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kray
52 abonnés
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4,0
Publiée le 10 décembre 2011
Un film étrange retraçant avec brio la vie d'une jeune actrice chinoise qui devînt une star, avec tout ce que cela comporte, de bon et de mauvais . Dominé par une maggie cheung superbe, ce film est parfois connu et répertorié sous le nom de "l'actrice" .
Ressortie en version director cut ( près de vingt cinq minutes supplémentaires) et remasterisee de ce biopic de la Greta Garbo chinoise (Ruan Lingyu) qui se quitta la vie à vingt cinq ans victime des affres de la rumeur publique, au milieu des années 30.
Ours d'argent à Berlin (1992) c'est une réussite majeure de Stanley Kwan et un grand film tout court de ce cinéaste de Hong Kong qui commencera sa carrière à la même période que son compatriote WKW ( années 80).
C'est très beau, la mise en scène trouve des points de convergence avec le travail et la stylisation du taïwanais Hou Hsiao Hsien ( Fleurs de Shanghai notamment), on a affaire à un titre en forme d'hommage au cinéma chinois.
Maggie Cheung ( elle obtint le prix d'interprétation féminine à Berlin pour ce rôle) est encore jeune mais est déjà dotée d'un charisme exceptionnel et domine une distribution pourtant sophistiquée. Les décors et la photo sont formidables. Du cinéma de haute gamme.
Les films sur un film en train de se faire ne sont pas si courants. L’exemple le plus célèbre demeure « La nuit américaine » de François Truffaut (1973) qui montre très précisément l’interpénétration entre le film, la vie sur le plateau et la vie privée des acteurs. En 1981 Karel Reisz jouera sur la mise en abyme d’une idylle entre les personnages d'un film en tournage et celle des acteurs en charge des rôles, dans son mélodrame « La maîtresse du lieutenant français ». Plus factuel mais jouant la carte de l’humour, Tom Dicillo réalisera en 1995 le remarqué et iconoclaste « Ca tourne à Manhattan ». Stanley Kwan, lui tente le pari de réaliser un biopic original sur le destin tragique d’une star chinoise des années 30 morte après s’être suicidée à l'âge de 25 ans. Ruan Lingyu était alors comparée à la Marlène Dietrich de Shanghai, là où se concentrait l'essentiel de la production cinématographique chinoise. Pour nous les européens, Hollywood est depuis toujours la Mecque du cinéma, oubliant qu'à l'ère du muet Shanghai, capitale culturelle de la Chine était aussi une usine à rêves. Kwan nous immerge dans cet univers mal connu qui comme Hollywood véhicule ses mythes, ses acteurs maudits ou morts en pleine gloire tels Valentino, Marilyn Monroe ou James Dean. Pour ce biopic très particulier, Kwan mélange savamment le film dans le film entremêlé d'extraits des prestationss d'époque de Ruan Lingyu et d'interventions de ceux qui on connus l'actrice, le tout s'emboîtant au récit de la vie de l'actrice interprétée par la magique Maggie Cheung. L'exercice est périlleux mais touché par la grâce, Stanley Kwan s'en sort à merveille , tout étant parfaitement raccord et à propos. Le film a reçu l'Ours d'argent et un prix d'interprétation pour Maggie Cheung à Berlin en 1992 ce qui montre l'osmose parfaite entre le réalisateur et son actrice que le jury de Berlin n'a pas voulu dissocier. On est touché par l'infinie grâce de Maggie Cheung qui montre fort bien la solitude de cette femme tout à la fois libérée et encore fortement prisonnière de l'emprise des hommes dans une société régie par des conventions sociales très strictes. Après avoir acquis durement sa liberté, Ruan Lingyu ne supportera pas d'être trahie par celui-là même pour qui elle a consentie tous les sacrifices et qui l'oblige à affronter le déchaînement de la presse à scandale qui décidemment sévit sous toutes les latitudes, sous tous les régimes et à toutes les époques. On est frappé par la dignité de Lingyu, femme de devoir qui jamais ne se départit en public de son sourire et de sa bienveillance. La scène finale fantasmée par Kwan est tout simplement déchirante de tristesse . Par son mode narratif à base de rappels documentaires, "Center Stage" rappelle à bien des égards, le "Lenny" de Bob Fosse (1979) qui, de manière plus violente, traitait lui aussi de l'intolérance du corps social qui cherche à marginaliser puis à détruire tous ceux qui pourraient remettre en cause l'ordre établi. On n'oubliera pas de sitôt le visage grave de Ruan Lingyu selon Maggie Cheung, dissimulé derrière les sourires polis de façade. A noter que l'ensemble du casting est à la hauteur de l'actrice principale qui porte solidement le film sur ses épaules.
Les "1001 films à voir avant de mourir" et YouTube peuvent fortement encourager et aider à voir des œuvres méconnues qui mériteraient pourtant à être connues. A l'exemple de ce film hongkongais qui raconte la vie de Ruan Ling Yu, star de cinéma chinoise des années 30 à la cinégénie exceptionnelle comparée souvent à Greta Garbo et qui s'est suicidée à 25 ans. Loin d'un biopic classique, Stanley Kwan s'autorise toutes les mises en abyme possibles mélangeant avec une dose de virtuosité véritables interviews, véritables scènes de film avec la vraie Ruan Ling Yu, scènes très soigneusement reconstituées de la vie de cette dernière, séquences de discussions et de tournages avec intervention du réalisateur, des techniciens et de Maggie Cheung en Maggie Cheung. On s'y perd un peu dans les noms mais l'ensemble est aussi passionnant que foisonnant et les dernières minutes du film, en particulier le banquet entrecoupé de flashforwards, sont très émouvantes. Dans le rôle principal, Maggie Cheung est absolument époustouflante. Un beau petit joyau étonnant.
Le sujet (une star au destin tragique) l'ambition (ressuciter et immortaliser la vedette, réhabiliter une femme) la forme (un film dans le film) de ce film m'avaient séduit d'emblée. La découverte de l'œuvre m'a laissé bouche bée: caméra flotte et Maggie Cheung, irréelle de beauté, semble en apesanteur. Le mouvement de ses mains lorsqu'elle danse restera imprimé dans ma mémoire comme le sillage d'un parfum très puissant. "Seulement" 4 pour la confusion de l'intrigue et une fin qui aurait gagné à ne pas diluer sur une telle durée son effet dramatique...mais.pas grave... on sort de la salle étourdis de beauté. Pourquoi diable Stanley Kwan - découvert pour ma part il y a 3 jours avec ce film d'il y a 30 ans ! - est-il si méconnu sous nos latitudes ?!?