Marcel Pagnol creuse son sillon de la Provence paysanne et de la fille-mère, Angèle (Orane Demazis, 40 ans), qui plus est prostituée, et qu’il continuera plus tard dans la trilogie marseillaise et « La fille du puisatier » (1940). Il ne tombe, ni dans le misérabilisme, ni la mièvrerie, grâce à des dialogues justes, simples et émouvants et aux acteurs, dont deux personnages sont bons, Saturnin, le valet de ferme (Fernandel, 31 ans, dont c’est la première collaboration sur six avec Pagnol) et Albin, l’ouvrier agricole amoureux d’Angèle (Jean Servais, 22 ans) et deux autres « mauvais », Clarius Barbaroux (Henri Poupon, 50 ans), fermier et père d’Angèle, aliéné par la tradition, et Louis (Andrex, 27 ans), le voyou proxénète qui représente la ville maléfique (Marseille). Il est étonnant que Jean Tulard dans son « Guide des films » (1990) écrive : « Du mauvais Pagnol : intrigue démodée et interprétation peu enthousiasmante d’Orane Demazis ». A contrario, « Angèle est un des plus beaux films qu’on n’ait jamais tournés » selon Jean-Luc Godard…