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    Le Gouffre aux chimères
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    Kaza Nova
    Kaza Nova

    5 abonnés 142 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 décembre 2019
    Le Gouffre aux Chimères, ou le conte cruel qui cloue la presse au pilori. Dans une tonalité typiquement américaine, ce drame au cynisme décapant croque à pleines dents la presse et son sensationnalisme immoral. Plus que cela, il démolit la société américaine avide de grands divertissements tous publics, où se mélangent voyeurisme, business infâme et opportunisme cupide.
    Le drame d'un homme coincé dans un trou fournit le prétexte à une gigantesque kermesse, rythmée par les reportages à sensation d'un journaliste sans scrupule, les distributions de glaces suintant l'arnaque et les hurlements de l'américain moyen abêti secoué sur des montagnes russes virevoltantes. Quelques mètres en dessous, un homme banal agonise, victime à la fois célèbre et anonyme de la machine à broyer de l'entertainment.
    L'on hallucine devant l'étalage de cynisme du journaliste, magistral Kirk Douglas, du sheriff, de la femme et du pékin moyen dans cette fable mordante, monument à l'avidité et à la bêtise. Le tout est si bien construit, la machine si bien lancée que le réalisateur ne sait plus vraiment comment conclure. En achevant son conte de manière morale et quelque peu mélodramatique, il redonne un soupçon de foi en l'humanité.
    MaCultureGeek
    MaCultureGeek

    1 081 abonnés 1 224 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 août 2019
    Premier Billy Wilder qu'il m'ait été donné de voir, Le Gouffre aux chimères est une claque monumentale, une tragédie pathétique à la conclusion magnifique où l'on suit un Kirk Douglas au sommet de ses capacités d'acteur, forcément attachant pour son rôle de pauvre type seulement désireux de réussir pour survivre en un monde de requins, de rapaces et de chacals. Perdu dans ses ambitions, il dirige son poulain, le jeune Robert Arthur, avec un charisme unique, et un opportunisme à toute épreuve.

    S'il est considéré au départ comme un pauvre type, un homme mauvais, seulement préoccupé par ses ambitions et peu soucieux du bien-être des autres, il se révèle, à mesure que le film avance, homme de bien perdu dans ses mauvais choix, ceux d'une vie entière. Prisonnier de ses démons, Kirk Douglas incarne un personnage superbe, incroyablement écrit, d'une profondeur exemplaire et d'une personnalité passionnante.

    Forcément impressionnant dans son interprétation, c'est surtout à ses nuances qu'il fascinera : Douglas aura trouvé la frontière de jeu entre l'énervement de l'homme qui ne contrôle plus rien et la violence un peu perverse de celui qui désire, paradoxalement, tout contrôler. Un paradoxe qui occupe toute la durée du film, jusqu'à trouver sa réponse en fin d'intrigue, une réponse fatale pour bien des gens mais révélatrice de la vanité de l'existence du plus grand nombre.

    Si l'on pourra le considérer, à première vue, comme une critique acerbe du journalisme et de ses pontes sans grand respect pour la vie d'autrui (Nightcall ira plus loin dans ce sens, du moins dans le sensationnalisme, pas dans sa réflexion), Ace in the hole se mue rapidement en un regard social désabusé où l'on se bat pour se montrer important, où, déjà à l'époque, chacun désirait son quart d'heure de gloire à la télévision, quitte à rabaisser les autres, à mentir en heure de diffusion.

    Même Douglas, qui désirait se refaire une carrière, se rend compte que le mouvement le dépasse; si c'est au départ une aubaine, la malhonnêteté de la compagne de ce pauvre homme prisonnier des débris, les quelques spectateurs qu'on aperçoit dans le foule, au détour d'interview, du début à la fin transforment la situation en fête foraine à l'aura nationale, où ceux qu'on croit héros sont finalement responsables de l'emprisonnement allongé de celui qui passionne toutes les foules.

    En plus de cela incroyablement filmé, Le Gouffre aux chimères passionne autant qu'il émeut, se déroulant plutôt classiquement, avec grande classe et un noir et blanc magnifique, jusqu'à ce plan final d'un impact éclatant, au modernisme incroyable et au cadrage parfait, digne conclusion choc d'un film qui ne laissera personne indemne. D'une force insoupçonnée, il happe son spectateur, le met en miroir à ceux de son propre film, lui balançant en pleine face ses travers et ses intérêts, jusqu'à finalement lui susurrer à l'oreille qu'il est, peut-être, lui aussi responsable de sa conclusion tragique.

    Fantastique, Ace in the hole reste, aujourd'hui encore, l'une des références de son sujet, et demeure, c'est à n'en pas douter, un classique incontournable de l'histoire du cinéma. Incroyable à voir, il a le grand talent de mêler expérience sensorielle à réflexion poussée et intelligente, offrant des moments d'envolée émotionnelle d'une intensité difficile à égaler (le discours final au sommet de la montagne est un grand moment de cinéma; il résume tout le talent du film, de son écriture à sa qualité sonore, en passant par son jeu d'acteurs et sa réalisation).

    Réaliste, intemporel, Ace in the hole est un authentique chef-d'oeuvre.
    LaMoule R
    LaMoule R

    4 abonnés 28 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 juin 2019
    Un film que j'ai voulu me remater après avoir découvert le bien plus récent "Night Call". Réalisé par Billy Wilder, prolifique et besogneux réalisateur des années 30 à 80, surtout réputé pour ses comédies et avec pour vedette le non moins talentueux Kirk Douglas. Film noir se déroulant en plein soleil du Texas, narrant l'histoire rocambolesque d'un journaliste avide de retrouver sa place dans les grands journaux New Yorkais, quitte à renier la plus petite parcelle de moralité qu'il a en lui. Un film très plaisant, grincent et cynique comme je les aimes qui plus est sur un sujet intemporel qu'est le journalisme et la recherche de spectaculaire, de vendeur plus que de pertinence ou même de vérité. Réalisation simple bien que quelques plans soient habilement composé. je terminerais sur une réplique du film qui résume à merveille le message du film ; "Ils goberont tout ! Mes histoires et vos sandwichs !". Pas étonnant que l'obésité gagne du terrain actuellement...
    Shephard69
    Shephard69

    333 abonnés 2 259 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 juin 2019
    Après "Le poison" et "Assurance sur la mort", ma troisième incursion dans la filmographie de Billy WIlder. Présenté comme l'un des drames les plus sombres de l'histoire du cinéma, un long-métrage qui rappelle énormément le récent "Night call" avec Jake Gyllenhaal. Avec en toile de fond le sauvetage d'un homme coincé au fond d'une grotte, un film qui livre un portrait bien peu flatteur du journalisme à sensations prêt à tout pour un scoop entre mensonges, manipulations et autres bassesses pour arriver à ses fins cupides. Une oeuvre qui repose en majeure partie sur l'interprétation magistrale de noirceur, de vice de Kirk Douglas et sur une mise en scène fonctionnelle mais subtile. A la fois sublime et dérangeant.
    Frédéric P
    Frédéric P

    15 abonnés 185 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 janvier 2019
    Tourné en 1951, ce film sur la déontologie du journalisme et la manipulation des masses nous révèle un Billy Wilder très critique sur la société du spectacle. Il s’inscrit dans le petit groupe de films sur des sujets voisins comme Citizen Kane (1941) ou Un homme dans la foule (1957).
    La performance de Kirk Douglas est exceptionnelle. Journaliste arriviste, il exploite le malheur d’un homme coincé dans un éboulement pour en faire un scoop. Prêt à tout pour réussir il n’hésite pas à influencer le shérif pour orienter les secours vers une technique plus longue lui permettant de multiplier les papiers exclusifs. Le shérif y voit son intérêt pour sa campagne de réélection. La femme de l’homme coincé qui pense refaire sa vie avec un homme plus riche n’est pas épargnée. La critique de la société américaine est claire. Le thème de l’arrivisme reviendra sous une autre forme dans La garçonnière.
    La fin est un peu abrupte.
    mister
    mister

    17 abonnés 202 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 janvier 2018
    Très bon film avec des interprétations très solides et un Kirk Douglas remarquable. L'histoire est vraiment originale et moderne pour l'époque et c'est avec beaucoup de plaisir qu'on voit se mettre en place ce Barnum autour du sauvetage d'un mineur, qui nous rappelle tant de faits divers tragiques qui ont eu lieu par la suite, couverts par les médias de façon presque identique. C'est une époque où les gens avaient encore des rêves et des ambitions. La lumière et la photographie sont également remarquables.C'est donc avec une grande nostalgie qu'on regarde ce genre de film racontant une très bonne histoire et dressant les portraits de plusieurs personnages avec beaucoup de justesse et d'humanité. C'est un savoir faire qui s'est plus ou moins perdu au fil du temps et qu'on aimerait retrouver dans le cinéma moderne, lesté d'effets digitaux indigestes et aux personnages vides.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 3 septembre 2017
    Billy Wilder nous offre une histoire visuelle captivante: un scénario original (dont la thématique est toujours d'actualité) un jeu d'acteur réussi et une mise en scène bluffante! 67 ans après sa sortie ce film est excellent, impossible de s'ennuyer un seul instant et de ne pas s'étonner devant la dimension parfois grandiose de film. A voir absolument :)
    Santu2b
    Santu2b

    249 abonnés 1 785 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 septembre 2017
    Billy Wilder a toujours déclaré que parmi les dizaines de films qu'il a fait (la concurrence est pourtant rude), c'était "Ace in the hole" qu'il préférait. Si ce n'est pas le plus connu, il faut urgemment le découvrir. Réalisé en 1951, il met en scène un journaliste sans scrupules et prêt à tout, même à laisser pendant une semaine un indien coincé au fond d'une galerie pour construire un scoop. Après tout, une mauvaise nouvelle, c'est ce qui se vend le mieux selon l'adage. Il s'agit d'un film incroyablement visionnaire sur les dérives du journalisme, qui lorgnant vers la presse à scandale, n'est devenu qu'un instrument médiatique, au sens primaire du terme. La manière dont les choses tournent dans le patelin avec ces milliers de personnes est effrayante quant à notre société actuelle et son obsession du buzz. Et puis ce qui est toujours fabuleux chez Billy Wilder est son goût immodéré pour le détail ; à l'image de Jack Lemmon faisant usage de sa raquette de tennis en guise de passoire, ici c'est Kirk Douglas qui enflamme son allumette au moyen du rivet de la machine à écrire. Ce dernier est absolument magistral, dans l'un de ses premiers rôles marquants.
    Yetcha
    Yetcha

    877 abonnés 4 398 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 avril 2017
    Encore tout à fait moderne. Cette course au scoop, au fantastique, à l'argent aux dépend du sujet est totalement et terriblement vraie tant la satyre fonctionne. Kirk Douglas est excellent et le sujet suffisamment banal et à la fois extraordinaire pour caricaturer la réalité de la presse à scandale et même de la presse en général.
    Acidus
    Acidus

    718 abonnés 3 709 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 mars 2017
    Réalisé et produit par le grand Billy Wilder, "Le grouffre aux chimères" nous montre l'appétit d'un journaliste à la recherche d'un gros scoop. Pour l'obtenir, il va jusqu'à manipuler les gens et les évênements, allant jusqu'à mettre en jeu la vie d'un individu. Le film dresse un portrait peu flatteur de la profession et d'une certaine presse qui recherche le scandale et le malheur pour augmenter son nombre de tirages. Le regard de Billy Wil se veut cynique et "le gouffre aux chimères" peut se regarder comme une satire avec son lot d'exagérations et de scènes tirés par les cheveux. Dans le rôle du journaliste véreux, Kirk Douglas y est comme un poisson dans l'eau, monopolisant l'écran. Répétitive, l'intrigue finit toutefois par s'essoufler. Un bon long métrage tout de même.
    alouet29
    alouet29

    76 abonnés 1 514 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 5 janvier 2017
    Kirk Douglas est à son aise dans cette histoire sur le cynisme des journalistes et l'immoralité des journalistes.. Le thème est traité efficacement mais le scénario n'est guère captivant.
    py314159
    py314159

    2 abonnés 144 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 novembre 2016
    Un journaliste profite d'un incident dans une grotte perdue pour monter un événement national et assoir sa renommée. La tension monte tout au long de ce film noir où le cynisme des uns renvoie à celui des autres.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 064 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 octobre 2016
    Ce film est un peu tout ce que Nightcrawler n'a pas réussi à être. Alors c'est sans doute un peu "injuste" pour le pauvre Gilroy de comparer son film à celui de Wilder, car il n'a bien évidemment aucune comparaison qui puisse tenir, mais c'est le même genre de film, où un journaliste est prêt à tout pour la célébrité, même à former la réalité pour que l'événement qui lui fera gagner cette célébrité puisse arriver.

    Sauf que chez Wilder on n'a pas une sorte de dangereux psychopathe, mais un type normal, ambitieux, cynique, mais qui reste humain et qui permet donc l'identification. Ainsi pendant tout le film le spectateur peur se reconnaître dans le personnage de Kirk Douglas, dans ses choix, dans son attitude, on est ému en même temps que lui et on n'en arrive pas à souhaiter un retour moral brutal et violent comme pour Nightcrawler. Ici la fin n'est sans doute pas morale, mais l'humanité du personnage de Douglas donne envie que ça se finisse bien pour lui, car ce n'est finalement pas un si mauvais bougre, c'est juste quelqu'un qui a pris des décisions malheureuses.

    On a donc un film très bien pensé, qui sait exactement où il veut venir, par quel chemin émotionnel faire passer son personnage principal et son spectateur pour porter son message. Et ça marche d'autant mieux que vu le ton cynique du film on ne sait pas réellement comment ça peut se terminer, ce qui permet d'utiliser le suspens, car quand le film et Kirk Douglas abandonnent le cynisme pour revenir sur un premier degré, la bascule se fait également chez le spectateur qui pendu à son écran ne souhaite uniquement que le pauvre Léo, enfermé dans sa mine s'en sorte. Et étant donné qu'il y a eu empathie pour le personnage de Douglas, même si on sait très bien qu'il n'a pas bien agi, que ce qu'il a fait est moralement condamnable (et légalement aussi), qu'on a cru à sa belle histoire et qu'on voulait qu'il réussisse à le faire, le spectateur cynique se trouve pris face aux conséquences de ses propres souhaits de spectateur et en vient, tout comme Douglas à regretter cette scène pourtant assez jouissive où Douglas suggère (impose) de libérer Léo avec une foreuse ce qui prend une éternité, plutôt que d'opter pour un moyen bien plus simple et plus rapide.

    Le film est très habile, arrive parfaitement à jouer avec les attentes, les émotions pour délivrer un message réellement puissant.

    Un très bon film.
    this is my movies
    this is my movies

    700 abonnés 3 087 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 août 2016
    B. Wilder signe ici une fable noire, amère et sans concession sur un monde des médias qu'il réprouve et exprime avec beaucoup de violence son dégoût d'une certaine facette de l'humanité. Pour cela, il trousse une histoire assez crédible puisque s'appuyant sur plusieurs faits divers et pousse le curseur un peu plus loin en nous faisant suivre le parcours d'un journaliste désireux de retrouver sa place dans le gratin de la profession et qui ira loin, très loin pour ça. Peinture peu reluisante d'une société dominée par les médias et l'image (pas l'image physique mais celle que l'on donne de soi), il critique les fondements de la démocratie à l'américaine et les manipulations politiques qui la sous-tende, le manque de probité de ses élus et surtout de ceux qui les font et les défont. Cette presse prête à flatter les bas instincts de l'Homme (une bonne nouvelle n'est pas une nouvelle dit l'un des protagonistes) le répugne tout autant que ceux qui viennent de repaître de ce triste spectacle sans oublier ceux qui en profitent. C'est mordant, acide, amer et d'une rare lucidité, le tout étant appuyé par une mise en scène impeccable, des acteurs impliqués (avec un K. Douglas impeccable notamment) et un scénario qui tient en haleine. Classique qui connut bien évidemment un lourd échec à sa sortie et que Wilder paya de sa poche (le succès de "Stalag 17" juste après lui permit d'éviter de trop lourdes dettes). D'autres critiques sur
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 147 abonnés 5 132 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 mars 2015
    Le sujet est excellent. Terrible dérive du journalisme. "La montagne est là et il est encore dessous". C'est glaçant et encore tellement vrai: "les bonnes nouvelles, ce n'est pas de l'information". "Je sais ce qui plait aux gens". Un film vraiment superbe avec en plus la problématique de la femme, dont je ne peux parler ici, mais qui rajoute encore du sinistre a cette histoire formidablement filmée. Film considéré par Woody Allen comme étant un chef d'œuvre; Ce n'est pas rien comme conseil!!!!
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