se tordre en même temps que l'on se surprend à être charmé et attaché par l'ensemble du film. Certes, quelques baisses de rythme surviennent ici et là, les gags sont inégaux mais franchement, qu'est-ce-que ça fait du bien ! Brillant, intelligent, féroce, modeste, comportant multiples références, "Annie Hall" est un long-métrage de plaisir, un vrai !