Grand, puissant, prenant, excitant, le film de Richard Donner permet à un ancien champion de natation, Christopher Reeve, de devenir l'icône de l'héroïsme aux USA en incarnant Superman. Il s'agit du premier film à très gros budget pour un long-métrage de superhéros et le résultat qui en débouche rend tout simplement le spectateur à son enfance, au temps où Superman n'était qu'un héros de bande dessinée. Bien sûr, le film ne dévoile aucun message ni aucun engagement, c'est tout simplement du pur divertissement, du pur bonheur visuel servi par un scénario riche en profondeur, disposant d'un rythme à la vitesse de la lumière. Enfants, adolescents, adultes, tout le monde est ravi d'assister au destin de cet extraterrestre à l'apparence humaine possédant des pouvoirs qui dépassent l'imagination. Le réalisateur sait bien s'entourer aussi en acteurs, des géants du cinéma ont droit au début du film, pendant quelques minutes, de montrer leurs talents et surtout l'image forte qu'ils produisent grâce à la popularité et au succès de leurs précédents longs-métrages où ils occupaient les premiers rôles. Parmi eux, deux géants qui ont tourné également ensemble dans le film "Les révoltés du Bounty" réalisé par Lewis Milestone en 1962, on évoque bien sûr Marlon Brando et Trevor Howard. Gene Hackman, célèbre pour avoir tenu le premier rôle dans un film à grand succès publique et critique nommé "French Connection", lui bénéficie du rôle du méchant. Ce film est donc bien plus qu'un simple divertissement, les producteurs désiraient également rendre hommage aux acteurs de l'ancienne génération afin d'attirer le plus de gens possibles dans les salles de cinéma. Le résultat de toutes ces qualités est un énorme succès critique et public. L'énergie, la beauté, la vitesse, la vertu de Superman, indestructible, fort, pouvant s'envoler dans les airs comme un oiseau et agissant en faveur de la bonne loi américaine bien-pensante, font qu'en période de traumatisme, après la défaite américaine dans la guerre du Vietnam, les gens sont contents de pouvoir sourire, de constater que cet extraterrestre ne possède que des qualités et aucun défaut ce qui ressemblait à l'époque à un fantasme. Ce film porte la marque d'une génération qui ne voulait pas voir la vérité en face, qui ne voulait pas se dire que la vie n'est que souffrances, qui espérait voir de la bonté dans le coeur humain. Plus de trente ans plus tard, l'espérance s'est transformée en violence, en cynisme, en cupidité, en brutalité et en méchanceté, la preuve qu'un film ne peut pas changer les comportements humains. Au final, Richard Donner réalise un film spectaculaire, naïf certes mais qui donne la possibilité à celui ou à celle qui le regarde d'aimer l'innocence, celle que nous tous possédions lorsque nous étions des enfants de bas âge.