Bon, maintenant qu'on a bien avancé dans l'univers cinématographique du Batman et de celui de DC Comics et général, on peut bel et bien s'intéresser à un autre aspect de la palette DC, un aspect que tout le monde connaît sur le bout des doigts : Superman, aka Clark Kent, le boyscout par excellence. Car oui, notre ami au slip rouge défend les valeurs américaines et capitalistes, le premier n'allant pas sans le second, et en tant que tel, un film tel que cette première adaptation ne peut qu'avoir vieilli. Si je puis dire, il défend des valeurs d'une manière totalement vieillissante, presque périmée. Bien sûr que l'on connait tous le message presque naïf de ce héros d'hier, mais c'est cette manière spéciale que Donner a de nous le raconter qui fourni à cette oeuvre à la fois son charme, et son coup de vieu. Pour aller plus loin, je dirai même que ce charme dont il est question découle directement de ce coup de vieux que le métrage a pris. Ainsi, cela n'a, à mon sens, bien entendu, aucune répercution néfaste sur le résultat final. Après, bien sûr que je comprendrai que vous ne l'appréciez guère pour cette même raison que j'ai énoncée, mais comme ce film ci, c'était toute mon enfance, je ne peux qu'encore plus l'apprécier. Et lorsque l'on pense à cette première adaptation, trois choses nous viennent en tête ( en tout cas, dans mon cas ) : la prestation incroyable de Christopher Reeves, qui marque ici l'interprétation de toute une vie, la bande-sonore de John Williams, et l'idyle naissante entre Superman et Lois, qui donnera d'ailleurs son nom à une série dont on parlera forcément un jour ou l'autre : "Lois & Clark". Mais nous avons bien d'autre chose à faire avant cela. Bien entendu, presque tout le monde sur cette Terre connaît la musique phare de ce film ( de ceux qui ont accès au cinéma occidental, je l'entends bien ). Mais oui, cette musique héroïque, grandiose et émouvante qui porte carrément l'action sur ses épaules, et nous fait ressentir de la nostalgie rien qu'à son entente. Cette musique qui, si j'ose le dire, résume entierrement le métrage. Vous en entendez les premières notes, et vous savez déja devant quelle oeuvre vous vous trouvez. C'est à cela que l'on reconnaît les plus grandes bandes-sonores : "Star Wars", "Indiana Jones", "Les dents de la Mer", tellement de chefs-d'oeuvres orchestrés par le talent inouï et grandiose de Sir John Williams. Le casting est aussi pour une part importante dans la réussite grandiloquente de cette première adaptation du surhomme au slip rouge. Outre un Christopher Reeves qui signe ici la meilleur interprétation possible d'un super-héros ( sans dépasser Hugh Jackman, mais c'est personnel ), et se plante comme le symbole même d'une époque révolue, la Guerre Froide. Heureusement, cette dernière n'est jamais soulignée ou ne serait-ce qu'évoquée. Ce dont j'avais peur ne s'est pas produit. On aurait pû tomber dans un métrage de propagande encore plus envahissante. Gene Hackman, très convaincant, ne fait par contre pas un bon Lex Luthor : nul doute est qu'il joue son personnage admirablement bien, mais c'est surtout dans sa ressemblance avec le personnage même que cela coince, autant d'un point de vue physique que moral. Il n'est pas réellement un sociopathe, seulement un homme démoniaque et purement prétentieux. Une version surprenante, mais efficace. Néanmoins, on aurait pû trouver largement mieux, je pense. Mais bon, c'est Gene Hackman.
Une question demeure : pourquoi lui avoir fait porter une péruque?
D'un autre côté, Marlon Brando. Très peu présent, son nom figure en première place du générique. Pour vous dire, celui de Christopher Reeves apparaît après le titre. Cherchez l'erreur. Cela fait réellement plaisir de le voir : il campe un Jor'el très plaisant, et surtout très crédible. Margot Kidder, quand à elle, forme une bonne Lois Lane. Un personnage qui nous amènera de bonnes tranches de rire, notamment dû à une écriture qui gère à la perfection les contrastes entre le personnage de Clark Kent et celui de Superman. Une écriture qui nous fournit un bon scénario, scénario qui retranscrit à la perfection cette belle histoire qu'est celle de Superman, enfant sans patrie qui devra porter le poids du monde sur ses épaules, phrase si bien évoquée dans la très bonne série "Smallville".
Ecriture qui nous mènera au point culminant du film, cet instant d'une infinie beauté où Superman inversera le cour du temps.
Le tout est savamment relevé par une mise en scène de grand cru. "Superman" est donc un grand film, il n'y a pas de doute là-dessus, et se veut aussi important pour les comics que pour le cinéma en général. Un film culte, un film mythique. Mieux, un film fondateur.