Ruben Ostlund récipiendaire de deux palmes d'or à Cannes (2017 et 2022) a, depuis ses débuts au cinéma, souligné qu'il se plaçait dans le sillage de Bo Widerberg.
Rappelon que Widerberg, representant le plus emblématique de la nouvelle vague suédoise est connu notamment pour les réserves qu'il exprima à l'égard de la filmographie d' Igmar Bergman auquel il reprochait" sa préoccupation exclusive pour la classe supérieure et par Dieu".
Actualité oblige, c'est l'occasion de revenir sur un de ses opus les plus renommés " Elvira Madigan" ( 1967) premier film en couleurs de Widerberg, présenté en compétition officielle à Cannes, où son actrice rayonnante et débutante Pia Degermark obtint le prix d'interprétation.
Tiré d'un fait divers situé à la fin du XIX eme siècle, c'est une métaphore sur l'amour romantique et sur ses conséquences malheusement tragiques lorsqu'il est vécu sans concession aux normes sociales.
Sans doute inspiré dans son traitement par " le déjeuner sur l'herbe de Renoir" , le film prend son envol dans sa seconde partie la plus réussie. La première manque un peu trop de rythme et de contenu à mon goût.
Composé de peu de personnages, sans beaucoup de dialogues, porté par la musique de Mozart, ramassé en 85 minutes, ce portrait d'une histoire d'amour fou entre un officier suédois, marié, père de famille et une funambule est concentré sur la cavale des deux amants.
C'est en creux une ode à la liberté, au plaisir et à la place réelle que leur réserve la société.
La jeune actrice principale, découverte dans un magazine par le cinéaste, est dotée d'une photogénie exceptionnelle qui se marie à merveille avec la pureté des paysages du sud de la Suède.
Pour la petite histoire, sa carrière cinématographique, malgré le prix Cannois, sera aussi brève que sa vie personnelle sera dramatique.