Zone 39 est un étrange film de SF. Petit budget, un style qui rappelle plus les années 80 que 90, rien de connus et surtout pas dans le casting, le métrage pourra rappeler des films de SF contemplatifs avec des pointes de violence occasionnelles, loin des post-nuke habituels.
Le casting est le point faible du film. Les interprètes ne sont certes pas connus, mais ils ne sont pas vraiment bons non plus. Peter Phelps tend à trop en faire, et ses colères sont rarement crédibles. C’est aussi le cas de Bradley Byquar qui en fait vraiment beaucoup lors de ses apparitions. Ils ne parviennent pas à doser leurs prestations, et du coup ça prend parfois des airs caricaturaux trop nets, et on peine à complètement croire à leurs personnages. William Zappa fait un peu pareil, mais à la limite, interprétant un fou, c’est moins problématique. A souligner la charmante Carolyn Bock, dont on regrette presque qu’elle ne soit pas l’héroïne, car elle joue globalement mieux.
Le scénario a des atouts. Film contemplatif avec peu d’action, ce qui surprend c’est que le propos soit finalement peu « science-fictionnel », mais pourrait fort bien avoir un ancrage dans notre monde actuel. L’intrigue est intelligente, l’univers est réussi (avec peu de moyen), le final est réussi, dans l’ensemble Zone 39 fonctionne bien et a quelque chose à dire. Après, il y a des choses un peu attendu, et sans doute le film aurait pu aller plus loin, mais le manque de moyen a visiblement limiter les ambitions de ce métrage qui aurait pu faire un très bon prologue par exemple à une trilogie plus complexe. En tout cas, pas forcément très convaincu avec le début peu clair, Zone 39 finit par s’imposer malgré tout comme un bon film sur le plan du propos.
Formellement c’est sûr qu’il y a des limites évidentes. Sans doute doté du budget d’un épisode de Supercopter, Zone 39 fait le minimum niveau SF. Véhicules vaguement tunés, costumes quelconques, scènes d’action faiblardes, il n’y a pas grand-chose. Heureusement, le film utilise un ressort scénaristique intelligent justifiant la faible figuration et diminuant le nombre d’interprètes, et exploite avec succès des décors désertiques post-nuke de premier ordre. Là-dessus, une petite musique un peu rétro, et l’on se retrouve finalement avec un film à l’esthétique plutôt réussie, si tant est que l’on passe sur le manque de budget. La mise en scène est très correcte, je n’ai pas de reproche à faire à ce niveau.
Globalement Zone 39 est une belle découverte. Je ne regrette nullement le visionnage. J’ai vu un film soigné, intelligent, qui parfois honorablement à dépasser ses limites budgétaires et à offrir un vrai fond. Dommage quand même que le casting soit si raté, il est le réel handicap de ce film qui se repose tout de même beaucoup sur eux. 3.5