Venu de la critique des "cahiers du cinéma ", à l'instar de Truffaut, Godard, Rohmer et Chabrol notamment, Rivette, s'il fut défendu par une certaine critique ( surtout celle des cahiers) n'obtint quasiment aucun succès public.
Il faut dire que lorsqu'on voit certains de ses films, comme " le pont du nord", mais pas seulement, l'indifférence du public à l'égard de sa filmographie n'est pas surprenante.
Rivette fait sans doute parfois des films uniquement pour lui-même, qui ont selon moi, le défaut rédhibitoire d'ennuyer le spectateur au plus haut point.
Construit autour du jeu de l'oie dont la symbolique est bien connue en ce qu'elle représente la condition humaine, le pont du nord distille un ennui paroxystique.
On y voit pendant deux heures, deux personnages qui se rencontrent par hasard qui déambulent dans Paris et sa banlieue, très souvent avec en arrière fond un pont dont la symbolique est le passage : de la réalité au rêve, de l'ici bas à l'autre delà ? en tout cas d'un passage obligé.
Il y a une vague histoire de terrorisme international dont on finit par se désintéresser qui est vaguement évoquée et qui sera le seul film rouge dans ce film dont on cherche l'intérêt au microscope électronique sans le trouver.
On a le sentiment de se trouver projeté dans un rêve éveillé, sans queue ni tête, ou le spectateur tentera de trouver des explications symboliques dans les décors et les dialogues abscons.
Pour le spectateur la vision du film représente une gageure : rester jusqu'au bout. Ma réserve à l'égard d'une grande partie de la filmographie de l'auteur est totale.
Pourtant Rivette réalisera de très bons opus comme " la religieuse" ou " ne touchez pas à la hache", voire " jeanne d'arc" qui sont vraiment à connaître.
Mais malheureusement sa réputation justifiée de cinéaste aride ne servira pas ses films excellents.
Les aficionados de la filmographie du réalisateur ne manqueront pas "Le pont du nord" , les autres passeront leur chemin sans craindre d'avoir raté grand-chose.
Pour mémoire on notera dans ce film la présence de Pascale Ogier, actrice en devenir, disparue trop jeune quelques courtes années après ce film, mais pas très convaincante ici, tout comme d'ailleurs le reste du casting pourtant prestigieux ( jean francois Stévenin, Bulle Ogier, Pierre Clementi).