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Eva G
62 critiques
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4,5
Publiée le 28 mai 2019
Un drama espagnol écrit merveilleusement par Pedro Almodóvar. Une histoire tirée par les cheveux interprétée divinement par Carmen Maura, Julieta Serrano et Rossy de Palma. On rit du début à fin tellement cette caricature du "soap" à l'espagnol est poussé à son maximum. Incroyable.
On retrouve le goût d'Almodovar pour un cinéma flamboyant et coloré, pour les personnages borderline, les situations absurdes, et l'image de la femme déclinée selon plusieurs archétypes. Cette histoire rocambolesque surfe trop à mon goût vers le théâtre de boulevard mais il faut reconnaître à Almodovar une mise en scène inspirée et un rythme qui se maintient tout le long.
Déjà, j'adore Carmen Maura/Pepa et Rossy de Palma/Marisa... Entourées des excellentes Julieta Serrano/Lucia (la folle qui a réussi à faire semblant d'être guérie) et Maria Barranco/Candela (l'ingénue qui tombe amoureuse d'un terroriste "hard"), et de l'excellent Antonio Banderas/Carlos (qui embrasse tout ce qui bouge en jupon), cela donne un film qui m'a bien accroché et bien fait sourire. Carmen Maura est adorable en femme amoureuse crédule qui lâche prise tout en héritant des problèmes emberlificotants de son amie Candela dont elle n'arrive pas à se débarrasser. Son appartement qui devient le théâtre d'un véritable vaudeville, l'interrogatoire farfelu des policiers, le gaspacho aux somnifères, la concierge témoin de Jéhovah (Chus Lampreave) qui regrette de ne pas pouvoir mentir, tout contribue à faire de ce film un petit bijou de vaudeville à la sauce espagnole. Un petit reproche personnel: je trouve que le film met un petit bout de temps à démarrer et à trouver sa vitesse de croisière. Sinon, si vous aimez le genre plutôt farfelu pas méchant, n'hésitez pas!
Le film est un vaudeville, avec le trio conventionnel, le mari, la femme et la maitresse. Ici, Pepa (Carmen MAURA) est la maitresse d’Ivan, tous les deux comédiens doublant des films étrangers. spoiler: La première essaye de le joindre par téléphone tandis que le second s’apprête à partir en voyage avec sa nouvelle maitresse. Chacun se court après, se croise, avec l’irruption de la famille d’Ivan, sa femme (Julieta SERRANO), son fils (Antonio BANDERAS, alors âgé de 28 ans) et sa petite amie (Rossy de PALMA, 24 ans), sans oublier une amie de Pepa qui a eu le malheur de fréquenter un terroriste chiite. On y retrouve déjà les caractéristiques du réalisateur : le déroulement de l’action à Madrid, son amour du cinéma [les 2 comédiens doublent Joan Crawford et Sterling Hayden dans le film de Nicholas Ray, « Johnny Guitar » (1954)], son choix des couleurs dominantes (rouge et bleu principalement) des vêtements, des voitures et du décor, ses personnages fragiles et/ou exubérants, filmés souvent en gros plans, les éléments symboliques tels que le feu et le choix de la musique [notamment celle de Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) avec « Shéhérazade » et qui complète celle, originale, de Bernardo Bonezzi qui collaborait pour la 5e fois avec Pedro Almodóvar]. .
Almodovar nous a souvent habitué à mélanger la comédie avec le drame mais je pense qu'on peut affirmer que "Les Femmes au bord de la crise de nerfs" est une pure comédie. Le réalisateur espagnol commence alors à bâtir l'immense carrière qu'on lui connait aujourd'hui et les éléments qui font la sève de son cinéma sont déjà présents. Mise en scène très vivante, décor ultra coloré et grande place accordée aux femmes; ce film est porteur des codes typiques du cinéma d'Almodovar. On sent le cinéaste totalement libéré et il n’hésite pas à laisser totalement libre cours à son inventivité. Cela nous donne des scènes totalement surréalistes et décalées à mourir de rire. Les dialogues sont excellents, la mise en scène appuie à merveille les procédés comiques et les acteurs sont tout simplement fabuleux. Sur un rythme de vaudeville, les rebondissements s’enchaînent et le film emporte très rapidement le spectateur dans l'univers baroque et allumé d'Almodovar. Alors, ce n'est certes pas le film le plus profond d'Almodovar et l'on pourra regretter quelques maladresses, mais ce film reste une excellente comédie et un long-métrage à part dans la filmographie d'Almodovar qui se doit d'être vu.
"Femmes au bord de la crise de nerfs" (Mujeres al bord de un ataque de nervios) (Women on The Verge of a nervous breakdown" France 5 le 22.05.2017
S'il y avait quelqu'un légitimement en droit de piquer une crise de nerfs, c'est le spectateur alléché par le battage médiatique fait autour de ce navet et de son auteur et qui a dépensé son argent pour voir cette histoire bien peu captivante. Y compris Rossy de Palma dont on peut légitimement se demander ce que le réalisateur Almodovar lui trouve ! La seule bonne chose à retenir de ce film, c'est le talent de Carmen Maura, mais même sa bonne volonté ne suffit pas à faire digérer un scénario insipide et la lenteur de l'intrigue. La seule réussite (si l'on peut dire) de ce film, c'est son budget riquiqui, à l'image des ambitions de l'histoire, avec malgré tout un excellent retour sur investissement, mais inversement proportionnel à mon plaisir en le voyant. La rentabilité n'est pas venue des salles françaises qui sont loin d'avoir plébiscité cette histoire manquant de nerfs( !) 600 000 spectateurs seulement ! Victoria Abril, pressentie pour faire partie du casting a décliné poliment : elle a bien fait . France 5 a raté son enchaînement : à la fin du film, on n'a pas eu droit à une pub sur les sédatifs ! willycopresto
ça ressemble plus à une pièce de téâtre qu'à du cinéma, mais c'est de l'excellent travail : le scènario un peu loufoque regorge de rebondissements, les acteurs et surtout les actrices sont parfaits et les décors et costumes particulièrement soignés et colorés. On passe un très bon moment sans trop se prendre la tête
Complètement barré ! Il faut vite arrêter de chercher une logique dans tout ça même si un dénouement assez prévisible survient à la fin pour expliquer les gestes de l'héroïne. Reste l'ambiance Almodovar, et de très bons acteurs !
Si "Femmes au bord de la crise de nerfs" a valu une rénommée mondiale à Almodovar, c'est loin d'être son meilleur long métrage. On y retrouve pourtant sa patte visuelle avec notamment l'emploi de couleurs vives, presque kitsch qui apporte toujours un côté quasi-surréaliste à ses histoires. L'intrigue, justement, met une nouvelle fois en premier plan des personnages féminins et se dirige plus sur la comédie dramatique que sur le drame familial. Son style, bien que marqué, demeure toutefois moins abouti que dans ses films suivants. Le résultat ne fait pas d'étincelles mais reste bon et agréable.
Un peu trop sage. Mais j'ai passé un bon moment. L'histoire spoiler: des terroristes, les flics endormi au Gaspacho . Les scènes d'intérieur on dirait une mise en scène théâtral.
Une comédie virevoltante dans un appartement où l'on boit du gaspacho!!!!! C'est assez foutraque et ça va dans tous les sens mais il faut bien admettre qu'une fois la pièce mise en place, c'est assez drôle ce jeu de la jalousie et des personnages qui ont tous un rapport intime entre eux. Cette deuxième partie très théâtrale survole d'ailleurs la première assez inégale. Sympathique et enlevé.
Simple, sobre, et efficace, ce métrage d’Almodovar reprend à peu près les codes du vaudeville, mais avec une couleur hispanique toute particulière. Le casting est très bon, avec la toujours très amusante Carmen Maura, la toujours si excentrique Rossy de Palma, l’interprétation incisive de Julieta Serrano et Maria Barranco, idéal en romantique naïve. Cette belle galerie d’actrices emporte avec elle de bons rôles, bien écrits, à la fois réalistes et excentriques, bref, c’est du très bon. Côté masculin c’est plus limité, mais Banderas tient bien son rôle. Les autres acteurs qui composent les seconds rôles sont tous très justes, et surtout là encore, parfois en quelques répliques, ils héritent de personnages solides, originaux, bien vus. Bref, une réussite. A la dimension colorée du casting s’adjoint celle non moins colorée de l’histoire. Alors certes ça reste un peu vaudevillesque, par certains côté on pourrait se croire dans un bon Molinaro de chez nous. Mais, ce n’est pas un reproche ! Le film vise juste, avec une durée courte et un rythme très bon, il y a de vrais moments drôles avec un comique de situation qui fonctionne, et on ne s’ennuie pas du tout. C’est entrainant, frais, et c’est typiquement le genre de chose que j’attends d’un film de ce genre. Visuellement c’est très hispanique et très Almodovar, indéniablement ! Très coloré, le film bénéficie aussi d’une mise en scène enlevée qui vient donner beaucoup de peps. Le tout évidemment agrémenté d’une bande son non moins colorée, avec pour point d’orgue l’ambiance mambo ! Clairement ce film est très fun et original. Ça reste assez simple bien sûr, mais pour un de ses premiers films je trouve que le choix du quasi huis-clos théâtral était judicieux, ça permet de ne pas se disperser, de ne pas se montrer trop ambitieux sur la forme, et de pouvoir se concentrer sur la singularité du fond. Drôle, sexy, excentrique et réaliste pour autant, un film qui mérite amplement un bon 4.5
Femmes au bord de la crise de nerfs est la confirmation de l'idée que je me faisais du style d'Almodóvar, c'est à dire des images bariolées, l'importance indéniable des femmes et surtout une manière décomplexée d'aborder des thèmes graves. Mais plus encore, Femmes au bord de la crise de nerfs est un film qui m'en a rappelé bien d'autres, et Almodóvar a su tirer le meilleur de chacune de ses inspirations. La première partie est un hommage au dispositif cinématographique. L'action se situe dans un studio de doublage, l'occasion pour le réalisateur de jouer avec les images (il préfère filmer le projecteur et le rayon de lumière plutôt que l'écran) mais aussi avec le son, notamment en travaillant les voix intra et extra diégétiques du film Johnny Guitar, dont les personnages font la traduction. La mise en scène de cette séquence évoque Blow Up et son côté méticuleux, appliqué, le cinéaste espagnol proposant des travellings élégants et des images bien cadrées. Bien sûr, cette ode au septième art n'est pas là sans raison. D'emblée, elle propose une quelque chose de fort et beau : lors du doublage, Pepa, le personnage principal, vit sa rupture en différé en répondant à la voix d'Iván, son mari, qui avait enregistré ses répliques plus tôt dans la journée et dont l'absence sera au cœur de l'intrigue. Après cela, le film devient un peu moins sérieux et va flirter du côté du théâtre, l'appartement de Pepa devenant le principal lieu d'action. L'ensemble ne faiblit pas pour autant puisqu'il enchaîne les trouvailles, à la manière d'Une femme est une femme. La plupart des plans sont construits autour d'une idée, par exemple une opposition entre deux personnages (Pepa qui attend un coup de téléphone et Candela qui le redoute plus que tout) ou encore l'apparition soudaine d'un objet à la couleur incongrue, un ressort humoristique qui fonctionne bien. L'introduction de l'absurde comme étant tout à fait banal est également efficace, en particulier quand les personnages essayent de le justifier (comme lorsque Pepa sort une chaussure de son sac à main chez l'avocate). Enfin, les moments où les personnages féminins sortent de leur gonds sont rendus mémorables par leur soudaineté. Soumises à des situations irritantes ou stressantes, les femmes se comportent comme de véritables volcans, prêts à exploser à tous instant, souvent quand on s'y attend le moins. On comprend mieux ce qui a poussé Almodóvar à produire Les Nouveaux Sauvages. Femmes au bord de la crise de nerfs est donc un film qui sait prendre les chemins détournés pour surprendre le spectateur. Il n'hésite pas à faire sortir des éléments de nulle part (la vérité sur l'amant de Candela) ou bien au contraire de réutiliser le même plusieurs fois (le setup du gaspacho a quand même deux payoff), mais c'est toujours fait avec beaucoup d'unité. C'était annoncé par Volver et c'est maintenant sûr, le cinéaste espagnol a un pour orchestrer de superbes comédies dramatiques.
Réalisé en 1988, Femmes au bord de la crise de nerfs contient déjà tous les éléments typiques du cinéma de Pedro Almodovar. Des actrices extraordinaires – Carmen Maura, Julieta Serrano, Maria Barranco, Rossy De Palma, entourées du jeune Antonio Banderas – des costumes colorés, des décors pop et kitsch, des imbroglios à n'en plus finir, beaucoup d'humour, pas mal de mélancolie. Bref, un régal.