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keating
52 abonnés
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4,0
Publiée le 15 août 2009
Si le cinéma européen a rarement réussi à produire des films d'aventure dans la lignée des blockbusters hollywoodiens, il a parfois offert de splendides alternatives. "Aguirre, la colère de Dieu" de Werner Herzog l'illustre remarquablement. Le réalisateur allemand offre ici une grande épopée dramatique, intimiste et même philosophique. Dès le début on est plongé dans cette jungle péruvienne qui semble écraser les conquistadors de son immensité. Et l'on comprend rapidement quel va être l'enjeu du film : l'Eldorado. Ce royaume imaginaire, idéalisé, comme une allégorie de l'homme qui veut se révolter, lutter contre le monde autour de lui, mais finit par les enfers. L'eldorado comme symbole de la soif de pouvoir de l'homme, la soif de conquête, le besoin d'aller toujours plus loin. Mais on le sent dès le début, il s'agira d'une descente aux enfers incroyablement touchante. Il y a aussi une réflexion très intéressante sur le pouvoir avec la façon dont l'autorité est présente chez les personnages du film. Herzog gère plus que bien le ryhtme de son film, alternant les superbes prises de vue de la nature et les scènes de dialogues ; les scènes qui font avancer le scénario et celles qui rendent le film poétique (le musicien, les animaux). Le film ne parait jamais trop lent, mais parfois un peu bavard, avec une voix off peut être dispensable. Mais Herzog peut surtout compter sur un monstre comme acteur principal : le monumental Klaus Kinski ! Totalement possédé par le personnage d'Aguirre, chacune de ses mimiques et chacun de ses mots est un boulversement. Même s'il bouffe tout le casting, les autres acteurs se débrouillent bien. Il faut aussi noter une musique qui hante les esprits. "Aguirre" est un drame épique très marquant à propos de la chute d'un homme qui se croyait l'égal des Dieux.
En 1560, une troupe de conquistadores s'enfonce dans la forêt amazonnienne à la recherche du mythique Eldorado. Avec des esclaves indiens, ils descendent le fleuve dans un radeau. Bientôt, les membres de cette équipage de fortune succombent sous les flèches d'ennemis invisibles et la maladie. La folie s'empare des survivants. Le film a été tourné sur place en pleine nature et ça se voit. A noter l'hallucinante prestation de Klaus Kinski dans le rôle titre. Cette expédition suicidaire, véritable quête à la fois tragique et dérisoire, est formidable.
Aguirre fait partie de ces films où je me dis dis, après les avoir vus : "Comment ai-je fais pour vivre jusque-là ?"... Filmé quasiment comme un documentaire (sensation renforcée par la voix off), ce film devient de plus en plus mystique, jusqu'à un final désarmant de fausse simplicité. C'est du cinéma violent, violent dans le sens que ce genre de projet serait irréalisable aujourd'hui (c'est pourquoi Herzog s'en trouve maintenant réduit à faire un remake de "Bad Lieutenant"). Klaus Kinski est hallucinant de folie, et a dans ce film un des regards les plus inoubliables de l'histoire du cinéma...
Aguirre est un conte sur la folie des hommes. Narrant l’épopée de mercenaires espagnols à la recherche de l’Eldorado, le film se réfère en partie à une réalité historique mais est surtout une représentation plus vaste du XVIème siècle, siècle de tous les possibles et de toutes les conquêtes. Dès le 1er plan, on comprend que l’on va assister à une descente aux enfers. Très vite, l’attention se focalise sur le personnage d’Aguirre, personnage autoritaire, mégalomane, prêt à conquérir le pouvoir par la violence. Cette soif de puissance relève d’une certaine folie, très bien incarnée par Klaus Kinski, la folie de l’acteur se combinant à la folie du personnage qu’il interprète. Herzog ayant surement des difficultés à diriger son acteur, il le filme peu, et c’est surtout sans le voir et parce que nous l’imaginons beaucoup, que nous ressentons les troubles de ce personnage. Telle est l’origine du mythe Kinski, qui doit finalement tout à Herzog. Aguirre peut conduire à de nombreuses lectures et interprétations, pouvant symboliser l’ambition des colons européens, l’homme civilisé chassant les sauvages (en comparaison desquels il apparaît finalement bien peu civilisé justement), et de manière plus globale la face sombre de l’homme. Herzog étant allemand, on peut aussi y voir une persistance entêtante de l’histoire de ce pays, un traumatisme, Aguirre comme métaphore d’Hitler. On peut aussi y voir un propos sur la nature puissante et vengeresse (le film sort la même année que "Délivrance" de Boorman). Libre à vous d’interpréter le film. Ce qui m’intéresse surtout, c’est la fin, qui est comme l’aboutissement de ce parcours absurde. Nous nageons alors dans un espace de totale folie, celle d’Aguirre, portée par un travail cinématographique quasi surréaliste (les hallucinations, la maladie qui s’empare de l’équipage, l’invasion de chimpanzés) nous rappelant brièvement Buñuel. Là est la réussite d’Aguirre. (J’ai eu un peu de mal à voir des conquistadors espagnols parler allemand…)
bien des mot peuvent caractérisé un film, et pour aguirre le plus juste serais la folie. Plongé dans la foret vierge en amerique du sud, werner herzog va realisé ce long metrage en décor naturel avec tout les inconvéniant que cela peut entrainé, et ils seront bien present, le tournage connaitra bon nombre de probleme, tournage difficile et relation compliqué entre klaus kinski et le realisateur ... et c'est certainement grace a toute cette tension que le film soit tant reussi. On recent quasi-instantanément ce que les personnage on pu ressentir, l'ambiance lourde du film avec tout ces silence alterné part quelque bruissement sourd et lent rendent la mission encore plus eprouvante . et que serait-ce cette ode a la folie sans l'inarétable klaus kinski dans sa quete de richesse, de gloire et d'imortalité ... il n'est pas seulement la colere de dieu, il est aussi son plus terrible serviteur qui va oscillé entre realité et folie. Et une question reviendra souvent apres ce visionnage, "mais pourquoi ? pourquoi l'homme est il aussi avide de grandeur ? "
J'aimerais faire une parenthèse avant de débuter la critique de ce film "Aguirre, la colère de Dieu". Film ovni au lourd passé notamment avec son mythe du pistolet (relation plus que tendue entre Herzog et Kinski), il reste dans le cœur de beaucoup de spectateur, un petit bijoux du 7ème art. Pourtant, à voir de plus près, le film ne brille pas par son scénario ou sa composition des acteurs. Finalement, le film dispose d'une montagne de défaut plutôt que de points positifs. A commencer par la réalisation qui dispose de quelques magnifiques plans (la scène de la descente de montagne, les plans sur le fleuve en furie, la scène du bateau accroché en haut d'un arbre...) mais surtout de nombreuses maladresses. En effet, pourquoi s'obstiner à faire un plan en se rapprochant des casques de conquistadors qui grâce à son reflet expose l'équipe de tournage alors que cela ne change absolument rien au plan esthétique ou scénaristique? Parfois, cette logique m'échappe considérablement. Autre (gros) point faible, le visage inexpressif de Kinski qui semble, excuser moi de l'expression, s'ennuyer sur le tournage laissant cette sensation désagréable tout au long de l'oeuvre. Rajouter, une sorte de renversement de pouvoir foireux (facteur politique qui ne bouleverse pas le propos du film), des métaphores triées au volet et vous trouvez un film aux allures attirantes mais qui pêche dans sa maîtrise d'exécution. En revanche, rien à dire sur la BO, mythique et sacrée qui permet une (petite) immersion à la recherche d'Eldorado.
Le Nouveau Cinéma Allemand des années 60/70, inspiré par ailleurs directement par nos étendards nationaux de la Nouvelle Vague (Godard, Truffaut, Chabrol, ... pour ne citer qu'eux) est marqué par quatre cinéastes en particulier (il y en a d'autres, pas la peine de me gueuler dessus, il s'agit là d'une liste non-exhaustive et j'invite à ceux qui ne connaissent pas à aller sur des sites particuliers si ils veulent plus de noms) : Wim Wenders, Werner Schroeter, Rainer Werner Fassbinder et Werner Herzog, ce dernier étant le réalisateur de Aguirre, der Zorn Gottes, traduit sobrement en France sous le titre de Aguirre, la colère de Dieu. C'est l'histoire d'une troupe de conquistadors rebelles à la recherche de l'Eldorado sous les ordres du cruel Lope de Aguirre. A noter que Lope de Aguirre a réellement existé, ainsi que l'histoire contée par le film, grandement remaniée pour le coup mais si vous voulez une version plus historiquement viable, allez vous dorer le citron devant El Dorado de Carlos Saura. Puisque le but d'Herzog n'est pas de retranscrire fidèlement l'histoire d'Aguirre, mais plutôt d'en utiliser les ressorts pour en faire une rencontre des genres, entre film d'aventure, tragédie classique et film contemplatif. Inutile de dire qu'Aguirre est un chef d'oeuvre, vous vous en doutiez déjà. Mené par un Klaus Kinski au sommet de son art (Il paraîtrait qu'il était invivable sur le plateau... ou plutôt en pleine jungle. Mais rien n'empêche qu'il joue, pardonnez le jeu de mot lié au titre, comme un Dieu). Werner Herzog est un grand cinéaste, enchaînant des plans riches en sens au cadre magnifique. On pense plusieurs fois à Apocalypse Now (cette remontée du fleuve et des scènes qui sont très semblables), mais finalement, sur le thème abordé, les deux n'ont finalement que très peu de points communs : là où Coppola s'intéressait à la guerre en elle même, Herzog monte un cheminement philosophique sur la mort, son affrontement et son acceptation. Les décors sont splendides, la reconstitution est incroyable, les scènes sur air de musique inca sont carrément grandioses - si on en ressort pas forcément grandit sur le message du film, on est avant tout bouleversé par tant de maestria pure, une oeuvre de grande classe mené avec génie. Il est certain qu'Aguirre fait partie des plus grandes réussites du cinéma germanique, et d'une façon plus large, du cinéma en général. Interprété magnifiquement, doté d'une mise en scène risquée et réussie et d'un parti pris historique qui avait tout du casse-gueule, Aguirre se révèle rapidement une référence absolue du genre, tant elle inspire encore aujourd'hui encore les délires visuels historiques dont on citera Valhalla Rising de Refn, résumant avec éclat toute la portée du cinéma d'Herzog : hypnotique, fort et intelligent.
J'ai l'impression que ce film a mal vielli. Je ne sais pas si c'est parce que je m'attendais à autre chose, ou pas. En fait je pensais plus voir un film d'aventure, la conquête de l'Amérique du sud par les Espagnols, pour dire les choses simplement. Et en fait, c'est un film poétique, artistique et mélancolique, qui décrit la folie d'un mégalo pour le fameux Eldorado. C'est un film d'homme ou presque, à part 2 femmes, qui restent en retrait presque tout le temps. Une équipe d'homme qui va devoir d'abord se battre contre la jungle, ensuite contre le fleuve et aussi contre les indiens. Tout ça est raconté comme un journal, celui du moine en fait, avec une grosse touche de poésie. Le réalisateur enchaîne les scènes mais il n'y a pas forcément un enchaînement clair: il laisse libre court à sa fantaisie. Et c'est peut être ce côté artistique, nouvelle vague, que je n'ai finalement pas aimé. A voir le personnage de K. Kinski, qui a lui tout seul porte le film.
Une expédition hallucinée pour un film hallucinant, encore une fois. Moins impressionnant que Fitzcarraldo, le film de Herzog gagne en profondeur et en signifiant ce qu'il perd en gigantisme. Sur l'écran on assiste à la prise de pouvoir d'une expédition par Aguirre le renégat, exaspéré par la lenteur de ses homologues, obsédé par la conquête, l'aventure et bien sûr, l'Eldorado. Une obsession qui virera à la psychose, Aguirre se coupant de la réalité. Un grand film !
Le rythme imprimé par le fleuve, une bande son très particulière, la folie de kinski rendent parfaitement l'atmosphère étouffante de la forêt amazonienne et donnent un effet hypnotique au film Du coup on a le sentiment d'avoir un pied sur ce radeau et de participer à cette quête mystique.
Sept ans avant Apocalypse Now, Aguirre, véritable chef d'oeuvre du cinéma allemand, préfigurait une nouvelle forme de cinéma, totalement hallucinatoire : la dérive infernale.
Si le film de Werner Herzog évoque tant l'oeuvre surestimée de Coppola, c'est moins parce qu'il en annonce les thématiques essentielles mais parce que, là ou Apocalypse Now basculait dans la surenchère de folie pour un propos des plus simplistes sur la guerre, Aguirre préfère parier sur la mesure et la nuance, et en tire une densité considérable.
Cette nuance, elle est autant dans la mise en scène et la photographie (la luminosité qui donne une apparence paradisiaque est illusoire) que dans un humour caustique et psychédéliques, qui percute à travers des répliques cultissimes : "Cet homme fait une tête de plus que moi. Cela pourrait changer."
Aguirre ne donne jamais dans la thèse philosophique mais invite un spectateur interactif à trouver une signification cachée sous le voile du burlesque et de l'extravagance. Cette galerie de personnages loufoques, et complexes (Aguirre est d'ailleurs un protagoniste très Barry-lyndonien) permettent l'accessibilité des thèmes fondamentaux.
Le film de Herzog pourrait se lire comme une pure fresque historique mais il porte en lui les germes d'une dénonciation du pouvoir de l'argent et de son insatiabilité.
Un mot également sur la performance ahurissante d'un Klaus Kinski habité par la démesure.
Vous l'aurez compris : Aguirre est une expérience cinématographique assez enthousiasmante et métaphysique pour qu'on la classe aux côtés de grands chefs d'œuvres historiques (Barry Lyndon, le Ruban Blanc, Salo ...).
À voir également : la digestion moderne de l'oeuvre par Nicolas Winding Refn dans Valhalla Rising.
Ce film est construit laborieusement par des séquences se suivant sans vraiment de logique en apparence, mais telle la théorie du chaos, l'enchainement est construit de façon à amorcer une scène finale en apothéose, puissante, transcendante, magnifié par le génie de Kinski, imperturbable et perturbant, oppressant, dérangeant par la folie dont il est victime ...et coupable. Un diamant brut inexplicablement beau et troublant.
Au son de Popol Vuh, l'ouverture est absolument magistrale et marque à jamais les esprits. Puis, à l'image du personnage principal, incarné par un Klaus Kinski halluciné, ou plus simplement à l'image de la vie, l'homme se perd dans une nature hostile, ou plutôt un monde qui lui échappe. Tel un fou, cherchant une issue dans un labyrinthe, dont la seule issue est la mort.......
Transcendant, véritablement hypnotique par moment (le temps semble suspendu lors du trajet de l'exécution de Don Ursua, et pendant les traversées en radeau), Aguirre est une pure immersion du spectateur dans l'univers de la quête d'Eldorado. Véritablement surréaliste dans ses évènements (les hommes sont fous), on voit chacun des protagonistes disparaître les uns après les autres. Ne reste plus qu'Aguirre, seul régnant dans l'empire de son radeau sur une colonie de singes, splendide métaphore de ce qu'était déjà l'expédition à son départ. Les acteurs sont à couper le souffle, la musique contribue énormément à l'atmosphère du film, qui risque de marquer le spectateur dans son jugement sur les expéditions d'or et de gloire. Indispensable.