The Wrestler, quatrième long-métrage de Darren Aronofsky après Pi, Requiem for a dream et The Fountain, récompensé du Lion d'Or à Venise en 2008, brosse le portrait émouvant d'un catcheur has been, Randy Robinson dit "The Ram", le bélier. Véritable star du catch il y a vingt ans, "The Ram" vit dans la nostalgie d'une gloire passée, qui continue à perdurer d'une certaine façon à travers des figurines miniaturisées ou des jeux vidéos représentant le héros. Mais en même temps celui-ci doit bien constater le désastre d'une vie qui paraît, considérée avec le recul, n'être faite que d'échecs: sa solitude, son conflit éternel avec sa fille, son manque de perspectives dans l'univers professionnel (il tente tant bien que mal d'être vendeur de viande dans un supermarché)...
Enfin, et malgré des problèmes de coeur et une interdiction formelle de la part de son médecin, "The Ram" retourne là où il appartient, là où est sa place, là où il se sent comme un poisson dans l'eau: sur le ring.
On ne cachera pas que The Wrestler est avant tout le film d'un acteur, d'un homme: Mickey Rourke. Dans un rôle à forte dimension autobiographique (lui-même ayant sombré dans l'alcool après avoir été une star, puis tenté le come back une fois plus âgé), Mickey Rourke déploie une générosité exemplaire, mais qui ne relève jamais du cabotinage. Dans ce film, il donne, se donne; sans concessions. Aronofsky filme sa tignasse négligée et sauvage, son visage parcouru de cernes, son corps usé, fatigué et blessé ainsi que ce qu'il sécrète: sa sueur, ses larmes, son sang et son vomis. Cependant le film, malgré tout ce qu'il montre, ne tombe jamais ni dans la vulgarité ni dans le voyeurisme.
Non, malgré ce sujet casse-gueule, The Wrestler ne relève en rien de la surenchère. Il s'impose au contraire, dans son évocation de cet homme au bout du rouleau, qui essaie sans succès d'épouser une "vieille" strip-teaseuse mère d'un enfant et de se réconcilier avec sa fille longtemps laissée sans nouvelles en lui offrant un T-shirt vert marqué d'un "S" parce qu'elle s'appelle Stéphanie, de ce catcheur qui tombe sept fois mais trouve quelque part (où?) la force de se relever huit fois, avant de planer finalement au-dessus du ring comme un nouveau Jésus au terme de son chemin de croix (superbe dernière image qui reste en suspens), comme une authentique claque émotionnelle.