Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Eldacar
54 abonnés
357 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 14 mai 2012
Le sommet de la carrière de Losey. "Le Messager" met en scène l'éveil du désir chez un enfant qui, confronté trop tôt à la dure réalité du monde des adultes, verra sa vie détruite par cet été et par la découverte trop brutale de la sexualité. Losey place d'emblée le film dans le genre dramatique, le générique d'ouverture se déroulant sur une vitre battue par la pluie. Pluie qui reviendra à la fin, l'été brûlant se terminant dans les larmes. L'image surexposée, faisant baigner l'idyllique campagne anglaise dans une lumière aveuglante et d'une grande sensualité, fait ressortir les pulsions cachées des personnages, dissimulées au fond de leur âme, sous leurs vêtements d'un blanc immaculé. D'où une critique du puritanisme, qui emprisonne les individus et puni ceux qui se osent se révolter. L'excellente musique de Michel Legrand vient renforcer cette sensation d'inadéquation entre les images idylliques et la nature refoulée des personnages, en soulignant les moments dramatiques ou en se plaçant en contrepoint des images calmes. Et on ne peut parler du film sans évoquer le casting impeccable. La formidable Julie Christie parvient, sous des dehors corsetés, à faire subtilement transparaître la sensualité du personnage. Dominic Guard est une vraie révélation, que l'on reverra malheureusement peu par la suite. Et il ne faudrait pas oublier Michael Redgrave qui, malgré seulement quelques minutes de présence à l'écran, parvient à personnifier avec force une vie gâchée, grise, sans amour ni chaleur.
Losey n'eut jamais l'habitude d'y aller avec le dos de la cueilliere. Militant communiste convaincu, son cinéma se focalisa, avec une fortune diverse (l'excellent "Accident", le légérement désuet et didactique "The Servant", le ridicule "L'Assassinat de Trotski"), sur les rapports de classe. En adaptant un roman de LP Hartley, à l'époque de cette chère Angleterre Victorienne, il y trouva matière à la critique sociale mais il lui donna surtout de la chair et de la fièvre. Film éminement sensuel, dans une veine finalement presque libertaire dans son analyse de la sexualité comme force pertubatrice des rapports de classe institués, "The Go-Between" n'oublie pas les autres éléments du roman, l'omniprésence du passé, la perte de l'innocence, l'incapacité d'un homme à échapper à l'adolescent qu'il a été. Un foisonnement d'où s'échappe la mélancolie des paysages anglais.