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Pascal
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2,5
Publiée le 5 février 2023
La ressortie en salles de quatre films difficilement visibles du réalisateur indien Mani Kaul ( 1942-2011), permet de se pencher sur une filmographie singulière, peu connue en occident, qui s'inscrit dans le courant du nouveau cinéma indien, né dans les années 70.
Sur les quatre opus projetés actuellement sur les écrans, trois ont été réalisés au début de la carrière du cinéaste dans les années 70 et un "Nazar" ( " le regard" ) l' a ete en 1990.
Tiré d'une nouvelle de Dostoïevski " la douce", " Nazar" se présente sous la forme d'un dialogue intérieur d'un mari qui a perdu sa jeune femme qui s'est suicidée.
Le cinéaste aborde ici les thèmes de la culpabilité, de l'importance des problèmes intérieurs qui empêchent d'accueillir l'autre et de former un couple heureux.
Film en couleurs, silencieux ( peu de musique), très peu de dialogues, le tout filmé essentiellement dans un appartement d'un immeuble qui donne sur le littoral de Bombay, c'est au final une exercice de style qui ne m'a pas complètement convaincu, malgré un sujet intéressant..
Le ton de " Nazar" se rapproche de celui des films réalisés par Marguerite Duras et m'a parfois fait penser à " Hiroshima mon amour" de Resnais ( sans atteindre, de très loin s'en faut, le degré d'accomplissement du film français).
" Nazar" comprend, selon moi, quelques défauts dommageables au résultat final : casting pas très au point, qualité d'écriture des dialogues ne permet pas de décrire avec précision les ressorts psychologiques du personnage principal, la difficulté de renouveler les plans en raison d'un décor trop lisse...
Toutefois, l'inventivité de certains cadrages, de l'écriture cinématographique, l'ambition évidente du cinéaste et la rareté du film, motiveront les amateurs de cinéma du patrimoine à tenter l'expérience, à laquelle, pour ma part, je suis resté plutôt insensible.
On a parlé de l'influence de Bresson dans l’œuvre de Mani Kaul. "Nazar" fait également penser à Godard par son montage déconstruit, où la cohérence du récit émerge davantage sur un plan plastique que narratif, et à Duras par sa voix off et le descriptif d'une histoire dont on connaît la fin. La beauté des plans, de la perception des décors, des visages, la qualité du cadre en règle générale sont captivantes mais ne pallient pas complètement l'absence de dynamique d'une fiction qui parle avant tout à l'intellect.