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traversay1
3 675 abonnés
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2,0
Publiée le 2 août 2016
Bal(l)ade entre Eros et Thanatos. Sur fond de manifestation contre la guerre au Vietnam, cette oeuvre au scénario erratique, existentialiste, est difficile à appréhender sans une bonne connaissance de l'histoire du Japon. Du Godard, en un peu plus lisible, et encore...
Drôle de film que ce "A Propos des Chansons Paillardes au Japon", impressionnant pot-pourri de styles : on pense bien sûr à la Nouvelle Vague française, mais aussi parfois au surréalisme à la Buñuel, on se surprend devant des envolées anti-nationalistes et pro-coréennes dignes d'un pamphlet politique pur et dur, on retombe dans une satire sociale de l'obsession sexuelle (phénomène universel) chez les lycéens, et au final, on se souviendra sans doute surtout de l'habituelle obsession d'Oshima pour la dualité sexe (plus ou moins limité au viol, d'ailleurs) / mort, puisque le film se clôt sur le passage à l'acte du "héros" qui étrangle l'obscur objet de son désir. Si "A Propos des Chansons Paillardes..." est souvent léger et drôle (l'effet Nouvelle Vague, donc...), il est surtout emprunt d'un pessimisme terrible, puisque Oshima ne sait aucune illusion, ni sur la "libération sexuelle" dans son pays, ni sur la capacité de la jeunesse a conduire une véritable révolution : les scènes avec les étudiants en pleine manifestation musicale contre la Guerre du Vietnam sont parfaitement claires, il n'y a rien à attendre de ce côté là. Je ne saurais dire si j'ai aimé ce film ou non (la post synchronisation hasardeuse de l'époque nuit d'ailleurs à plusieurs scènes...), mais la manière dont Oshima bouscule les codes de la représentation cinématographique reste révolutionnaire, elle, près de 50 ans plus tard.
Je ne pense pas que le but de Nagisa Oshima était d'emmerder le spectateur en réalisant ce film mais si ça avait été le cas, le challenge aurait été pleinement rempli. La photographie superbe et la composition de plans larges montrent incontestablement que Oshima est un esthète. Il n'est pas difficile non plus de comprendre que le cinéaste a voulu montrer une jeunesse qui pense plus à baiser qu'à se révolter. Mais le problème, c'est que le réalisateur tourne très vite en rond pendant plus de 100 minutes qui paraissent très vite interminables. Des scènes inutiles et se ressemblant désespérement toutes n'arrêtant jamais de se succéder, on n'a pas de mal à rentrer dans une certaine torpeur. Seule la dernière scène arrive à nous en faire sortir. Si vous avez quelques problèmes d'insomnie, c'est exactement ce qu'il vous faut.