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pichnette13
15 abonnés
218 critiques
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5,0
Publiée le 30 mai 2008
Mon film préfèré de Cocteau. Le mythe d'Orphée est déjà quelque chose de fascinant mais entre les mains de Cocteau il prend une dimension humaine et surnaturelle à la fois. Maria Callas est une actrice époustouflante, sa voix est une mélodie et elle incarne parfaitement la mort. Petite mention spéciale pour cette scène culte du cinéma: la traversée jusqu'au monde des enfers relève d'une technique cinématographique extraordinaire pour l'époque. Un film très intéressant à étudier plan par plan.
S'il est un mythe qui inspira les artistes, ce fut bien celui d'Orphée. Le regain d'intérêt pour la figure du poète thrace au début du XXème siècle (grâce à Apollinaire ou encore Rilke) trouve sa manifestation la plus vivace chez Cocteau, adorateur de la complexité de ce mythe amoureux. De cette fascination pour la figure d'Orphée est débord née dans les années 1920 une tragédie dont s'inspire le film. Là où est le génie de cet esprit fabuleux qu'est celui de Cocteau (à mon avis l'une des figures les plus remarquables de la culture française du siècle écoulé), dramaturge et cinéaste hors pair, c'est qu'en modernisant l'histoire d'Orphée, il en souligne sa terrible actualité : derrière les allégories de la mort, des miroirs, lieux de passage entre les deux mondes, il y a le dilemme terrible d'un homme condamné à ne pouvoir poser les yeux sur celle qu'il aime. Oeuvre d'une infinie complexité, Orphée est avant tout une expérience artistique, fascinante d'esthétique mêlant réalité et fantastique, comme un entre-deux mondes, une réalité parallèle. Tout dans ce film respire la modernité : l'interprétation des acteurs (Jean Marais est tout simplement extraordinaire dans son interprétation presque obsédante d'Orphée), la beauté du noir et blanc qui sublime l'esthétisme des décors travaillés avec une minutie sans pareil (hommage non dissimulé par certains moments à l'expressionnisme allemand), la modernité des effets spéciaux, bluffants pour un film datant de 1949 (le rendu des miroirs se muant en eau) ou filmiques (les travellings avant et arrière, génialissimes de maîtrise et de justesse), la bande-son impressionnante (empruntant par certains moments des passages du troublant Orfeo de Gluck)... J'arrête là l'énumération des prouesses de ce film, un des joyaux de notre cinéma que tout le monde devrait avoir eu la chance de voir. Les artistes comme Cocteau avaient cette qualité énervante de réussir tout ce qu'ils tentaient : Orphée souligne à merveille son génie éternel.
Mon Dieu... Des histoires d’amour il en existe des milliers, on le sait. Mais aucune n’a la force et la complexité de celle qui lie Orphée et Eurydice, et c’est avec une incroyable maitrise complète de son sujet que Cocteau adapte le mythe au XXème siècle. La Fatalité rôde dans cette sombre histoire fantastique, permettant ainsi au réalisateur/scenariste/poète de s’immerger dans un univers à part éblouissant, aux confins du surréalisme, et permettant ainsi de multiplier les idées de mise en scène avouons-le, complêtement géniales (les inoubliables passages dans le miroir et son Monde). Jean Marais parvient à imposer sa présence incroyable (on sent la complicité - outre amoureuse - avec Cocteau) face à Maria Casarès, toute aussi impressionnante en Princesse funèbre, ainsi que tous les autres interprètes (Formidable Heurtebise que François Perier). Tant d’élements qui font de ce métrage un pur chef d’oeuvre dans le genre fantastique, tout en conservant un véritable aspect poétique et toujours visuellement efficace. Immanquable.
J'adore ce film. C'est un film de poête. Jean Marais est vraiment très photogénique. Cette façon de rendre abordable et quotidien un vécu qui dépasse la réalité habituelle est très réjouissante. Mais n'est ce pas le propre de tout art: transcender le quotidien ?
Quel bonheur que cet Orphée. Entre le sang d'un poète (avec ses effets magistraux et toujours aussi justes) et le testament d'Orphée (qui viendra beaucoup plus tard), Cocteau délivre un puissant antidote de la mort qui aura fait sa légende poétique. Maria Casarès, sublime prêtresse de la mort, conduira Orphée dans les abysses de son immortalité... Puisqu'il aura oeuvré dans un sens unique, suffisant et égoïste qu'il finira par partager avec la non moins belle Eurydice. Quand la mythologie accède au cinématographe et vice-versa... Que dire ! Sinon une révérence autant qu'on courbera l'échine toute une vie.
Cocteau la lui-même dit, il se sert de la caméra comme un stylo qui livre au bout de sa pointe toute sa poésie formant ainsi une ligne invisible entre létroitesse du réel et létendu du fantastique, deux terrains de jeux parfaits pour des chassés-croisés des personnages enchainés à lamour, enchainés à la mort. Le quotidien se pare deffets étonnants allant dans le sens reposé et intriguant de lunivers institué, le miroir (sorte de vortex avant lheure) et le No Mans Land en slow motion font office dépreuves avant dapprécier ces drôles de relations vouées malheureusement à léchec. La Mort incapable de refreiner son amour pour sa victime se tue à petit feu, Orphée ne peut regarder sa femme sous peine de leffacer de ce monde et Heurtebise naura jamais le cur convoité de la femme dOrphée. Etant donné que la normalité se marie mal avec lau-delà responsable de ce déchaînement conséquent où lunique solution passe désormais par le sacrifice de soi pour conserver lêtre aimé, le poète manipule la plume et le temps, afin de recycler à sa convenance un univers que jai adoré voir bouleversé.
Une très belle adaptation du mythe. L'ensemble est très maitrisé et on est étonné par la beauté de l'ensemble. Les décors sont très purs et le mythe utilisé avec beaucoup d'intelligence. Le noir et blanc donne en plus un relief supplémentaire a ce film. L'ensemble est même assez émouvant. Très bos interprètes, même si Francois Périer est ici bien meilleur que Jean Marais. Un classique du cinéma francais.