Venant de redécouvrir ce joyau du 7ème art dans les meilleures conditions possibles, c’est-à-dire au cinéma pour une séance unique, une critique semple de circonstance n’est-ce pas ? Je ne vais pas vous mentir en disant que c’est le film qui m’a un peu révélé ma passion du cinéma et qu’il est depuis le long métrage que j’ai le plus vu dépassant les 40 visionnages. Clairement on s’en fout, mais ça montre bien qu’il n’est pas mon film préféré pour rien puisqu’à chaque visionnage le plaisir est égal ou presque à la première fois tant pour moi c’est le film parfait, du genre et du cinéaste.
Pour cet énième revisionnage, mais pour la première fois au cinéma, le plaisir fut total même si l’on connaît le film par cœur. Car au-delà de profiter du grand écran pour contempler à nouveau cette réalisation absolument ingénieuse, cette mise en scène excellente et ses cadrages parfaits, c’est également aussi pour profiter de son ambiance sonore tout bonnement extraordinaire dans une salle de ciné.
La bande son d’ailleurs parfois critiquer, n’est vraiment pas anodine et constitue pour moi l’une voir tout simplement la force majeure du long métrage car c’est elle qui fait tout le sel de l’ambiance, apporte son côté mystique, malaisant, angoissant mais qui également nous envoûte. Une musique parfois pesante, très souvent stridente pour tenter de déranger le spectateur face à l’horreur de l’histoire qui avance et grandit de plus en plus fort. Elle marque tout simplement les esprits qu’on l’apprécie ou non et l’on se rends compte qu’elle prend une place primordiale quand on a l’opportunité de le voir dans d’excellente conditions grâce à des enceintes digne de ce nom avec le son à fond les ballons. On l’entend dès le début sur la magnifique séquence d’ouverture qui déjà nous fait poser des questions sur la suite des évènements à venir. On peut donc dire que le travail conséquent réalisé par Wendy Carlos accompagné également par Rachel Elkind est exceptionnel pour un rendu extra et que les incorporations des musiques de Gyorgy Ligeti, Bela Bartok et Krzysztof Penderecki sont également fantastiques. Je peux donc vous dire qu’au cinéma c’est pas 10 mais 11/10.
Deux versions existent, la version américaine communément appelé version longue que j’ai donc pu revoir au cinéma, durant 23 minutes de plus pour une durée de 2h23 qui est clairement la meilleure selon moi plus riche et offrant encore d’excellents passages comparés à la version européenne d’une durée de 2h. Je ne vais pas aller trop loin dans les détails car sinon je n’en finirais jamais mais il faut savoir qu’une troisième version a existé durant 2h26 qui avait une fin différente exploitée seulement aux USA lors de sa sortie mais qui fut vite modifié quelques jours après pour garder cette version longue qu’on connaît et une version moins longue que l’on connaît encore mieux pour faciliter la distribution. Clairement les deux versions sont excellentes mais l’ajout n’est pas anodin dans la version longue puisqu’elle apporte notamment entre autres des scènes explicatives se rapprochant un peu plus du bouquin.
Parlons-en du bouquin, moi je suis fan des deux, à la fois du film (et même du téléfilm qui est une adaptation fidèle à l’œuvre du maître de l’horreur) et du livre, mais tout le monde n’arrive pas forcément à dissocier les deux œuvres. Ce qu’il faut bien savoir c’est qu’il s’agit d’une libre adaptation du roman homonyme de Stephen King et que donc par conséquent Stanley Kubrick et Diane Johnson ont retravailler entièrement le scénario. L’écrivain fut écarté très rapidement du projet pour que le cinéaste américain est une mainmise totale sur son œuvre. King avoua apprécier du point de vue du spectateur l’adaptation de Kubrick mais du point de vue de l’écrivain, il le déteste affirmant que selon lui, le scénario trahit l’esprit du livre et les thèmes majeurs qu’il aborde, tels que la désintégration de la famille et l’alcoolisme. Beaucoup de différences y sont à relever comme principalement celui du point de vue autour du père dans le film, alors que dans le bouquin le point de vue se centre autour de l’enfant. Donc il faut bien dissocier les deux pour mieux apprécier les œuvres.
Stanley Kubrick signera ici son 11ème long métrage en s’occupant d’un genre qu’il ne s’était pas encore accaparé, le film d’horreur. Il imposera sa patte unique comme il le fait sur chacune de ses œuvres en signant un grand film du genre devenu aujourd’hui un grand classique incontournable qu’on l’apprécie ou non. Kubrick étant mon cinéaste préféré je peux dire sans problème que pour moi c’est le réalisateur qui s’occupe d’un genre cinématographique, le magnifie quasiment chaque fois par le biais d’un chef d’œuvre. Si par exemple avec 2001 : L’Odyssée De L’Espace il a totalement révolutionné le film de science-fiction, Shining a, de son côté, bouleversé les codes du film d’horreur. Privilégiant le climat et les décors, le maître démontre avec brio que la peur n’est pas obligatoirement conditionnée par la nuit ou par des créatures créées pour enrichir le côté horrifique. Ici l’horreur naît dans des paysages immaculés, sous une lumière aveuglante et où il touche au fantastique et aux évènements surnaturels. Il intègre deux concepts, la maison isolée et hantée ici le mystérieux Hôtel Overlook qui figure comme un vrai personnage à part entière et les perceptions extrasensorielles avec les évènements présents, passés et futurs, et les pouvoirs de la télépathie du gosse dont il découvre son don du shining.
On sait tous que le cinéaste est un perfectionniste mais ici ce fut éprouvant pour les acteurs qui répétaient leurs scènes à outrance jusqu’au bord de l’épuisement et des nerfs. Bien évidemment voulu pour que les acteurs soient mis dans un certain état d’esprit afin qu’ils soient possédés, habités par leurs personnages. On critiquera très souvent le jeu de Shelley Duvall, hors Kubrick ne voulait qu’elle pour incarner le personnage de Wendy Torrance car il aimait beaucoup son côté excentrique. Moi je n’ai rien à redire sur son jeu, et elle y joue donc son rôle de sa vie avec un Jack Nicholson qui nous sert un festival et à mes yeux son meilleur rôle de sa carrière. Le petit Danny Lloyd s’avère également excellent surtout quand on compare avec l’enfant du téléfilm qui lui est une véritable tête à claque. Ici il joue toujours juste et reste assez sidérant à l’écran. Les seconds rôles sont également très bons avec Barry Nelson, Tony Burton, Philip Stone, Joe Turkel habitués tous deux des films avec le cinéaste, et notamment Scatman Crothers épatant qui remportera d’ailleurs le seul prix que le film obtiendra, le Saturn Award du meilleur second rôle en 1981. A mon humble avis, le film aurait dû être nominé pour les Oscars. C’est par là qu’on voit que plusieurs fois, des grands films n’ont jamais rien reçu.
Cette pépite cinématographique ne cessera pas de faire couler de l’encre pour des nombreuses théories soulevés ici et là, notamment par le documentaire Room 237 et pour sa propre interprétation du film et de la fin. Ce film aussi riche soit-il sur tous les plans, mérite d’être revu afin d’y découvrir à chaque visionnage des détails qui nous auraient échappés les fois d’avant et amplifierons le plaisir de s’y replonger.
Shining est un monument qui brille et brillera toujours dans l’histoire du cinéma et qui restera mon film numéro 1 de mon top 10 à jamais.
Ma note : 10/10 (Pour les 2 versions avec une préférence pour la longue) et 11/10 au cinéma car c’est encore meilleur !