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ronny1
36 abonnés
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3,5
Publiée le 11 avril 2021
« La Hurdes » est un documentaire en partie fabriqué, Buñuel mettant en scène certaines scènes pour impressionner le spectateur comme par exemple la chèvre qu'il fit abattre d'un coup de fusil. La conclusion est historiquement juste, mais le commentaire, pour des raisons liées à la morale dite progressiste, est ambigu quant à sa portée. Ces réserves exprimées, la vision de nos jours n'a rien perdu de sa force et cette sombre vision débouche sur un malaise : cela se passait en Espagne, un pays voisin, il y a moins d'un siècle…
Seul documentaire de Luis Buñuel dans la très inhospitalière région des Hurdes au nord de l'Estrémadure espagnole, il traite avec force la misère de ces peuples dans les années 30. Il surprend par sa mise en scène, sa piste sonore et sa mise en scène de certaines difficiles (mort de la chèvre). Beau documentaire !
Encore une fois, voilà une preuve que le documentaire reste du cinéma. Politique, froid, choquant, troublant, voilà ce qu'est Terre sans pain, une sorte de documentaire raconté avec un tel détachement devant tant d'horreur, c'est vraiment dur à regarder, ça ne joue pas la carte de l'émotion facile, tout est frontal, il faut accepter cette mort omniprésente. Même si c'était il y a 80 ans, toute l'horreur se fait encore ressentir et trouble encore aujourd'hui le spectateur encore trop habitué à être ménagé. C'est vraiment à voir, surtout que la durée est très courte.
Luis Buñuel s'aventure dans les Hurdes, la partie la plus désolée d'Espagne, pour nous livrer un court, mais efficace documentaire. Choquant encore maintenant par la misère qu'il décrit, "Terre sans pain" montre toute la désolation, la maladie et la précarité d'une région isolée de tout dans laquelle les dangers viennent aussi bien de la dysenterie que du paludisme ou même des abeilles et des vipères. Mais malgré toute l'horreur décrite, on ne peut s'empêcher de rire devant le film à cause du commentaire qui garde une distance ironique allant jusqu'à aller appeler les idiots de ces régions des "vieux crétins". Mais le plus marquant dans tout ça reste le plan très étudié sur une chèvre des montagnes qui fait une chute mortelle, à croire que Buñuel en personne a poussé l'animal pour obtenir la prise...
Ce documentaire a été tourné en 1932, à l'heure où a été écrite cette critique c'est à dire il y a presque 80 ans, une bagatelle dans toute l'histoire de l'humanité. Et ça se déroulait dans un pays dit civilisé. Eh bien, il y a 80 ans vivaient des gens dans des conditions insalubres dignes de la Préhistoire. Il y a un côté totalement contestable dans ce documentaire, c'est le fait que Buñuel ait cru de "créer la réalité" notamment par la scène de l'âne ou celle de la chèvre (j'ai un peu triché en lisant le contexte du tournage du film avant de le voir!!! oui, je sais c'est pas bien!!!). Voir une vieillarde dont finalement on apprend que son âge est de 32 ans, voir une fillette qu'on laisse mourir sur des marches d'escalier, voir que posséder un lit est un très grand privilège ou voir le luxe outrageux des églises qui contraste très fortement avec l'extrême pauvreté de l'extérieur, sont des images suffisamment édifiantes et fortes pour ne pas avoir à trafiquer la réalité. Reste un documentaire très marquant et percutant.
Un court- métrage choc pour l'époque, et encore maintenant. Luis Buñuel n'y va pas par quatre chemins pour montrer l'horreur qui régnait dans son pays, allant même jusqu'à tuer une pauvre chèvre, mais il pensait que c'était nécessaire de montrer ce village, vivant dans des conditions abominables, sans nourriture, sans médicament, sans rien d'autre qu'une couverture et un toit fait par leurs mains. C'est triste mais c'était la réalité de l'Espagne il n'y a pas si longtemps de cela, et encore maintenant dans certaines parties du mondes, les conditions sont identiques. Buñuel, donc, utilise son ton le plus fort dans le commentaire (c'est Abel Jacquin qui sera sa voix) pour que le spectateur ne puisse se tromper sur l'interprétation des images. C'est fort, c'est choc et ça prouve déjà un certain talent du réalisateur.
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5,0
Publiée le 2 avril 2009
Un voyage au bout de la misère qui fut longtemps interdit en Espagne ou Luis Bunuel, dont ce fut ici l'unique film documentaire, rèalise un reportage ethnographique et authentique avec des images d'une terrifiante âpretè! Le commentaire de Pierre Unik et Julio Acin nous donne une prècieuse indication en prècisant, sur des images de goiteux dègènèrès, que le rèalisme d'un Zurbarán ou d'un Ribera reste bien en dessous d'une telle rèalitè! On a la description froide, clinique, de la vie misèrable, arrièrèe, de la population des villages isolèe de l'Estramadure: des coqs dècapitès, un âne dèvorè par un essaim d'abeilles, des ruisselets d'eau croupie où pataugent des porcs et des enfants, un dèfilè de crètins, un enfant mort dont on charrie le cadavre etc...Un chef d'oeuvre effrayant sur les paysans d'un petit village vouès à l'ignorance et à la misère qu'il faut absolument dècouvrir! Musique solennelle de Brahms...
«Terre sans pain» (France-Espagne, 1932) est le troisième métrage de Luis Bunuel. Fi de surréalisme (en apparence), ce documentaire montre sans fard (apparent) la misère des Hurdes, région pauvre de lEspagne. Au premier abord, le tout est un affreux documentaire sur la misère dun pays européen civilisé. Meurtre en live dune chèvre, déjà le documentaire à sensations, plan du cadavre dun bébé, évocation des problèmes naturelles de ces contrées. Les évocations sont si horribles, si «douloureuses» quon peine parfois à adhérer au premier degré. Mais bien sûr Jean Douchet à lappui pour nous confirmer la chose, Luis Bunuel, en ironique indétrônable appuie exagérément sur les faits, au point parfois de les pervertir et de mettre à lépreuve notre pauvre pitié, pitié quil ne cessera de dénoncer, notamment dans «Los Olvidados» (Mexique, 1950). Ainsi, «Terre sans pain» est une uvre de second degré, qui hormis sa dénonciation purement nécessaire (cf. message final contre le parti franquiste) évince notre pitié et nous propose in fine, au lieu de nous apitoyer dagir concrètement. Ainsi «Terre sans pain» est donc le porte-parole de laction plutôt que de lapitoiement, conseil politique pour tout humain. Conclusion : «Terre sans pain» où lart y est politique nest pas véritablement un documentaire, cest plus une fiction leurrée derrière un documentaire, qui fonctionne directement avec la «jugeotte» du spectateur. Un bijou dinteractivité encore faut-il y voir interactivité derrière ces apparats fort charmeur et vraisemblable.
Le documentaire selon Buñuel, forcément subjectif et controversé. Le réalisateur n'y va pas par quatre chemins pour nous montrer ce que pouvait être la misère à l'époque : il décide de filmer une région espagnole particulièrement hostile et pauvre, Las Hurdes, sans hésiter à déformer la réalité des faits pour mieux nous faire réagir. Difficile en effet de rester de marbre devant l'horreur des conditions de vie des habitants de ces contrées désolées, affamés, malades, misérables... Buñuel ne cherche pourtant pas à simplement nous apitoyer, la preuve nous en est d'ailleurs donnée avec le carton de fin où il précise qu'il est possible de faire quelque chose contre cette détresse humaine. S'il choque c'est pour faire bouger les choses. Malgré tout, il s'agit d'un court métrage subversif (il fut évidemment censuré par le régime franquiste) et tout à fait dans la lignée de ce que le cinéaste a pu faire. On retrouve par exemple son aversion pour le clergé : l'église est en effet le seul lieu richement orné dans les villages, alors qu'au dehors les hommes, les femmes et les enfants crèvent de faim et de maladie... Choquant, sarcastique et inoubliable, du pur Buñuel. [2/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Bunuel avait une sainte horreur des documentaires exotiques, populaire à l'époque. Terre sans pain est une caraicature de ces documentaires, mais avec un cinisme qui a pour but de déranger. il décide de faire son ducomentaire exotique en Europe, en Espagne, dans un village ou vivent des blancs. il attaque directement les racistes de l'époque. Il avait également horreur de l'église. Il l'attaque directement à plusieurs reprises: Il parle de se curré qui vit au milieu de nul part avec plusieurs serviteurs à son service. IL dira plus loin dans son film, les seules choses luxieuses ici sont les églises. Concernant la fond, je vous rassure tout de suite, c'est exagérer, amplifier, caricaturé et mensongé. il y a un fond de vérité mais tout est porté à l'exagération. le coup de la chèvre qu'il tue de son fusil, ou l'on voit encore la fumée du fusil apparaître à l'écran en est la représentation la plus flagrante. il parlera aussi de ces "crétins" violents et impossibles à approcher, qu'il filme en gros plan avec une courte focale. il dira d'un enfant de 10-12 ans que c'est un crétin de 28 ans. il parlera de leur conditions de vies, des terrains escarpés qu'il filme lors d'un somptueux travelling, ou encore des médailles catholiques qui lui font pensés aux peuples primitifs d'Amérique du sud.Ces exemples, et beacoups d'autres, sont associés à une voix of volontairement directe, froide, accusatrice, sévère qui provoque en nous un sentiment de révolte, plus qu'une envie de pleurer. Bunuel veut nous faire réagir, et pas nous faire pleurer. Si la situation dans les Hurdes était difficile, elles n'étaient pas aussi grave que ce docu-fiction veut bien le prétendre. Il faut donc prendre tout ceci au 14ème degré.