Suite à un vol de documents confidentiels, les services secrets forcent Paul Damiani (Lino Ventura) à reprendre du service, mais le voleur semble être Raymond (Paul Frankeur), son meilleur ami.
Sur un scénario suffisamment élaboré, Labro réalise un film d’espionnage classique, avec conflit entre amitié et devoir, trahisons, etc. La photo est parfois recherchée, certaines scènes sont très convaincantes, telle la poursuite dans les galeries de la falaise d’Etretat. Trois bons acteurs : Ventura, en pleine forme, dans un rôle qu’on croirait écrit pour lui ; son officier traitant Paulan (François Chaumette), à la fois cynique et compréhensif ; Donan, le chef des traitres (Jess Hahn), qui a le physique et les mœurs de l’emploi. Frankeur, lui, cabotine outrageusement. Comme pour tous les films policiers de l’époque, le rythme est lent, beaucoup d’acteurs sur-jouent, et les voix sonnent souvent faux, retirant de l’effet à des dialogues quelquefois bien sentis (Je sais ce que tu penses… Ben ça doit vous faire drôle !). Musique un peu niaise. Malgré ces travers du cinéma standard des années soixante, Labro parvient à créer un climat, et l’on regarde sans ennui ces errances en 403, ces bagarres « pour de faux », ces engueulades mémorables, jusqu’à la scène finale tournée dans le décor champêtre d’un canal. La nostalgie peut être toujours ce qu’elle était.