Citizen Kane, premier film d'Orson Welles, s'est bâti une solide réputation au fil des années pour accéder au statut de chef d'oeuvre. Après avoir vu MacBeth et La Dame de Shanghaï du même cinéaste je dois dire que j'en attendais pas énormément, j'ai beaucoup aimé ces deux films mais ce n'étaient pas les claques escomptées, peut-être en attendais-je trop. En tout cas c'était sans à-priori que je me lançais dans le visionnage du "meilleur film de tous les temps". Verdict.
Ca me paraît logique de commencer par la technique du film. Alors chez Welles avant de voir CK c'était à double tranchant, j'avais adoré la mise en scène et l'esthétique de MacBeth, en revanche ce n'était pas le cas pour La Dame de Shanghaï où j'ai largement préféré le scénario. Ici pas de problème j'ai tout autant adoré la technique que le scénario et tout ce qu'il y a autour. Niveau mise en scène c'est juste admirable. Les plongées et contre-plongées sont monnaie courante, ce n'est pas une légende. Il n'y a pas que ça, les plans séquence sont également présents, couplés à des mouvements de caméra fluides, des plans transcendants (celui des miroirs vers la fin bon Dieu, le grand homme qui rapetisse par l'effet des miroirs. Grandeur et Décadence tous deux exprimés dans un seul plan) et des petits effets trompe-l'oeil. Citizen Kane possède quand même presque toute la grammaire du cinéma. De plus que dire des jeux de lumière, d'une beauté saisissante. La profondeur de champ accentue la force de la scène qui se déroule et met vraiment en valeur le sujet, un procédé vraiment judicieux.
Welles a aussi pris le parti d'imposer une narration non linéaire, ce qui était nouveau à l'époque, et pour ne pas trop dérouter son spectateur il offre au film un côté presque documentaire original dans les minutes suivant l'intro et le fameux "Rosebud".
Qu'est-ce que Rosebud? Une femme, un objet, un souvenir? L'intrigue du film se repose sur l'enquête autour de ce mot, le tout ponctué de nombreux flash-backs mettant en scène Kane de son vivant, interprété brillamment par Orson Welles. Je préfère nettement son jeu d'acteur sous un jour moins théâtral, globalement dans CK son jeu n'est pas aussi théâtral que dans MacBeth (logique me direz-vous) ou dans La Dame de Shanghaï et ça me plaît davantage, peut-être est-ce parce que ce style de jeu est plus adapté au style-même du film.
Autant dire que l'histoire m'a passionné, j'étais plongé du début à la fin, Citizen Kane n'est pas seulement une affaire de technique, c'est aussi une intrigue accrocheuse (du moins pour ma part), des personnages creusés et une narration exemplaire.
Je n'en attendais pas beaucoup de Citizen Kane et finalement je ne peux qu'acclamer ce coup de maître, ce chef d'oeuvre magnifique qui m'a accroché du début à la fin en plus de proposer une mise en scène des plus ingénieuses. Une grande expérience de cinéma!