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max6m
72 abonnés
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4,0
Publiée le 10 juin 2009
Alphaville est situé entre le polar noir et la science fiction politico critique, dans un registre de fond proche du 1984 d’Orwell. On assiste à la description d’un régime totalitaire, très techniciste (entièrement contrôlé par un ordinateur), aliénant les individus, leur faisant perdre toute humanité et tout sentiment par la destruction du langage, de l’art et de l’amour. Lemy Caution, sorte de détective accroc de femmes et de whisky, débarqué d’un autre temps et d’un autre monde, se retrouve complètement perdu dans cet univers, déambulant dans Alphaville comme un zombie. Il s’opposera à la dictature de la machine par la poésie et la philosophie et sauvera une femme par l’amour. Godard ne s’illustre pas ici pour la profondeur de son propos, somme toute traité de manière très simpliste, presque naïve. Mais cette simplicité n’est pas toujours une lacune: il peut être bon de dire des choses simples et essentielles, avant de les oublier à force de les avoir complexifiées. Là où Godard s’illustre encore, c’est dans le travail de la mise en scène. Il parvient ici à recréer un monde futuriste sans le moindre effet, à rendre étranger le familier, en filmant juste Paris de nuit et en utilisant le langage qui donne un sens nouveau à tout l’environnement des personnages. Il recrée une atmosphère de science-fiction en n’utilisant aucun des artifices du genre. On notera quelques scènes et passages remarquables, comme celle des exécutions dans la piscine, celle des portes, ou encore le passage de la tête écrasée, véritable leçon de montage. On reprochera au film son absence de poésie formelle, ce qui est aussi un reproche général fait à Godard: Godard est un philosophe plus qu’il n’est un poète, il parle plus qu’il ne fait ressentir. Le sentiment poétique est souvent absent de ses films qui ont alors un aspect froid et distant… Pour cela, je ne suis pas un inconditionnel du cinéaste même si j’applaudis des 2 mains la richesse intellectuelle et technique de son approche.
ALPHAVILLE est un de ces films dans lequel nous avançons à tâtons, pour finalement en sortir, sans trop être conscient de là où l’on s’est aventuré. Pourtant, le sentiment dominant n’est pas la déception de ressortir avec plus de questions que de réponses, si l’on prend le temps de se laisser charmer par le lyrisme de l’œuvre, et sa maîtrise d’un style noir retravaillé, dont toute la beauté s’exprime à travers des plans où seules la réalisation et la photographie comptent, éclipsant tout autre élément, laissant les acteurs dans la peau de leurs personnages avec leur sentiments et émotions mis à nus, ou presque. On ressort cependant un peu lessivé d’avoir usé tant d’énergie pour un film qui nous laisse en plan !
Poème cosmique largement enfantin, hymne lyrique profondément baclée, l'inoubliable aventure de Lemmy Caution mène au coeur du génie: là où le plus grand des idiots fut investi des puissances divines.
"-Qu'est-ce qui transforme la nuit en lumière ? -La poésie." Très politique, Alphaville use de la poésie comme arme et en fait un manifeste. Godard est belliqueux, et de la plus belle des façons.