GÉNÉRAL : La rencontre de deux cultures, une théorique et une pratique. Un jeune anglais qui hérite d’une mine en Crète se lie d’amitié et expérimente la vie avec un sexagénaire. Film adapté du roman de Nikos Kazantzakis.
ASPECTS POSITIFS :
Une musique de Théodorakis très spéciale qui enveloppe tout le film. La force des valeurs individuelles chez les deux personnages principaux en opposition devant la faiblesse des valeurs collectives des Crétois. La scène qui illumine sur le sujet du film et qui met en conflit les deux cultures de la révélation et du concept :
Zorba: Pourquoi est-ce que les jeunes meurent? Pourquoi est-ce que tout le monde meurt? Dis-moi.
Basil: Je n’en sais rien.
Zorba: À quoi ils te servent tous tes sacrés bouquins s’ils ne te disent pas ça ? Alors, qu’est-ce qu’ils te disent ?
Basil: Ils me parlent de la peine et de l’angoisse de l’homme qui ne peut pas répondre à ce que tu demandes.
Zorba:Et bien je l’emmerde cette angoisse-là!
ASPECTS NÉGATIFS : Je cherche encore.
PISTES DE RÉFLEXION GÉNÉRALES :
Parfois plusieurs cultures finissent par se rencontrer sur la vie, la mort et l’amour. Les deux personnages abordent ces trois sujets avec une différence dans leur approche : Zorba est plus physique et le patron plus spirituel. À titre indicatif, lorsque la jeune meurt, le patron est impuissant contrairement à Zorba. Aussi, lorsque Bouboulina meurt, Zorba accepte qu’il n’y ait pas d’enterrement contrairement au patron.
Dans la communauté, qui apparaît fanatique et laide, les valeurs collectives semblent prédominer sur valeurs individuelles. Le père, dont le fils s’est suicidé, est peut-être un des seuls exemples de valeur individuelle de cette collectivité, mais qui finira par se transformer en valeur collective lors du meurtre de la jeune.
De son côté, l’anglais représente plus une culture où l’individu est important. Quant à Zorba, il est plus hybride, plus pratique et c’est ce qui lui permet de survivre. Sur la vie, à la fin, ils sont vivants, célèbrent l’hymne à la vie, vont continuer leur vie et continuer de s’aimer à distance.
Zorba ressort du milieu parce qu’il a un respect de la vie dans un milieu où cela semble absent. Mais la société dans laquelle Zorba se retrouve n'est pas innocente dans son état primitif. Elle semble regrouper des gens qui ont arrangé leur vie d'après leurs propres règles et qui laissent libre cours à leurs sentiments et leurs instincts.
La mort des deux compagnes des protagonistes leur a permis de se rapprocher davantage pour comprendre le sens et l’importance de la vie. L’écrivain est quand même celui qui semble avoir raison. Il a demandé à Zorba de lui montrer à danser pour montrer à ce dernier qu’il réalisait que les chemins de la vie peuvent être variés, mais s’en vont tous vers la même direction.
Les entreprises de Zorba, même en amour, se terminent presque toujours par un désastre. Quand il se fait exploiter par l’escorte, on voit toute sa faiblesse face à sa sexualité. Mais Zorba sait qu’il a cette faiblesse et est incapable de la contrôler comme il le dira sur le bateau.
La relation entre l’écrivain et la veuve vivant seule nous incite à nous poser des questions. On n’aura jamais la réponse. Elle ne peut être claire. Cette relation, même dans son aspect physique, est marquée davantage par une foule de symboles qu’il nous est difficile d’analyser sur le coup. La nature de la relation reste étrange, mais son effet a un résultat dévastateur sur la communauté qui est déjà loin du niveau intellectuel des deux personnes impliquées dans la relation. On pourrait même dire que ces deux personnages se retrouvent ensemble non pas parce que c’est ce qu’ils désirent, mais parce que c’est ce qu’il y a de mieux dans le milieu.
PISTES DE RÉFLEXION SPÉCIFIQUES :
Dès le début, nous sommes entraînés dans les nuages avec la musique de Mikis Theodorakis. Ensuite, on fait face à un jeune anglais nerveux qui protège ses livres et qui se fait faire des beaux yeux, surtout par Zorba. Ce dernier dira même à l’anglais : « Tu me plais, emmène-moi avec toi ». Une musique d’amour s’installera lorsqu’ils sont au café et Zorba sifflera près de l’oreille de l’anglais avant que ce dernier accepte ses services.
Au début Zorba riait du fait qu’il boive du thé, mais à l’annonce de la bonne nouvelle, il lui imposa du rhum. L’anglais n’a pas écrit depuis des mois et voilà qu’il n’aura plus besoin d’écrire, car il va vivre avec Zorba. Les personnages sont très contrastants. D’un côté, il y a le raffinement, la candeur, la pensée, la raison et de l’autre, on retrouve l’extravagance, l’expérience et l’intuition.
Une faiblesse de Zorba est mise en évidence sur le bateau, car il n’est pas capable d’aller en mer sans être malade. À l’époque, ça le limitait beaucoup. De son côté, l’anglais supporte la mer; il vient d’une île. Zorba dit qu’il est stupide parce qu’il s’est marié. La scène des dauphins montre que Zorba est un peu naïf et que l’anglais a dû en voir pas mal des dauphins dans sa vie.
Zorba veut faire danser l’auteur avec Bouboulina parce qu’il croit que ça fera plaisir à cette dernière. Mais le patron, ça ne l’intéresse pas et son approche avec les femmes est plus réservée que Zorba. Le patron est différent de Bouboulina; il est plus discret et les histoires exagérées d’amiral ça le fait rire. Zorba, ça l’intéresse parce qu’il a un désir physique qui s’impose.
Dans la scène de la chèvre égarée, Zorba comprend ce qui se passe et agit. Le patron offre ensuite son parapluie à la jeune femme dépourvue. Zorba explique ce que provoque cette veuve chez les villageois. Le patron va demander à Zorba pourquoi ce harcèlement au sujet de la veuve et Zorba lui répondra que c’est parce qu’il l’aime. On voit la méchanceté entre les villageois quand ils rapportent au fils que l’anglais est chez la veuve.
D’ailleurs, lorsque l’anglais et la veuve se retrouvent ensemble, la relation semble difficile. À la mort du fils, la comédie et la tristesse se font face. Le père blâme la veuve et n’accepte pas que ce soit son fils qui est faible. Avant que la veuve meure, on constate à quel point ils la désirent tous. On retrouve plusieurs ressemblances avec le film Ryan’s Daughter où il y aussi cette société aux valeurs collectives imprégnées qui fait face à la beauté.
L’anglais est impuissant lorsque la veuve se fait lapider. Il demande au fou d’aller chercher Zorba qui agira, mais qui ne pourra empêcher le meurtre de se produire. Le seul qui réagit face à cette mort est le fou du village. Zorba questionnera le patron sur la mort et le patron ne saura pas quoi lui répondre, alors Zorba lui demandera à quoi servent tous ses livres s’ils ne peuvent pas répondre à ces questions. Le patron lui répondra que ces livres racontent l’impuissance de l’homme à répondre à ces questions. Les villageois vont tout voler à Bouboulina excepté le perroquet, car il faut le nourrir.